Publié le 15 avril 2017 à 23h18 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h02
Vendredi Saint oblige, c’est la «Passion selon Saint Matthieu» de Jean-Sébastien Bach qui était programmée au Grand Théâtre de Provence et retransmise en direct sur Radio Classique. Rappelons que tous les ans, comme il s’y est engagé depuis le départ, le Festival de Pâques propose aux mélomanes l’une ou l’autre des «Passion» du cantor de Liepzig. Pour cette cinquième édition, c’est le Collegium Vocale Gent qui était convié à servir l’œuvre, sous la direction de son fondateur et maître de musique Philippe Herreweghe. Depuis plus de quarante ans, à la tête de cet ensemble, ce dernier n’a de cesse de travailler sur la voix et sur l’interprétation baroque. Autant dire que les festivaliers qui avaient investi la totalité des places du Grand Théâtre de Provence (GTP) ont eu à déguster un « caviar » musical de tout premier choix en cette première partie de nuit entre vendredi et samedi. Et l’ovation debout venue saluer la prestation artistique au final en dit long sur le plaisir pris à déguster cette œuvre au haut niveau de spiritualité. Ce qui est impressionnant, de prime abord, c’est la facilité avec laquelle les artistes captent le public et l’entraînent dans un univers différent ; les sonorités des instruments d’époques, servis à tous les pupitres par des musiciens de très haut niveau, charment et envoûtent. Autre chose remarquable, outre le travail sur les voix dont nous parlons plus haut, c’est que Philippe Herreweghe établit un parfait équilibre entre les masses qui lui font face, soit deux orchestres et deux chœurs qui dialoguent en permanence. Ainsi on ne perd pas une note de la viole de gambe où de celles distillées par les flûtes et les hautbois baroques. Assuré de la qualité des instrumentistes, le maître de musique s’évertue à broder la dentelle la plus fine possible avec les voix s’investissant dans une direction de proximité. Il insuffle caractère et couleur à chaque phrase musicale, donnant toute sa dimension et sa profondeur spirituelle au texte. C’est une vision lumineuse et puissance de la «Passion selon Saint Matthieu» qu’offrent avec précision et concentration les membres du Collegium et leur directeur musical. Du côté des solistes, le niveau est aussi impressionnant. Nous ne les citerons pas tous ici, mais chacune et chacun d’entre elles et eux ont été salués par Philippe Herreweghe au final; de même que tous les pupitres des orchestres. Un mot, cependant pour le ténor Maximilian Schmitt, l’Evangéliste, qui réalise une réelle performance vocale, omniprésent de la première à dernière minute et qui, au delà de qualités vocales hors du commun, doit assurer l’intensité dramatique en donnant sa couleur spécifique à chaque scène par son intonation. De la belle ouvrage pour un grand moment de musique dans le cadre de ce jeune Festival qui n’arrête pas de progresser dans la qualité.
Michel EGEA
Lundi Alexandra Conunova joue Tchaïkovski
Une vague italienne déferle sur le Festival de Pâques avec le retour de la Filarmonica Teatro Regio Torino, dirigée depuis 2007 par Gianandrea Noseda, musicien passionné, rompu tant aux exigences du répertoire symphonique qu’aux chausse-trappes de l’opéra ; il se partage entre Berlin, Vienne, Paris et New York. Mais il est chez lui à la tête de cet orchestre, fondé par Arturo Toscanini et qui, pour cette soirée festivalière et printanière aixoise, donne la réplique à la violoniste moldave Alexandra Conunova, révélée en 2014 par Génération@Aix. Dotée d’un style juste et sensible, peaufiné auprès d’Ivry Gitlis et Igor Oistrakh, la jeune soliste interprète le célèbre Concerto pour violon de Tchaïkovski. Également au programme : Dallapicola et Moussorgski.
Concert à 20 h 30 au Grand Théâtre de Provence. Tarif de 10 à 71 euros.
Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com->www.festivalpaques.com]