6e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (Jour 11) – Voix d’or et concert fraternel

Publié le 6 avril 2018 à  21h06 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h40

Catherine Trottmann : la voix d’un ange (Photo Caroline Doutre)
Catherine Trottmann : la voix d’un ange (Photo Caroline Doutre)
C’est par des mélodies de Ravel que Catherine Trottmann a séduit d’emblée le public du Jeu de paume où, accompagnée du pianiste Karolos Zouganelis elle se produisait dans le cadre du Festival de Pâques. Une voix d’or et des promenades musicales en Grèce, d’une manière sobre, puissante et très inspirée. Le côté un peu niais des paroles des poèmes étant gommé par l’interprétation de la chanteuse lyrique. Puis ce sera Fauré et ses très belles «Roses d’Ispahan», tandis que seul au piano Karolos Zouganelis conclura la première partie avec le 6e (et beau) nocturne de ce même Fauré, dont on connaît la version splendide de Kempff. Mais le moment le plus intense de ce beau concert sera quand Catherine Trottmann enchaînera des airs en langue vénitienne, à commencer par la divine «Barcheta» de Reynaldo Hahn, (sublimée en son temps par Joyce DiDonatao), moment exceptionnel d’émotion, les vocalises de Catherine Trottmann touchant l’âme et le cœur. Comme bouquet final du Rossini festif (c’est presque un pléonasme), conclu par «La danza», célébrissime morceau qui fut chanté en version française par Colette Deréal. Et en guise de rappel une chanson très ironique sur les hommes signée André Messager, par laquelle Catherine Trottmann confirmera qu’elle est une belle chanteuse lyrique doublée d’un comédienne pétillante.

Un trio d’une ampleur mondiale

Renaud Capuçon, Kian Soltani et Lahav Shani, trois virtuoses animés d’un même sens du partage. (Photo Caroline Doutre)
Renaud Capuçon, Kian Soltani et Lahav Shani, trois virtuoses animés d’un même sens du partage. (Photo Caroline Doutre)

Changement de décor en début de soirée, on passe du Jeu de paume au Conservatoire Darius Milhaud, pour un concert réunissant le violoniste Renaud Capuçon, le violoncelliste Kian Soltani (dont le premier disque «Home» contient l’Arpeggione de Schubert magistralement enregistrée avec Aaron Pilsan), et le pianiste-chef d’orchestre Lahav Shani. Deux trios pour cordes et clavier au programme : le 3e de Dvorak, et celui de Tchaïkovski, deux chefs-d’œuvre qui s’imposent comme des sommets d’émotion et de difficultés musicales. Dire que la prestation des trois virtuoses fut parfaite est un faible mot. L’excellence fut au rendez-vous, chacun écoutant l’autre, et jouant avec lui de façon singulière. Mais ce qui frappa au-delà de la performance technique, ce fut l’esprit du concert : nous assistâmes en effet à un récital empreint de complicité, d’osmose, d’union sacrée. Animé de fraternité devrait-on dire, tant se dégagea la volonté de servir ensemble la musique, et l’esprit de rencontre. Pas d’ego, pas de boursouflures sonores, mais sur scène trois esthètes fiers et heureux d’associer leurs cultures et nationalités différentes dans un même mouvement de partage. Si bien que le public fera un triomphe aux trois concertistes à l’issue de cette nouvelle mémorable soirée du Festival de Pâques.
Jean-Rémi BARLAND

Articles similaires

Aller au contenu principal