Publié le 10 juin 2019 à 9h05 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 11h44
Le quartier Monclar, en périphérie ouest d’Avignon, fait la Une des journaux, plus pour ses règlements de comptes que pour son école école Saint Roch. Cette école de 272 élèves fait partie d’un dispositif Réseau d’éducation prioritaire (REP) et elle est dotée d’une équipe pédagogique d’exception.
Christian Patoz, Inspecteur d’Académie – Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale (Dasen) de Vaucluse déplore la pauvreté dans ces quartiers de la politique de la ville, en Avignon et à Carpentras, au Pou du Plan où «on a un triste record» avec «le niveau mensuel de revenus par famille, le plus bas de France». Face à ce défi, indique avoir assez d’enseignants, et «j’en veux pour preuve le succès du dédoublement des CP et des CE1 en zone REP+ et REP, avec seulement 20% de co-intervention». Évoque le quartier Monclar d’Avignon où nombre de personnes sont au chômage. Des familles d’origine étrangère «sont installées depuis longtemps, d’autres viennent d’arriver, c’est d’ailleurs l’une des difficultés auxquelles l’équipe de l’école élémentaire Saint Roch est confrontée». Mais, insiste-t-il: «L’école de la République reste un ascenseur social et nous œuvrons à ce que cet ascenseur social continue de fonctionner malgré toutes les difficultés.» «Est-ce que l’école peut briser la misère?, interroge-t-il, On l’espère tous. L’école est surtout là pour offrir à chacun de ces enfants une chance équitable de réussite scolaire quel que soit leur pays d’origine, la langue maternelle. Être capable de leur apprendre le français dans des délais extrêmement courts et, le plus rapidement possible leur permettre de bénéficier des enseignements en langue française.» Christian Patoz précise encore que «les élèves bénéficient de conditions d’accès à la connaissance et à la culture qui sont les meilleures». En effet, ajoute-t-il: «Cette école fait partie d’un réseau REP constitué d’une tête de réseau, le collège Mistral au centre d’Avignon avec une dynamique particulièrement forte». En termes de moyens, explique-t-il: «Ma politique, puisque j’ai la possibilité d’agir à ce niveau, est de mettre ce qu’il faut en éducation prioritaire pour que de bonnes conditions de travail pédagogique soient mises en place. Malgré les difficultés prises de plein fouet». Considère l’équipe pédagogique de Saint Roch comme «exemplaire avec une forte expérience et très engagée au sein du quartier.» Une équipe qui connaît bien les familles «et c’est ce lien entre les familles, les parents et les enseignants qui garantit une meilleure qualité de travail. On n’est pas sur des logiques de moyens, on est vraiment sur des logiques qualitatives de notre travail et qui sont liées à la dimension humaine de l’équipe pédagogique». Entretien christian_patoz_dasen_de_vaucluse_26_02_2019.mp3 Pascale Thérond, directrice de l’école Saint Roch, annonce avoir 18 nationalités différentes parmi ses 272 élèves. «Cela fait beaucoup de problèmes à gérer, hormis les problèmes de langue…». L’école compte 14 classes avec une moyenne de 24 élèves par classe, sauf pour les 4 classes de CP dédoublées qui en comptent 12. Les enseignantes se disent «ravies», car elles ont conservé leur «liberté pédagogique» et «peuvent mieux s’occuper des élèves en difficulté et faire progresser plus vite les autres». Pascale Thérond parle de «très bons» rapports entre son «équipe éducative et les parents», ce qu’elle explique par une «équipe très stable. La plupart d’entre nous, sommes là depuis 10, 15 ou 20 ans … nous avons même eu, en classe, des parents d’élèves actuels. Il y a une confiance». Côté élèves, elle a plusieurs classes spécialisées, Unité pédagogique pour les élèves allophones arrivants (UPE2A), Réseau d’aide spécialisée pour les élèves en difficulté (Rased) et une dizaine d’enfants placés en urgence en foyer. «Il y a, aussi, une Ulis-École (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) pour des élèves en situation de handicap. A Saint Roch, il s’agit exclusivement de handicapés mentaux car toutes les classes sont en étage, donc inaccessibles en fauteuil mais la mairie a un projet d’ascenseur.» La directrice estime qu’elle n’a pas assez d’Accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), nouveau nom des AVS (Assistant de vie scolaire), malgré son recours à la mutualisation. Une AESH s’occupe d’un second enfant quand le premier fait du sport, des arts plastiques ou de la musique. Elle se félicite d’avoir une équipe «très soudée» qui fidélise les jeunes enseignants. «C’est l’envie de chacun de résoudre les difficultés pour faire progresser nos élèves qui rassemble et qui forge cet esprit d’équipe que l’on trouve assez rarement dans les écoles». Entretien. pascale_therond_directrice_ecole_saint_roch_26_02_2019.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO