70e Festival d’Aix-en-Provence – C’est aussi l’anniversaire de l’Académie : quand Stéphane Degout rajeunit de 20 ans

Publié le 11 juillet 2018 à  21h29 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h53

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, il y a 20 ans, l’équipe de France de football devenait championne du monde… Ça, c’est dit ! Mais, il y a 20 ans, sous l’égide de Stéphane Lissner et de sa conseillère Eva Wagner, le Festival d’Aix-en-Provence organisait sa première Académie. Parmi les jeunes artistes conviés à y participer, figurait un certain Stéphane Degout, baryton, élève en dernière année au Conservatoire de Lyon. Vingt ans plus tard, c’est le même qui est à Aix-en-Provence pour partager son savoir autour de la mélodie française entre les murs de cette même académie. Rencontre.

Stéphane Degout (Photo Jean-Baptiste Millot)
Stéphane Degout (Photo Jean-Baptiste Millot)
Quels souvenirs de 1998 remontent aujourd’hui dans votre mémoire ?
Il y en a beaucoup… 1998 fut une année pivot pour le début de ma carrière. J’ai participé à la première Académie du Festival d’Aix, j’ai intégré l’Opéra Studio à Lyon et j’ai rencontré mon agent qui est toujours le même vingt ans après.

Des souvenirs particuliers de l’Académie ?
Oh oui… Elle était consacrée à La Flûte Enchantée et c’est Régine Crespin qui nous transmettait son savoir. C’était au théâtre du Jeu de Paume qui était encore dans son jus, un lieu magique, non restauré, avec une atmosphère incroyable. Nous étions un peu hors du temps.

Comment aviez-vous été recruté ?
En auditionnant, tout simplement. J’avais ensuite été retenu par Eva Wagner.

Que vous a apporté cette session ?
Énormément de choses. A commencer par le fait que j’attaquais des études à un niveau professionnel. Puis, cette production de La Flûte sur laquelle nous avions travaillé en 1998 allait connaître un grand succès en représentation au Grand Saint-Jean l’année suivante et allait tourner pendant trois ans pour 70 dates. J’en ai vraiment profité. Cette expérience m’a vraiment mis le pied à l’étrier.

Quels sont les atouts d’une telle structure ?
Au delà de la formation et de la qualité de l’enseignement dispensé, au delà des moyens qui sont engagés pour qu’elle puisse fonctionner, l’Académie permet aussi de vivre le Festival de l’intérieur. Et même si ce sont deux structures distinctes, elle ne font qu’un. C’est vraiment important pour de jeunes artistes d’être immergés dans un milieu aussi brillant. Puis c’est Aix-en-Provence et c’est magique !

Parlons un peu des formations. Les choses ont beaucoup évolué ces dernières années, non ?
Bien sûr. Il y a vingt ans, l’Académie se limitait à l’Opéra et à la musique de chambre. Aujourd’hui, elle s’est largement ouverte sur les autres secteurs comme la création contemporaine, la mise en scène, la composition. Cette évolution doit beaucoup à Bernard Foccroulle et à son équipe.

Vous-même, cette année, partagez votre expérience au sein d’une résidence consacrée à la mélodie française. C’est pour fêter l’anniversaire de l’Académie ?
(Rire) Un peu ! En fait, un jour, j’ai du dire un peu trop fort que j’enseignerais lorsque j’aurais vingt ans de carrière. Émilie Delorme, la directrice de l’Académie a dû l’entendre et il y a quelques mois elle m’a demandé si je n’avais pas vingt ans de carrière cette année… Le tour était joué ! Quant au choix de la thématique, j’ai choisi égoïstement un domaine où je suis très confortable, la mélodie française… Pour une première, j’avais le droit.

Et cela se passe comment ?
Très bien. La résidence est ouverte à six duos piano/voix déjà formés. Et je suis moi-même accompagné par mon ami Alain Planes au piano. Je pense que cette résidence sera fructueuse. Rendez-vous pour le concert final dans quelques jours.

Pour terminer, parlons un peu de votre carrière. Vous venez de sortir un CD « Enfers» chez Harmonia Mundi avec Raphaël Pichon et Pygmalion, vous avez définitivement tourné le dos à Pelleas, où se porte votre regard désormais ?
Raphaël Pichon m’avait harponné à l’époque pour chanter Elias et le courant est passé tout de suite entre nous. Notre collaboration s’est ensuite poursuivie et ce CD «enfers» est arrivé naturellement. Quant à ma carrière elle prend de nouveaux chemins. C’est le passage de la quarantaine. Ma voix a évolué et je m’éloigne assez logiquement de certains rôles qui conviennent aux jeunes chanteurs. Hamlet à l’Opéra Comique, Valentin de Faust, La Dame de Pique et Onéguine sont à venir désormais…
Propos recueillis par Michel EGEA

Le concert des 20 ans de l’Académie
Vendredi 13 juillet, les artistes de l’édition 2018 de l’Académie proposent deux rendez-vous aussi insolites que festifs : des ateliers musicaux à vivre et partager en famille puis,à la nuit tombée, une « jam session » pleine de surprises au cours de laquelle ces jeunes talents laissent entrevoir l’audace de leur vingt ans. Hôtel Maynier d’Oppède, de 16 à 19 heures pour les ateliers ; à partir de 21h30 pour la « jam session ». Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservations conseillées. plus d’info: festival-aix.com

Articles similaires

Aller au contenu principal