Publié le 9 juillet 2018 à 20h00 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h53
Combien y avait-il de spectateurs, dimanche le soir venu, sur le cours Mirabeau ? Une chose est certaine, les 3 000 chaises mises en place avaient trouvé preneurs… Et il y avait tous ceux qui, debout, ont partagé cet hymne à l’amour contemporain, «Orfeo & Majnun» voulu par le directeur général du Festival d’Aix-en-Provence, Bernard Foccroulle, qui quitte dans quelques jours ses fonctions. Lorsqu’il est arrivé à la tête de cette manifestation, Bernard Foccroulle s’est fixé trois objectifs principaux : ouvrir le festival sur la ville et le territoire, ouvrir le festival sur la Méditerranée, ouvrir le Festival à tous les publics. Force est de constater qu’une dizaine d’années plus tard, il est arrivé à ses fins. «L’Opéra qui fédère les cultures et les sociétés autour du respect et de l’amour, du vivre ensemble, de l’acceptation totale et heureuse de l’autre » c’est assurément cet «Orfeo & Majnun», solide pont entre l’Europe et l’Orient conçu par Airan Berg sur un livret de Martina Winkel, mis en musique par Moneim Adwan, Howard Moody et Dick van des Harst et mis en œuvre par plus de 200 choristes amateurs issus des publics «Passerelles», structure éducative et socio-artistique du Festival, les figurantes et figurants, les musiciens de l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée, sous la direction de Bassem Akiki et un brillant quintet de solistes. Créé à Bruxelles à la fin du mois de juin, l’Opéra (après la parade d’il y a quelques jours à laquelle était associée la population) était donc donné ce dernier dimanche en bas du Cours Mirabeau comme un cadeau que se serait offert Bernard Foccroulle en l’offrant lui même au plus grand nombre. Musiques mêlées, chants mêlés, entre Orient et Occident deux légendes, celles d’Orphée et Eurydice et de Layla et Majnun, deux amours triomphants au-delà de la mort, deux univers réunis dans la musique très bien construite de trois compositeurs d’horizons fort différents. Français, Anglais et Arabe alternent sans problème, les langues se fondant les unes avec les autres. Sur scène, c’est la narratrice, Sacha Gholamalizad, qui crée le lien entre les scènes, avec présence et puissance. Vocalement, même s’ils sont sonorisés, le quatuor de solistes est somptueux avec Nai Tamisch Barghouti et Loay Srouji du côté oriental, Judith Fa et Yoann Dubruque en occident. Largement coproduite en Europe, cette production a de beaux jours devant elle et c’est tant mieux.
Michel EGEA