7e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Les plus désespérés sont les chants les plus beaux…

Publié le 17 avril 2019 à  23h21 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h43

A la tête de son Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm a, une fois de plus, fait entrer le bonheur au cœur du Grand Théâtre de Provence. (Photo Caroline Doutre)
A la tête de son Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm a, une fois de plus, fait entrer le bonheur au cœur du Grand Théâtre de Provence. (Photo Caroline Doutre)

Au sein de la production prolifique de Haendel, 42 opéras en 36 ans entre 1705 et 1741, pour composer son programme «Desperate Lovers», Emmanuelle Haïm est partie rechercher les plus beaux airs d’amour heureux ou déçu. Ces airs où la passion est omniprésente, enchanteresse, émouvante, cruelle… «Dans le beau feu de tes yeux, Amour allume les flammes à ses flèches », c’est ainsi qu’Almerina et Rinaldo s’épanchent, énamourés. Rinaldo, Rodelinda, Orlando, Alcina, les amoureux sont partout dans ces œuvres et la directrice musicale a dû faire des choix, parfois cruels, pour dresser un catalogue d’effusions unique. Pour servir ces airs et duos, à l’occasion de la quatrième soirée festivalière au Grand Théâtre de Provence, Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée avaient convié la soprano Sandrine Piau et le contre-ténor Tim Mead à venir chanter leurs sentiments. Les deux l’ont fait avec bonheur ; Sandrine Piau de façon lumineuse et profonde, son air d’Alcina «Ah, mio cor» fut un bijou d’interprétation et Tim Mead avec solidité et rectitude. Pas de faille dans ces interprétations sensibles, histoire d’être en osmose avec l’extrême qualité du Concert d’Astrée, chatoyant et velouté, répondant avec exactitude aux sollicitations de sa directrice musicale dont on connaît l’heureuse préoccupation à tisser avec élégance la musique, comme une dentelière, afin de magnifier des compositions exceptionnelles. De la très belle ouvrage. Oui, en ce mardi soir, les plus désespérés étaient les chants les plus beaux, les plus enflammés aussi, que l’on se rassure.
Michel EGEA

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