La chaîne Ushuaïa présente ce samedi 8 juin « En immersion avec Akhenaton» de Jérémie Frey. Une rencontre entre Akhenaton, rappeur du groupe IAM, et Morgan Bourc’his, triple champion du monde d’apnée ou quand le sportif de haut niveau propose à l’artiste un point de vue inédit sur la Méditerranée en l’initiant à l’apnée. Une rencontre humaine, un documentaire de 52 minutes, qui, sans fatalisme, met en avant les enjeux auxquels la Méditerranée est confrontée. Sur une musique originale d’Akhenaton.
C’est au club Pernod Ricard, sur le Vieux Port de Marseille que s’est tenue en avant-première la présentation du documentaire «En immersion avec Akhenaton». Morgan Bourc’his explique : « L’idée d’emmener une personnalité dans mon univers est né pendant le Covid. Il s’agissait d’avoir dans un même documentaire une dimension défi lors d’une rencontre avec une personnalité avec laquelle on partage des réflexions et une sensibilisation à la sauvegarde des océans». Jérémie Frey, le réalisateur ajoute : « Nous nous sommes en effet demandés comment atteindre le plus grand nombre et l’idée d’embarquer une personnalité nous est apparue comme le meilleur moyen. Et nous avons par ailleurs essayé de dresser un constat réaliste sans accabler ».
« On a voulu parler de façon positive des enjeux »
Les images subaquatiques sont de Jean-Baptiste Loubère qui ajoute : « On a voulu parler de façon positive des enjeux car s’il est important de ne rien cacher il ne faut pas être dans un catastrophisme qui pousse à baisser les bras, car il y a plein de choses à faire en commençant, tout simplement, par la collecte des déchets ». Un documentaire produit par Two Sisters Production rejoint par JMAGE.
Morgan Bourc’his ne cache pas son plaisir d’avoir rencontré Akhenaton : « Je ne le connaissais pas mais j’avais dans les oreilles les morceaux d’IAM que j’écoutais adolescent. J’ai découvert quelqu’un de très ancré dans son territoire, sensibilisé aux problématiques sociales mais aussi à l’écoute sur les problèmes environnementaux. Et je dois dire que j’ai été marqué par la richesse de son univers musical ». De même, il explique son amour pour ce territoire, la Méditerranée : « Je suis originaire du centre de la France, je me souviens encore des voyages, enfant, vers la mer. J’ai été bercé par cette mer intérieure si importante dans la construction de notre civilisation. Face au changement climatique il considère : « C’est à nous, citoyens, de faire pression sur les politiques afin qu’ils s’engagent clairement dans la lutte contre le changement climatique et pour la biodiversité. C’est pour cela que les élections européennes sont aussi importantes ».
« Si l’Océan meurt nous n’avons pas de plan B »
Un film riche des rencontres qu’il propose comme ce pêcheur de La Ciotat qui pêche des poissons vivants pour des aquariums et qui explique: « Il faut montrer les dégâts mais aussi ce qui est beau car c’est en voyant ce qui est beau que l’on a envie de protéger cette Méditerranée ». Ce qui ne l’empêche pas d’évoquer aussi la mortalité des gorgones en 2022: « Je n’avais jamais vu cela en 50 ans. Il y a un emballement climatique, la pollution plastique et l’arrivée d’algues invasives ».
Patricia Ricard, la présidente de l’Institut océanographique Paul Ricard intervient également dans le documentaire. A l’issue de la projection, elle explique avoir elle aussi était marquée « par la canicule sous-marine de 2022 ». Elle met en garde : « Si l’Océan meurt nous n’avons pas de plan B ». Mais elle tient aussi à souligner les avancées : « Enfant, lorsque j’allais à la mer je revenais avec du cambouis sous les pieds et je me baignais alors que Marseille ne comptait pas de station d’épuration ». Lance : « Il faut arrêter l’exploitation industrielle du vivant. Développer l’élevage, travailler sur ce que l’on donne aux poissons, valoriser les déchets organiques et alimentaires ». Le champion du monde de plongée reprend : « En matière d’avancées je tiens à noter la création du parc national des calanques qui réglemente les actions humaines et dont on voit les effets en quelques années. Il y a plus de poissons, des espèces sont revenues, des comportements reproducteurs sont plus visibles ».
« Une expédition scientifique sur l’interaction homme/requin »
Morgan Bourc’his prépare déjà une nouvelle aventure : « Une expédition scientifique sur l’interaction homme/requin qui va se dérouler sur 3 à 4 mois entre la Réunion, Maurice, le Mozambique et Madagascar. Je ne suis pas scientifique mais je plongerais sur différentes modalités afin de permettre l’étude des comportements. Il s’agira d’une première ».
Patricia Ricard fait le point sur le travail accompli par l’Institut océanographique Paul Ricard : « A l’Institut on est sur la restauration écologique au Brusc à proximité de l’île des Embiez. Ce programme consiste, avec le soutien de l’Office français de la biodiversité, d’évaluer l’état écologique de la posidonie dans l’ensemble du site Natura 2000». L’Institut océanographique Paul Ricard travaille sur un programme d’aquaculture multitrophique particulièrement novateur. L’idée est d’élever plusieurs espèces simultanément -dans des bassins -, afin que les déchets d’une espèce servent de nourriture à une autre, et ainsi transformer les déchets en ressources. Les élevages seront ainsi plus efficaces, plus rentables et plus soucieux de l’environnement. La quantité de nourriture nécessaire est moins importante, les déchets sont réduits, et l’eau est naturellement épurée par les organismes présents dans le circuit» . Par ailleurs ajoute-t-elle : « Nous avons également créé une croquette pour poissons à base de farine d’insecte ».
Michel CAIRE
