60e anniversaire des accords d’Évian. Emmanuel Macron pour un «apaisement» des mémoires sur les deux rives de la Méditerranée

Publié le 20 mars 2022 à  18h58 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  18h39

La France a commémoré ce samedi 19 mars le 60e anniversaire des accords d’Évian et du cessez-le-feu en Algérie, avec une cérémonie à l’Élysée. Depuis le début de son quinquennat, le président de la République plaide pour un «apaisement» des mémoires sur les deux rives de la Méditerranée. Il a qualifié samedi les accords d’Évian de «victoire pour certains» et de «défaite pour d’autres», qui n’ont été «ni le début de la paix, ni la fin de la guerre».

Intervention d'Emmanuel Macron dans le cadre du 60e anniversaire des accords d’Évian (Capture d'écran)
Intervention d’Emmanuel Macron dans le cadre du 60e anniversaire des accords d’Évian (Capture d’écran)

«Aujourd’hui, c’est une étape, c’est aussi un cheminement très imparfait, mais c’est un parcours de reconnaissance…», a déclaré le Président de la république. «J’assume mes gestes, j’assume cette main tendue, le jour viendra où l’Algérie fera ce chemin. C’est sans doute plus difficile pour le peuple et les dirigeants algériens», a-t-il ajouté avant de souligner que cet apaisement est «un parcours de reconnaissance qui consiste à mettre fin à des dénis et des silences.» Un parcours «que nous allons poursuivre», car « il est maintenant inarrêtable»; il est simplement «la condition pour nous tous de ne rien oublier, de ne rien nier du caractère irréductible des souffrances, des douleurs de ce qui a été vécu…».

La reconnaissance des différentes mémoires du conflit

Depuis 2018, le chef de l’État a ainsi reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort du mathématicien communiste Maurice Audin et dans celle de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel, durant la bataille d’Alger en 1957. Il a aussi reçu séparément des représentants des harkis et des pieds-noirs à l’Élysée, et qualifié d’«impardonnable pour la République » la tuerie de la rue d’Isly à Alger, qui a eu lieu le 26 mars 1962. Il est également revenu sur l’ensemble des gestes mémoriels qu’il a engagé depuis le début de son mandat en faveur de la reconnaissance des différentes mémoires du conflit, notamment sur les recommandations émises par le rapport de l’historien Benjamin Stora, spécialiste de la colonisation et de la guerre d’Algérie.

Alger n’a pas donné suite à ce travail de mémoire

Plusieurs initiatives ont été lancées sur la base du travail de Benjamin Stora rendu en 2021, a rappelé Emmanuel Macron. Dernière en date, l’ouverture des archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l’Algérie en guerre contre la colonisation «pour faciliter la recherche historique».

«J’espère que ce travail pourra être continué par l’Algérie», souhaite Emmanuel Macron qui a aussi insisté sur le «travail de vérité» concernant l’Histoire. «Nous ne pouvons prendre le risque de laisser l’Histoire être falsifiée», rappelant que «la guerre en Ukraine est basée sur une construction et une falsification de l’histoire contemporaine de la région». Mais Alger, qui réclame des excuses officielles de la France pour la colonisation, n’a pas donné suite à ce travail de mémoire. «C’est une main qui est tendue et qui restera tendue», a toutefois souligné l’Élysée.
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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