Se dessine un nouveau paysage politique où prédominent les extrêmes. Les modérés sauront-ils proposer une alternative crédible ? Il le faudra, s’ils veulent convaincre les électeurs de ne pas se résoudre à confirmer au second tour les résultats du premier.
Le Macronisme s’est construit en puisant dans les partis de gouvernement. Le « en même temps » et la dissolution ont achevé le processus et donné également le coup de grâce à la majorité présidentielle. Sur leurs décombres, les extrêmes ont donné l’illusion d’un retour à l’opposition traditionnelle entre la gauche et la droite. Rien n’est moins vrai. Ce sont des partis du passé, des fantômes des années 30. Si l’on ne veut pas revivre inlassablement les mêmes tourments, en lieu et place de formations politiques qui s’opposent, préférons-leur des coalitions qui bâtissent ensemble.
Nous avons tous gagné !
A l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives de 2024, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon arboraient tous deux la mine réjouie des grands jours. La première, se rêve déjà présidente de la République. A la suite de ce score historique du RN, mené par Jordan Bardella, la majorité absolue est désormais à portée de main.
Le second, avec ses sbires de LFI, n’ont reculé devant aucun excès pour faire monter le score de l’extrême droite. L’Insoumis fantasme également sur son sacre, mais en 2027, après l’échec d’un gouvernement Lepéniste. Pari risqué.
Nous avons besoin de femmes et d’hommes d’État, pas de politiciens !
En écoutant la longue litanie des discours revanchards ou convenus, véritables « copier-coller» des élections précédentes, on en vient à se demander si une partie du personnel politique a bien conscience de la gravité de la situation. Ils prononcent, tels des automates, des mots vides véhiculant des idées éculées. Leur temps est révolu, ils ne sauront jamais se renouveler.
Face à eux, des personnalités tranchent par leurs paroles de vérité. Je ne ferai que citer Édouard Philippe, Gabriel Attal, François Hollande ou Raphaël Glucksmann. Il y en a d’autres. Pour éviter le pire, ils appellent à laisser les rancœurs ou les différences doctrinales pour un rassemblement de raison. Il n’y a pas d’autre alternative pour que le RN n’ait pas la majorité absolue.
En analysant les scores, les modérés, les démocrates réunis peuvent faire jeu égal avec le RN et LFI.
Que faire au second tour ?
Ces femmes et ces hommes d’État, grandis par l’urgence, ont eu le courage d’appeler au désistement, et à voter, non pas en fonction des partis (hormis le RN), mais au cas par cas pour des candidats partageant les valeurs républicaines, ou pouvant y adhérer à nouveau, – à l’image des exclus de LFI, eux-mêmes victimes du leader Castriste. Le Nouveau Front Populaire, fragilisé par l’extrême gauche, n’a aucune chance d’avoir la majorité absolue contrairement à l’union des droites extrêmes.
Car on ne gagne jamais une élection en se limitant à sa base électorale. Il faut convaincre au-delà de son camp, notamment les électeurs déçus et déboussolés ou tendre la main à d’anciens adversaires pour tisser des alliances. Le vote extrême n’est idéologique que pour une minorité. Il est le plus souvent l’expression d’un rejet, un acte émotionnel. Cet objectif sera sans doute le plus difficile à expliquer après les assauts verbaux auxquels la dernière Assemblée nous a habitués.
Quel projet pour quel avenir ?
Le modèle des partis politiques tels qu’on l’a connu sous la Ve République a vécu. Même les extrêmes s’en éloignent. Ils ont plus en commun avec une secte et son Gourou, pour LFI, ou un clan familial, pour le RN. De ce fait, ils sont appelés à s’éroder car ils excluent tous les « déviants » qu’ils soient élus ou électeurs.
En revanche, sous leur pression, une coalition allant de la gauche modérée à la droite républicaine va se structurer, s’affermir et peut l’emporter en 2027. Pour cela, il faut que le Président Macron termine son mandat. Sinon, il offrira sur un plateau le pouvoir au RN qui ne le lâchera pas de sitôt. Car après les législatives, ils rafleront tout, des municipales à la présidentielle. Avec une réforme constitutionnelle à la clé qui sanctuarisera leur pouvoir pour longtemps.
Nous vivons une période charnière où deux destins diamétralement opposés s’offrent à la France. Notre avenir va s’écrire avec chaque bulletin. Soyons toutes et tous au rendez-vous dimanche, après, il sera trop tard !