70e Festival d’Aix-en-Provence – « Seven Stones » l’émotion à l’état brut d’un opéra d’aujourd’hui

Publié le 9 juillet 2018 à  18h34 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h53

Quatre solistes, douze choristes pour un opéra émouvant. L’un des temps forts de ce 70e Festival d’Aix. (Photo Vincent Pontet)
Quatre solistes, douze choristes pour un opéra émouvant. L’un des temps forts de ce 70e Festival d’Aix. (Photo Vincent Pontet)
Un livret dense et émouvant, une partition équilibrée, accessible et ouverte sur le monde, une distribution idéale et harmonieusement mise en scène : la création mondiale de «Seven Stones», opéra à capella composé par Ondrej Adamek, restera l’un des temps forts de cette 70e édition du Festival d’Aix. Une chose est certaine, à la sortie du théâtre de Jeu de Paume, à l’issue de la première représentation, c’est un public majoritairement surpris et ému qui livrait ses premiers sentiments, avec retenue, visiblement touché par le spectacle. Il faut dire que le crescendo émotionnel offert par «Seven Stones » n’a eu aucun mal à titiller les sentiments les plus profonds enfouis en chacun de nous. Le livret de Sjon est comme le chemin de croix d’un homme, collectionneur de pierres, cherchant la paix et le pardon après avoir lapidé son épouse qu’il retrouvait, après sept ans de voyage autour du monde pour chercher «la» pierre, dans les bras d’un autre homme qui n’était autre que son fils qu’il n’avait pas reconnu; dernière pierre mortelle devenue la première. Autour de ce texte fort, chargé et électrisant, Ondrej Adamek construit un opéra des temps modernes avec les voix de quatre solistes et douze choristes d’Accentus /axe 21. Une composition lumineuse, d’une grande musicalité et d’une exceptionnelle compréhension, ce qui lui confère son intérêt ; mais aussi une composition complexe. Techniquement le travail est colossal, car devant être d’une précision extrême. La performance des choristes n’en est que plus remarquable. Musicalement Adamek parcourt le monde et les genres, avec des incursions sur tous les continents pour finir, de façon géniale, avec les notes baroques pour accompagner le collectionneur transformé en Jésus «Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre…» Frissons. Signant la mise en scène et la chorégraphie, Eric Oberdorff joue avec l’étroitesse du lieu pour renforcer l’intimité du groupe et exacerber l’émotion. Derrière le montant du cadre de scène, côté jardin, Léo Warynski assure une direction efficace rendue obligatoire par la complexité de la partition dont nous parlons plus haut. Omniprésents, les solistes sont à la hauteur de la qualité de cet événement. Anne-Emmanuelle Davy et Shigeko Hata tiennent solidement le fil conducteur du drame, Nicolas Simeha incarnant à la perfection un collectionneur en quête de rédemption et en recherche de paix et Landy Andriamboavonjy offrant ses trait, et sa voix, et son jeu à l’épouse du collectionneur. De la très belle ouvrage… Nous ne saurions trop vous engager à franchir le pas et découvrir cet opéra d’aujourd’hui entre les murs d’un théâtre «historique», celui du Jeu de Paume…
Michel EGEA
Autres représentations le 15 juillet à 17 heures, les 10, 12 et 17 juillet à 19 heures. Programme et réservations: festival-aix.com

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