6e convention annuelle des maires de la région Sud : les opportunités durables des Jeux d’hiver 2030 mises en lumière  

Plus de 900 participants, dont 400 maires, représentant les 6 départements de la Région Sud, étaient présents à la 6e Convention annuelle des maires, sur le thème, « La dynamique des Jeux pour vos communes : en avant pour 2030 ». A cette occasion, Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en présence de Catherine Vautrin, ministre du partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, a annoncé la création du « Parlement des Jeux d’Hiver 2030 : Passion Montagne 2050 ». Il est à noter la forte intervention de François Gemenne, scientifique, spécialiste du climat, sur les potentialités qu’offrent ces jeux d’hiver.

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Plus de 900 participants, dont 400 maires, représentant les 6 départements de la Région Sud, étaient présents à la 6e Convention annuelle des Maires (Photo Pierre-Emmanuel Trigo)

« Parlement des Jeux d’Hiver 2030 : Passion Montagne 2050 »

« Ce parlement sera un espace de dialogue, de concertation et de co-construction, réunissant l’ensemble des acteurs du territoire : collectivités locales, État, Europe, sportifs, associations, scientifiques, entreprises, chambres consulaires, société civile, et bien d’autres encore», est-il précisé.  Il sera articulé autour de plusieurs collèges de travail et d’animations thématiques et mis en place dès le premier trimestre 2025.

« Ces Jeux ne concernent pas uniquement les Alpes ou nos territoires de montagne ; ils constituent de formidables opportunités pour l’ensemble de nos 6 départements et nos 5 millions d’habitants. C’est pour cette raison que nous avons imaginé le « Parlement des Jeux d’Hiver 2030 : Passion Montagne 2050 ».  Avec les Alpes françaises 2030, tout le Sud profitera de la dynamique Olympique » a déclaré Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

« Une formidable opportunité »

Un propos conforté par François Gemenne, un des coauteurs du 6e rapport du Giec : « On sait que les Jeux d’hiver sont très sensibles aux impacts du changement climatique qui sont déjà là, comme le montre les inondations, qui touchent l’Ardèche et les départements environnants. » Il rappelle que la température a augmenté en France de deux degrés depuis la période préindustrielle. « La Région Sud, poursuit-il,  va connaître des ouragans, des inondations.» Dans ce contexte, explique-t-il: «L’organisation d’un tel événement implique des moyens considérables pour répondre à des défis gigantesques et impliquer un bilan carbone, même si je n’ai aucun doute sur la volonté de le réduire au maximum. La simple venue des équipes étrangères va avoir un impact. » Donc des critiques il y a et il y aura. Mais, pour François Gemenne: «En tant que chercheur ces Jeux sont une formidable opportunité dans la manière d’aborder la transition écologique. On doit d’ailleurs reconnaître que les JOP de Paris sont une immense réussite, y compris sur le bilan carbone. On a eu les meilleurs jeux de l’histoire avec un bilan carbone divisé par deux par rapport à ceux de Londres en 2012.»

« Un héritage inestimable »

D’en venir à l’héritage de Paris 2024 : «Cela a été un moment de rassemblement dont nous avions besoin, un moment de joie et de célébration qui font que la vie mérite d’être vécue. On nage dans la Seine, la pratique du sport est renouvelée et, surtout c’est la preuve que l’on peut faire mieux avec moins. » Il invite à mesurer l’importance de ce dernier élément : «On a vu que l’on pouvait faire mieux avec moins de carbone quand, jusqu’à présent, on disait que la décarbonation c’était des efforts, des coûts, des sacrifices. En cela ces Jeux représentent un héritage inestimable.»

« Valoriser ceux qui avancent »

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Lancement du «Parlement des Jeux d’Hiver 2030 : Passion Montagne 2050 » (Photo Pierre Emmanuel Trigo)

D’en venir aux Jeux d’hiver 2030 : « Il représente une opportunité de faire la démonstration du savoir-faire des territoires pour faire de la transition une réalité avec notamment des transports plus efficaces et moins carbonés, d’accueillir de nouvelles entreprises impliquées dans le développement durable sur ce territoire et de mettre en avant de nouvelles pratiques touristiques. » Il ajoute : «On passe trop de temps à critiquer ceux qui ne vont pas assez vite ou ceux qui reculent. Si ce temps était utilisé à valoriser ceux qui avancent nous ferions des pas de géant et c’est là la première opportunité de ces jeux d’hiver. »

« Du mal à se projeter »

La deuxième opportunité concerne, selon le scientifique, la projection sur l’avenir : « On sait ce à quoi on veut échapper mais la grande difficulté avec la transition c’est que l’on a du mal à se projeter, à forger un consensus sur le chemin que nous voulons emprunter sur l’agriculture, les transports, le tourisme. Avec ces JOP on peut redéfinir ensemble un projet économique et un contrat social. C’est le moment d’y aller collectivement, de se projeter sur un projet fédérateur. »

« Faire ensemble des choses belles et grandes »

Le troisième intérêt réside, pour François Gemenne, « dans l’occasion de réunir, pas seulement dans la région mais en population monde. Le changement climatique ne connaît pas de frontières. Nous sommes reliés par la physique du climat mais nous vivons dans un monde plus fragmenté que jamais alors que nous sommes condamnés à coopérer raison pour laquelle je suis inquiet devant les projets de fermeture des frontières. Par contre tout ce qui nous rassemble autour de projets communs pour le climat est positif. Nous avons besoin de nous rassembler pour faire ensemble des choses belles et grandes. C’est là toute votre responsabilités avec ces JOP 2030.»

Hervé Liberman est élu régional en charge de la Commission sport et préparation des JO 2024 et président du Comité régional olympique et Sportif insiste sur le fait que la Région « s’investit à chaque événement sportif d’importance pour soutenir le sport régional», pour qu’au-delà de la manifestation, «le sport en sorte renforcé». Il cite: «Nous avons eu un plan rugby, puis un plan voile pour les JO, un plan qui, pour la première fois, a permis a la ligue de Provence de voile de passer pour la première fois devant celle de Bretagne et nous avons un plan montagne pour soutenir nos sportifs de haut niveau, développer des pratiques telles le hockey sur glace, communiquer, développer des infrastructures.»

2024 meilleure année touristique pour la région Sud

François de Canson, le président du Comité régional du tourisme revient pour sa part sur l’impact économique des grandes manifestations sportives que la région a accueilli «400 millions d’euros en 2023 lors de la Coupe du Monde de rugby et la meilleure saison touristique pour la région et un succès aussi pour les JOP 2024 avec un record lors de l’arrivée de la flamme accueillie par 250 000 personnes. Le précédent record était de … 5 000. Les Jeux c’est 200 000 euros de retombées et il ne faut pas oublier l’arrivée du Tour de  France à Nice avec un taux de remplissage des hôtels niçois de 98%. 2024 sera une meilleure année encore que 2023 sur le plan touristique.»

Dominique Santoni est présidente du département du Vaucluse, elle montre à quel point l’impact des Jeux d’été a été fort sur le territoire, y compris pour un département éloigné de Paris, raison pour elle d’espérer beaucoup des Jeux 2030 : « Paris 2024 a créé de l’enthousiasme, une vraie dynamique. Le nombre d’adhérents dans les clubs a augmenté et 50 000 personnes étaient présentes pour la passage de la flamme dans le département. Et les JOP 2030 vont nous permettre de garder une dynamique. Nous mettons 4 millions d’euros pour réhabiliter les équipements sportifs et nous allons pérenniser des épreuves sportives. C’est à nous, élus, de porter l’effervescence. Pourquoi ne pas emmener collèges et lycées aux sports d’hiver, leur  faire découvrir le Mont Ventoux ? » Tandis que Eliane Barreille, présidente du département des Alpes-de-Haute-Provence constate : « Les infrastructures actuelles ne nous permettaient pas d’accueillir des épreuves mais nous allons disposer d’un centre d’entraînement pour les athlètes de haut niveau. »

Arnaud Murgia, le maire de Briançon, évoque le Fort des Têtes, dû à Vauban, qui deviendra village olympique : « Je voulais utiliser ces Jeux pour en faire un modèle de réhabilitation de notre patrimoine. En utilisant ce site on réhabilite, on évite une artificialisation des sols,  et, après les jeux nous aurons là des logements pérennes qui pourront accueillir nos jeunes plutôt que de les voir partir faute de logement. Ce sera aussi le moyen de proposer un logement aux travailleurs saisonniers. » Pour lui: « Ces jeux sont une chance dont nous devons nous saisir pour décloisonner, pour obtenir une nouvelle montagne, pour construire durable.» Le sénateur Philippe Tabarot insiste sur l’importance du volet transport. « Les Hautes Alpes sont enclavées, la ligne Marseille-Briançon n’a pas bénéficié de travaux depuis trop longtemps. On met plus de 5 heures pour faire le trajet, bien plus qu’en voiture. Ces jeux doivent permettre d’améliorer la ligne pour relier les deux villes en 3h30.»

Raphaël Leclerc, responsable de la mobilisation des territoires pour 2024 indique que, dès le départ, «l’idée a été de décentraliser les jeux.» Et de donner des conseils à l’équipe de 2030 : «On ne part jamais assez tôt pour mobiliser les territoires. On n’est jamais aussi fort que rassemblés. On ne doit pas être trop pressés. On peut faire mieux que l’équipe de 2024 sur la connexion sport/collectivité. Il ne faut jamais cesser d’être ambitieux »

Il est question de l’héritage de Paris 2024, de celui que peuvent laisser les jeux de 2030, de la trace que le sport peut laisser dans l’histoire. Stéphane Mourlane est agrégé d’histoire, docteur en histoire contemporaine et ancien membre de l’École française de Rome. Il est maître de conférences en histoire et directeur adjoint de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. Il note : « Pendant longtemps les historiens n’ont pas reconnu le sport. En France il a fallu attendre la Coupe du Monde 1998 pour que les historiens mesurent à quel point il se jouait quelque chose là qui dépassait le sport et, effectivement,  faire l’histoire du monde c’est faire l’histoire du sport en mesurant la complexité du rapport entre le sport et le monde. » Et de rappeler que les sports d’hiver ont été pratiqués dans la région dès le XIXe siècle et des compétitions y sont organisées dès l’entre-deux guerres, avant le développement du sport de masse dans les années soixante.

« Les jeux handisports 2024 ont été suivi par 49 millions de Français »

Des sportifs participent aussi à cette table ronde. Parmi eux Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique sportif français explique que six sports sont pratiqués aux jeux  paralympiques d’hiver, 4 de neige et 2 sur glace, pour 400 athlètes « et cela sur les mêmes terrains que pour les Jeux ». Puis d’indiquer que Paris 2024 a un impact non négligeable sur la pratique du handisport : « Les jeux handisports 2024 ont été suivis par 49 millions de Français, un record, et cela a changé le regard des Français sur les personnes handicapées mais aussi le regard de ces dernières sur elle-même. Maintenant, il n’y a actuellement que 1,4 % des clubs qui sont en capacité d’accueillir des personnes en situation de handicap il faut que Paris 2024 donne une impulsion. » Pour elle « 2030 nous offre la possibilité de poursuivre l’impulsion et, au-delà de la découverte de sports d’hiver c’est l’opportunité de faire découvrir la montagne, la biodiversité à des personnes en situation de handicap.»

« Je suis handicapé mais je vis ma meilleure vie »

Arthur Bauchet est Varois mais ce n’est pas pour autant vers le ski nautique qu’il s’est laissé glisser mais vers le ski alpin paralympique. Quadruple vice-champion Super-Combiné et du slalom à Pékin en 2022. Pour lui : «Ces jeux dans nos Alpes est une belle occasion de montrer pourquoi je suis tombé amoureux de nos montagnes. » Puis d’expliquer à quel point le sport a changé sa vie « avant j’étais extrêmement timide, je ne pouvais pas parler en public. » Tel n’est plus le cas. Il a même était consultant média lors des derniers JOP : « C’est plus que du sport, c’est des moments de fou. » Et de lancer : « Je suis handicapé mais je vis ma meilleure vie. »

Jean-Baptiste Bernaz, champion de voile, avoue : « Les Jeux ont changé ma vie. J’étais en échec scolaire, grâce à la voile j’ai fait sport-étude j’ai participé à cinq jeux, des moments uniques chaque fois. ». Amateur, il peut pratiquer sa passion « parce que je suis militaire et que j’ai la chance de faire partie de la Team Sud. »

Michel CAIRE

Jeux d’hiver 2030- Catherine Vautrin : « Le gouvernement sera à vos côtés »

Accueillant Catherine Vautrin, ministre du partenariat avec les territoires, Renaud Muselier ne cache pas que les élus locaux sont « en colère, en difficulté financière et dans l’incompréhension. Comment des gens qui ont 20 ans d’études, qui ne cessent de nous expliquer que nous ne savons pas compter, ont pu en arriver à une situation où on passe en quelques mois de 4% de déficit à 6% ? Concernant notre Région l’impact sera de 120 millions d’euros mais je peux assurer aux maires présents que nous sanctuarisons le budget aux collectivités territoriales ».

La ministre, en réponse, se veut rassurante. Elle lance à Renaud Muselier : « Nous partageons une histoire politique, des valeurs, mais surtout une ambition commune pour nos territoires. Avec les Jeux Olympiques d’hiver des Alpes françaises de 2030, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes feront rayonner la France. Le gouvernement sera à vos côtés pour préparer cet événement exceptionnel. »  Affiche son soutien à la ligne nouvelle « mais aussi aux trajets longs du quotidien ainsi qu’au désenclavement ferroviaire de Briançon. » Ajoute que le gouvernement « sera vigilant aux difficultés des Maires » et que, en tout état de cause, ne sont concernés « que 450 collectivités : régions, départements, villes, EPCI qui ont au moins 40 millions de budget. »

Mais sur le fond elle insiste : « Nous avons 3228 milliards de dette. Cela coûte 55 milliards par an soit le deuxième budget de l’Etat après l’Education Nationale. » D’évoquer comme pistes d »économie, la suppression de doublons, la suppression de normes coûteuses et inutiles, le retour sur l’exonération des véhicules électriques. Elle annonce d’autre part : « Nous allons retravailler le statut de l’élu, lui offrir une meilleure formation et mieux le protéger car attaquer un élu c’est attaquer la République. » Des propos qui n’ont pas rassuré tous les élus présents.

Michel CAIRE

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