7e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – On y a célébré aussi les voix

Publié le 29 avril 2019 à  9h40 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h44

Ian Bostridge dans
Ian Bostridge dans

Si sous l’impulsion de Renaud Capuçon le Festival de Pâques consacrait beaucoup de ses concerts à l’expression des cordes, les voix furent aussi à l’honneur. Sous différentes formes. Ce sont des histoires de familles et une histoire en famille que Catherine Trottmann a racontées sur la scène du Jeu de Paume où elle était accompagnée du pianiste Karolos Zouganelis. Au programme du drôle avec l’air de Massenet extrait de «Manon» «Je suis encore toute étourdie» chanté non sans humour. Et de ce voyage au cœur des pères des mères des enfants on retiendra du Poulenc, du Mozart, du Gounod, du Honegger, et une plongée au cœur des familles qui se détestent… sous l’angle d’une reprise par Bernstein de «Romeo et Juliette» devenue «West Side Story» et transposée à New York. Film célèbre, musique qui l’est tout autant, un plaisir. Et puis il y eut sur la scène du Jeu de Paume les élèves de l’école de Cuques d’Aix-en-Provence venus rejoindre Catherine Trottmann pour chanter les airs de «La mélodie du bonheur», appris avec elle durant ses interventions dans leurs classes durant l’année, comme le fit l’an dernier Claire Marie le Guay avec les CM2 des Floralies. Le bonheur était là aussi sur scène. Avec le portrait Benjamin Attahir donné au Conservatoire Darius Milhaud par le Trio Zadig ce fut la voix de Rachel Camarinha qui se fit entendre. Pour des airs assez improbables écrits par le compositeur lui-même d’après des poèmes de Mia Couton le tout constituant une œuvre intitulée «De l’ineffable» et qui surprit l’auditoire. Soirée pour initiés à de la musique pointue et très moderne…. Et puis voilà que Ian Bostridge, investit le Jeu de Paume pour y interpréter «La belle meunière» de Schubert, publiée en 1824. Miracle d’une voix parfaitement en osmose avec son sujet, celle d’un ténor anglais né à Londres le 25 décembre 1964, le concert fut une merveille. On retrouva toute l’élégance de jeu d’un artiste habitué à chanter Schubert et dont on se souvint de la magnifique et poignante interprétation qu’il fit du «Winterreise». Œuvre d’ailleurs à laquelle il consacra un livre d’études, devenu maintenant ouvrage de référence. Au piano Jan Schultsz, il est précis, dans son accompagnement pour une soirée d’un grand niveau artistique. La voix sur «Le roi qui n’aimait pas la musique» donné au Jeu de paume fut celle de Charles Berling, récitant de ce conte écrit par Mathieu Laine sur une musique de Karol Beffa. Il succède en fait ici à Patrick Bruel qui enregistra cette œuvre et où on retrouve des musiciens incarnant tous, comme dans «Pierre et le loup» un personnage symbolisé par un instrument. Des Lowreliens, habitants d’une oasis et dont le souverain déteste la musique au point de l’interdire, vont d’abord dépérir et renaître au bonheur quand un voyageur et une nomade parviendront à convaincre le roi de laisser les notes de nouveau s’envoler. La clarinette de Andreas Ottensamer, le violon de Renaud Capuçon, le violoncelle de Victor Julien-Laferrière et le piano de Karol Beffa racontent en arpèges et gammes ce que Charles Berling exprime d’une voix posée, claire et enjouée. Un hymne à la tolérance et au respect des libertés humaines. Un conte puissant…
Jean-Rémi BARLAND

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