Publié le 16 août 2019 à 12h24 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h07
«La France a une part d’Afrique en elle. Et sur ce sol de Provence, cette part fut celle du sang versé», a déclaré le Chef de l’État, à la nécropole nationale de Boulouris, à Saint-Raphaël (Var), où reposent 464 combattants de la 1ère armée française, en présence des présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé et de Nicolas Sarkozy. Et parce que «ces combattants africains, pendant nombre de décennies, n’ont pas eu la gloire et l’estime que leur bravoure justifiait», Emmanuel Macron a lancé «un appel aux maires de France pour qu’ils fassent vivre, par le nom de nos rues et de nos places, par nos monuments et nos cérémonies, la mémoire de ces hommes qui rendent fiers toute l’Afrique et disent de la France ce qu’elle est profondément : un engagement, un attachement à la liberté et à la grandeur, un esprit de résistance qui unit dans le courage».
«Ils ont fait l’honneur et la grandeur de la France»
Traditionnellement, le 75e anniversaire du débarquement de Provence du 15 août 1944 est l’occasion de saluer la contribution des soldats des anciennes colonies françaises à la Libération. Des 250 000 combattants de la 1ère armée française dirigée par le général de Lattre de Tassigny, la plupart venaient d’Afrique du Nord et subsaharienne. «Français d’Afrique du Nord, pieds noirs, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, zouaves, spahis, goumiers, tirailleurs que l’on appelait sénégalais mais qui venaient en fait de toute l’Afrique subsaharienne, ils ont fait l’honneur et la grandeur de la France», a rappelé le Président de la République. Mais, a-t-il ajouté : «Qui se souvient aujourd’hui de leur nom, de leur visage ?» Emmanuel Macron a également rendu hommages aux résistants ainsi qu’aux combattants des Outre-mer.
Anna CHAIRMANN
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C’était il y a 75 ans : retour sur le débarquement de Provence
Après la libération du Nord, place à la reconquête du Sud
Deux mois après le débarquement de Normandie durant lequel l’ennemi nazi fut défait au nord-ouest du pays, 250 000 hommes de l’armée française, soutenus par plus de 120 000 soldats des forces alliées, débarquent sur les côtes provençales. Objectifs de l’opération « Dragoon » : libérer le Sud de la France de l’occupation ennemie, reconquérir les ports de Toulon et Marseille et remonter le long du Rhône afin de rejoindre les armées qui ont débarqué en juin en Normandie. L’armée allemande est alors affaiblie en Méditerranée. Une grande partie de ses forces est partie combattre en Normandie. Seules deux divisions sont opérationnelles. Les alliées sont quant à eux en supériorité numérique : ils disposent de 150 000 hommes de plus que les Allemands, de 2 000 navires contre 40 côté ennemis et de 2 000 avions contre une centaine en face. C’est la première fois depuis 1940 qu’une armée française foule le sol national. Après l’humiliation de la débâcle, l’Occupation et les heures sombres de la collaboration: l’heure est à la reconquête du pays.
15 août 1944, minuit : le débarquement commence
Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, 600 volontaires issus des commandos d’Afrique arrivent au Cap Nègre en escaladant des falaises. Pendant que les Allemands sont occupés à les neutraliser, d’autres soldats alliés s’emparent de la zone et libèrent le passage. À 8 heures, près de 95 000 soldats alliés lancent simultanément un assaut sur 18 plages entre Cavalaire et Saint-Raphaël. En supériorité numérique et aidés par la Résistance qui prépare ce Jour J depuis des semaines, le succès des alliés est rapide. Seuls quelques théâtres d’opération bien protégés par l’ennemi résistent. À l’issue de cette journée, Cogolin, Grimaud, Sainte-Maxime et Saint-Tropez sont libérés.
16 août 1944 : l’armée française débarque en Provence
Le lendemain, c’est au tour de l’armée française dirigée par le général Jean de Lattre de Tassigny de débarquer en Provence. Environ 250 000 soldats composent cette armée nationale reconstituée. Parmi ses combattants, certains viennent de la métropole, d’autres sont des Résistants de la France des Outre-mer mais la très grande majorité vient d’Afrique et de l’Empire colonial. Spahis et zouaves, tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, marsouins du Pacifique et des Antilles : tous ont combattu avec honneur et courage pour défendre des valeurs et une terre que beaucoup ne connaissaient pas. «Sur les navires éclate la Marseillaise la plus poignante qu’on ait jamais entendue», déclare le Général Jean de Lattre de Tassigny. Grâce à une avance rapide, la reconquête des territoires est plus rapide que prévue. Toulon est libéré le 23 août, Marseille le 29, et les soldats du débarquement de Normandie sont rejoints le 12 septembre en Bourgogne. L’objectif est atteint : l’occupant est envoyé hors de France, qui est sur le point d’être entièrement libérée du joug nazi.
Une part méconnue de l’Histoire
Si le débarquement de Normandie, survenu deux mois plus tôt, est célèbre dans le monde entier, le débarquement de Provence n’est que très peu connu. La valeur symbolique de cette part de l’Histoire est pourtant forte. Car si la France était bien présente en Normandie, ce sont les Alliés qui constituaient la majorité des forces. En Provence, ce sont les Français qui fournissent l’essentiel de l’effort, participant ainsi pleinement à la reconquête de leur pays. Cet épisode est aussi celui du sacrifice de dizaines de milliers d’Africains ayant sauvé l’honneur de la France. Leur nom et leur visage sont inconnus. «Ils ont donné leur vie, parfois pour des territoires qu’ils n’avaient jamais foulés avant. Et en étant pendant très longtemps jamais reconnus. Ils font partie de notre mémoire, de notre histoire.»
Source elysee.fr|