50e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de Marseille : une soirée si belle et si particulière à l’Opéra…

Publié le 11 janvier 2015 à  21h15 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h35

Avant de débuter le concert, l’Orchestre Philharmonique de Marseille et son directeur musical Lawrence Foster avaient décidé de placer la soirée dans le contexte d’une semaine dramatique (Photo M.E.)
Avant de débuter le concert, l’Orchestre Philharmonique de Marseille et son directeur musical Lawrence Foster avaient décidé de placer la soirée dans le contexte d’une semaine dramatique (Photo M.E.)

«La musique est universelle, elle n’a pas de religion, elle n’est pas intégriste ou sectaire, elle peut unir les humains, tous les humains…». Dans le contexte ambiant, ce grand concert du 50e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de Marseille donné samedi soir à l’Opéra avait une dimension un peu particulière. C’était une sorte de catharsis, une grande «lessive» de l’esprit au sortir d’heures plus que dramatiques. Bien sûr, avant le concert et à l’initiative du directeur musical de l’ensemble, l’ensemble des musiciens avait affirmé «être Charlie» mais, pour le public qui remplissait la salle et pour l’hommage à la liberté, c’est dans l’excellence de la musique qu’ils allaient se réfugier.
Ainsi, en 1965, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille succédait à l’orchestre régional de l’ORTF qui venait d’être dissout. Une nouvelle phalange musicale née de l’unique volonté de la ville de Marseille. Et le mariage d’amour dure depuis 50 ans. L’an dernier, sous la houlette de son directeur musical Lawrence Foster, l’Orchestre Philharmonique de Marseille s’est exporté pour la première fois de son histoire. Et a fait briller ses qualités, ainsi que les couleurs phocéennes, en Allemagne et en Chine.
Samedi soir, pour l’anniversaire, Lawrence Foster avait tenu à partager la baguette avec trois autres chefs d’orchestre. Serge Baudo, qui fut l’un de ceux qui ont accompagné la naissance de l’orchestre philharmonique de Marseille en 1965, Michael Schonwand, et Pinchas Steinberg, plusieurs fois invité à Marseille et qui affectionne particulièrement l’orchestre, ce que les musiciens lui rendent bien en étant particulièrement heureux de travailler avec lui.
C’est avec l’ouverture du «Carnaval Romain» de Berlioz que Serge Baudo ouvrait la soirée. Une direction dynamique pour ce «jeune homme» de 87 printemps qui fait briller la musique du compositeur français en se servant des couleurs chatoyantes de tous les pupitres.
A l’issue de l’interprétation du concerto de Tomasi, Magali Demesse obtient un succès bien mérité auquel il convient de joindre Lawrence Foster et tous les musiciens de l’Orchestre (Photo M.E.)
A l’issue de l’interprétation du concerto de Tomasi, Magali Demesse obtient un succès bien mérité auquel il convient de joindre Lawrence Foster et tous les musiciens de l’Orchestre (Photo M.E.)

Pour suivre, Lawrence Foster avait choisi de diriger le concerto pour alto et orchestre de Henri Tomasi. En soliste, Magali Demesse, alto solo depuis 1994 du philharmonique de Marseille. Une interprétation qui marquait la création, à Marseille, de cette œuvre composée en 1950 par Tomasi. Une découverte, donc, pour nombre d’auditeurs qui ont bénéficié d’une interprétation remarquable de la partition. Il faut dire que Lawrence Foster affectionne tout particulièrement cette musique et qu’il lui a procuré par sa lecture la puissance, le volume, mais aussi le soin permanent des détails avec la complicité de l’orchestre très attentif et d’une précision de tous les instants. Puis, il y a eu, en ce samedi soir, la prestation de Magali Demesse. L’altiste, dont on connaît l’engagement dans son art, a donné toute sa chair, toute sa vie à ce concerto qu’elle joue comme possédée par la partition. Un grand moment de musique pour cet anniversaire.
Place, ensuite, à l’impressionnant Michael Schonwandt qui était convié à diriger des extraits des «Suites de l’Arlésienne» de Bizet. Ici aussi, l’occasion pour l’orchestre de mettre en avant son beau son, ses couleurs, sa chaleur. Finesse et précision pour un adagio que n’aurait pas renié Mahler, puissance et volume de la marche, jusqu’où serait allé Bizet dans la composition s’il n’était pas mort à 36 ans…
Après la pause, les musiciens retrouvaient Pinchas Steinberg pour donner «La Mer» de Debussy avec beaucoup de souffle et de précision. Ici aussi, le maestro fouille dans la partition pour faire jaillir les détails. Une très belle interprétation avant le retour de Lawrence Foster à la tête de «son» orchestre pour une joyeuse «Rhapsodie roumaine n°1» de Georges Enesco. Histoire pour le chef de rendre aussi hommage à ses racines car, ne l’oublions pas, ses parents étaient roumains. Une musique enjouée, populaire, qui mettait un point d’orgue à une soirée qui a fait du bien à tout le monde…
Michel EGEA

Enregistré, ce concert sera retransmis sur France Musique le lundi 19 janvier à 14 heures.

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