5e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Brahms et Bartok…B comme Bravo à la Génération @Aix

Publié le 14 avril 2017 à  23h40 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h01

Génération @Aix  (Photo Caroline Doutre)
Génération @Aix (Photo Caroline Doutre)

Sous l’appellation Génération @Aix sont réunis le jeune pianiste Guillaume Bellom, la violoncelliste Julia Hagen, la violoniste Eva Zavaro, et le clarinettiste Paul Meyer, tous sur la scène du Jeu de Paume pour donner des œuvres en trio de Brahms et Bartók. Ouverture par le «Trio pour piano et cordes n° 3 op. 101» de Brahms, le dernier volet de ce que le musicien composa pour piano et cordes, qui se singularise par son sens de l’épure, de la concision, de l’ellipse pourrait-on ajouter. Dès les premières notes l’autorité du pianiste emporte tout, unifiant au fil des minutes le travail des deux cordes. On remarquera l’aisance avec laquelle Julia Hagen fait sonner son violoncelle tandis que la sonorité poétique du violon d’Eva Zavaro n’est pas dénuée d’une certaine rigueur. Quatre mouvements plus loin, place au «Trio pour clarinette, violoncelle, et piano op. 114» de ce même Brahms où entre en jeu le grand clarinettiste Paul Meyer, dont la rencontre avec Pierre Boulez et Luciano Berio -qui lui dédiera sa pièce pour clarinette intitulée «Alternatim»- sera déterminante dans l’évolution de sa carrière. Sa clarinette tutoie ici les anges dans une œuvre renvoyant à l’univers de Beethoven. On y décèle une dimension symphonique notamment dans l’Allegro final aux riches couleurs bariolés, chaque instrument dialoguant avec l’autre. Le violoncelle et le piano apportent leur part de magie et ce par l’intermédiaire des deux excellents solistes, et là encore Guillaume Bellom se place au-dessus du lot. Mais l’instant le plus original du programme, qui lui confère d’ailleurs son caractère inventif, sera les «Contrastes pour violon, clarinette et piano Sz. 111» de Bartók œuvre ô combien périlleuse à jouer, concluant le concert de manière puissante. Le mot «Contrastes» définissant parfaitement le caractère de l’œuvre où Bartók propose dans une structure classique vif-lent-vif un moment de repos appelé Pihenö qui se trouve au centre de l’opus. Contrastes aussi le mélange de gravité et d’allégresse qui se fait jour dans le rapport très étroit entre la clarinette et le violon. Paul Meyer, impérial et Eva Zavaro débarrassée de la sagesse exprimée dans le Brahms rivalise d’audace et d’ingéniosité. Grâce à eux les «Contrastes» de Bartók deviennent lisibles par tous et chacun, tout en précisant qu’il s’agit d’une œuvre qui gagne avant tout d’être vue. Pas certain en effet que par son âpreté on puisse l’écouter dans son salon sur sa chaîne stéréo sans être totalement initié à l’univers de Bartók. C’est cela aussi la magie du spectacle vivant.
Jean-Rémi BARLAND

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