8 Mars: Marseille et la région Sud mettent en lumière les chemins de réussite de femmes

Publié le 9 mars 2018 à  8h53 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h58

Nora Preziosi, entourée de femmes qui ont raconté leur parcours, leur réussite professionnelle (Photo Robert Poulain)
Nora Preziosi, entourée de femmes qui ont raconté leur parcours, leur réussite professionnelle (Photo Robert Poulain)
«Les femmes aussi réussissent», tel est le thème de la journée de rencontres-débat que la Ville de Marseille et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur viennent d’organiser à l’Alcazar dans le cadre de la Journée internationale des droits de la Femme, ce jeudi 8 mars. Occasion de découvrir des parcours de femmes, des réussites dans des secteurs très divers. Occasion d’entendre des propos forts de personnalités aussi diverses qu’Anna Notarianni, présidente de Sodexo en France, Sophie Crémieux, responsable insertion et emploi à la fédération du BTP 13, Nadine Maraboeuf, présidente de l’entreprise TJM, BTP, Laure Gambini, commissaire de police à la BAC centre, Isabelle Gorce, présidente du TGI, Corinne Vezzoni,architecte, Virginie Castera, chef de service endocrinologie à l’Hôpital Saint-Joseph, Sabrina Roubache, productrice et Nadège de Ribalski, avocate.

La Femme était à l'honneur à l'Alacazar ce 8 mars (Photo Robert Poulain)
La Femme était à l’honneur à l’Alacazar ce 8 mars (Photo Robert Poulain)
C’est à Nora Preziosi, adjointe au maire de Marseille, en charge des Droits des femmes, conseillère régionale déléguée aux Droits des femmes, cheville ouvrière de la manifestation qu’il est revenu de lancer la Journée. Elle rappelle son engagement «aux côtés des femmes, de toutes les femmes, sur le long chemin de l’égalité». Rappelle que l’actualité récente «nous montre combien il reste à accomplir pour que nous soyons considérées à notre juste cause et non plus comme de vulgaires sujets sexuels». Elle se réjouit à cette occasion de voir la parole des femmes se libérer «et être enfin entendue». Et de signifier: «Si depuis plus d’un demi-siècle, les droits des femmes progressent grâce à un arsenal législatif et réglementaire constamment renforcé, les inégalités hommes-femmes persistent dans les faits : l’écart de rémunération est en moyenne de 25%, quant aux tâches éducatives et domestiques elles restent accomplies par 75% des femmes ! Si l’égalité est un principe inscrit dans le préambule de notre Constitution, elle doit encore progresser pour être observée au quotidien».

«Cette Journée internationale doit surtout nous rappeler que, dans le monde, des millions de femmes luttent au quotidien simplement pour survivre, être respectées»

Elle rappelle qu’au Service des Droits des Femmes de la ville de Marseille, la première
activité concerne l’accueil du public. «Il dispose à cet égard d’un espace d’écoute privilégiée. En 2017, il a donné gracieusement plus de 5 600 consultations. Ce Service propose des informations juridiques, des consultations en économie sociale, en orientation professionnelle, des consultations de soutien psychologique
et, depuis peu, une aide dans la recherche de logement
». Précise que, s’occupant également du Droit des femmes à la région elle peut harmoniser les missions de la Ville et de la Région. «Elles sont complémentaires et nous permettent d’avancer sur des projets ambitieux et transversaux». L’élue souligne que la Région affirme «son volontarisme à lutter contre toutes les discriminations et à réduire les disparités entre les deux sexes. Cette réussite passe nécessairement par l’accompagnement des femmes en termes d’accès aux droits dans les champs de la santé, de la vie professionnelle et personnelle. Aussi, la Région, en partenariat avec l’État, participe aux projets de formation et d’apprentissage dans le cadre d’un parcours professionnel des femmes». Elle n’omet pas de signaler: L’exécutif régional se veut d’ailleurs exemplaire : dans ses services, en 2016 on comptait 68,4 % de femmes contre 31,6% d’hommes. Et de conclure: «Si beaucoup reste à faire pour les femmes dans notre pays, cette Journée internationale doit surtout nous rappeler que, dans le monde, des millions de femmes luttent au quotidien simplement pour survivre, être respectées. Nos pensées vont pour elles, et je veux ici leur rendre hommage».
Parole est donnée aux intervenantes. Nadine Maraboeuf indique que son aventure professionnelle a commencé avec un divorce: «J’avais envie de m’en sortir, je me suis associée à un collègue qui, lui-même était en train de divorcer». C’est ainsi que l’entreprise TJM a vu le jour, société spécialisée dans le secteur d’activité des travaux de terrassement ou de grande masse. «Nous sommes dans des métiers d’hommes mais, quand une femme arrive c’est par passion et elle est très bien accueillie». Elle note toutefois que, pendant des années: «Il était facile pour moi de passer pour une secrétaire mais les choses évoluent».

«Le plus important c’est d’avoir une passion et la passion n’a pas de sexe»

Corinne Vezzoni met en exergue le grand nombre d’étudiantes en architecture et le faible nombre de femmes architectes. En vient à sa carrière: «J’ai fait le choix des concours publics qui permettent d’aller à l’international et, autre avantage, sont anonymes. Et je peux affirmer qu’il est plus que difficile de savoir si derrière un projet l’architecte est un homme ou une femme». Avant de préciser que cette profession impose «un engagement total et c’est peut-être pour cela que l’on trouve peu de femmes dans cette profession». Sophie Crémieux raconte pour sa part : «J’ai commencé dans l’import-export puis j’ai voulu changer, j’ai fait un bilan de compétence et j’ai intégré la Fédération du BTP13. Nous allons dans les cités pour faire découvrir nos professions. Nous y rencontrons des Bac ++ et d’autres qui ont connu un échec et nous les invitons à en faire une réussite». «Nous comptons maintenant, ajoute-t-elle, 12% de femmes dans nos métiers du bâtiment. Rien n’interdit qu’il y en ait encore plus car, le plus important, c’est d’avoir une passion et la passion n’a pas de sexe». Plaide pour les « mélanges ». «Il faut mélanger le 8e et le 16e, les origines, les hommes et les femmes».

«On peut naître à Félix Pyat et réussir mais, pour cela, il faut des bases. J’ai eu la chance d’avoir une famille exigeante»

Sabrina Roubache est la productrice de la série Marseille, elle raconte: «Je suis née à Félix Pyat (Marseille 3e ndlr), j’ai découvert le théâtre grâce au collège. L’année du Bac, je suis stagiaire de prod, je corrige les fautes d’orthographe». C’est le début d’une carrière brillante. «On peut naître à Félix Pyat et réussir, assure-t-elle, mais, pour cela, il faut des bases. J’ai eu la chance d’avoir une famille exigeante, qui m’a imposé des bornes, des règles. J’ai la chance également d’avoir une mère qui a fait des études, qui est musicienne. Puis, lorsque j’ai monté ma société de production un ami m’a dit que je ne pourrais pas être une bonne productrice et une bonne mère. Hé bien, je me suis prouvée que c’était possible». Interrogée sur les scandales qui secouent le cinéma elle considère: «Le Tribunal médiatique ne marchera pas. Je crois au travail de fond. Bien sûr, il est important que la parole se libère mais cela doit se faire au bénéfice des plus faibles d’entre nous». Laure Gambini tient à préciser: «A la Police Nationale on est jugé sur nos compétences lors d’épreuves orales, écrites et physique et tout le monde a le droit d’évoluer dans son métier. On retrouve également l’égalité dans les demandes de mutation sans oublier que l’égalité salariale y est de mise». Et d’inviter «à croire à ses rêves, à se battre pour y parvenir, indépendamment de votre sexe, votre condition sociale, votre religion».

«Un mot revient, celui de courage»

Pour Virginie Castera «un mot revient, celui de courage. C’est peut-être cela qui nous caractérise: un courage de chaque instant qui nous fait avancer. Puis il y a un deuxième mot qui est revenu dans les interventions précédentes, celui de famille et les valeurs qu’elle véhicule. Un troisième mot me vient à l’esprit, celui d’attitude. Toutes les expériences évoquées mettent en avant l’humilité tout autant que le dynamisme de personnes qui se donnent les moyens d’atteindre les buts qu’elles se sont fixées». Ancienne sportive de haut niveau, tout en menant de pair ses études de médecine, elle insiste sur l’importance, pour les filles, de faire des études mais aussi du sport. Nadège de Ribalski avoue avoir découvert le goût des études en découvrant le Droit qui l’a conduite à la profession d’avocat. Au-delà de son métier elle dirige le Zonta Club Marseille qui vient de fêter son premier anniversaire. «Nous organisons des manifestations pour récolter des fonds afin de venir en aide à des femmes qui traversent des périodes dures ou financer des études». Isabelle Gorce, présidente du TGI Marseille dévoile que, dès l’enfance, elle a souhaité être juge. Évoque son parcours qui l’a conduite à la pénitentiaire «une administration d’une densité humaine incroyable». Indique avoir profiter de la féminisation de la Justice dans sa carrière avant de s’interroger sur ce qu’implique cette féminisation. «Il y avait 30% de femmes magistrats à mes débuts, on en est à 65% aujourd’hui, cela change la configuration du Corps». Anna Notarianni cite une étude réalisée dans 80 pays et cent professions: «L’étude montre que les équipes les plus performantes sont celles qui sont mixtes entre 40 et 60%». «Chez Sodexo, précise-t-elle, nous pensons que la mixité homme/femme va entraîner toutes les autres mixités: junior/senior, valide/personne en situation de handicap, nationalités…».
Michel CAIRE

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