Oui, oui et oui ! A l’instar de nos collègues australiens qui ont barré leur une d’un historique «Trois fois oui» , en français dans le texte, nous ne pouvons, au lendemain de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, qu’applaudir l’immense spectacle de ce vendredi soir.
Les sacrifices et restrictions des dernières semaines en valaient bien la peine. Les fâcheux et grincheux pourront toujours aller chercher la petite bête de quelques écrans géants en panne, ou de tableaux plus ou moins bien ressentis selon la sensibilité de chacun, il faudrait être d’une sacrée mauvaise foi pour nier l’immense succès que fut cette inauguration. Joyeuse, enlevée, heureuse et pluvieuse, elle a vu défiler pour la première fois de l’histoire des Jeux, des athlètes tout sourire, épanouis et euphoriques, en dehors de l’enceinte traditionnelle d’un stade. Sous une pluie battante, la Seine n’aura jamais été aussi belle, aussi puissante, aussi accueillante.
Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des JO de Paris 2024, pouvait savourer sa joie et taper dans le mille: «(Ces jeux) sont venus nous rappeler que, même si en France, on n’est jamais d’accord sur rien, dans les moments qui comptent, on sait se rassembler et unir nos forces» , rappelait-il, à bon escient, sous une Tour Eiffel scintillant de mille lasers et avant un «hymne à l’amour» rempli de l’émotion d’une Céline Dion revenue d’entre les morts.
Pour les 16 prochains jours, Paris sera le refuge fier d’une humanité «où vivront ensemble toutes les nations, toutes les cultures, toutes les religions». Paris sera, pour 16 jours, «la plus belle version de l’humanité» . Une version de l’humanité qui aura vu défiler hier soir côte à côte, sous une pluie qui a eu le mérite de ramener petits et grands acteurs au rang de simple humain, trempés jusqu’aux os et ridicules à souhait sous des ponchos de plastique, Israël et Palestine, Corée du Nord et Etats-Unis, Iran et Irak, et tant d’autres qui pour un temps, laisseront leur conflit au placard… Et qui, si ce n’est le pays des droits de l’Homme, pouvait réussir pareil pari ?
Il suffisait de voir la joie des délégations, le bonheur des artistes et l’immense soulagement des autorités pour se dire, une nouvelle fois, qu’à cœur vaillant, rien d’impossible ! France, terre des Hommes… qui n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle ouvre ses bras à ses enfants, tous ses enfants: le relais, entre un Zizou reconverti en Jésus-Christ, et un Nadal, pont magnifique pour tous les enfants d’Europe et du Maghreb, et ces immenses athlètes qui de Manaudou à Tony Parker, savent si bien faire briller la France à l’étranger, restera inoubliable. Ils ont, ensemble, rallumé le chaudron de l’olympisme, qui toutes les nuits veillera sur le sommeil des Parisiens et de leurs hôtes.
Paris, ville monde, qui aura su faire vibrer Français et étrangers dans un show exceptionnel. Exceptionnel, mais pourtant terriblement humain: dans les larmes et l’émotion de Céline Dion n’y avait-t-il pas un peu de la reconnaissance de la fillette de 13 ans qu’elle fut, à ses débuts, quand la France lui donna, la première la chance de se faire connaître? Oui, oui et oui, Tony Estanguet a bien raison: «Ici, quand on aime, on ne fait pas semblant».
Paule COURNET