Publié le 12 juin 2019 à 17h15 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
Pour sa deuxième édition l’association Voiles de l’énergie et de l’environnement (V2E) en association avec l’ONG Green Cross de Jean-Michel Cousteau, a organisé une manifestation mixte, avec vendredi une journée de débats à la CCI Marseille-Provence et samedi et dimanche, des régates sportives, au départ de la Société Nautique de Marseille (SNM) au Vieux-Port, à Marseille. Georges Seimandi, président de V2E et sociétaire de la SNM rappelle le double objectif de cette manifestation, fédérer acteurs de l’énergie et de l’environnement, souvent isolés, voire hostiles, tout en adoptant les valeurs de la voile, coopération, solidarité et engagement, pour mieux relever les défis que posent la préservation de l’environnement et l’énergie, au bord de la mer et en mer et tout particulièrement à Marseille. Pour Nicolas Imbert, directeur exécutif de GreenCross France et Territoires et modérateur des débats, Marseille est une place de choix avec son Grand Port Maritime ouvert sur la Méditerranée.
La première table ronde portée sur «Pourquoi y a-t-il urgence à accélérer la transition ? Comment faire système, jouer en équipe ?» Gaëlle Rebec, Directrice régionale de l’Ademe Paca assiste pour la première fois à cette manifestation, pour échanger avec tous les acteurs du territoire sur «l’urgence climatique et la transition écologique dont on est opérateur». Rappelle la mission de l’Ademe qui consiste à «agir avec les élus en premier lieu, les entreprises. On aide de plus en plus les associations, notamment sur les initiatives citoyennes, tout ce qui est financement participatif sur les énergies, même sur la collecte des déchets» et au niveau régional «on va soutenir classiquement les grands projets d’investissement sur l’économie circulaire, les déchets, les transports, l’énergie et, l’innovation, l’expérimentation». «On se donne le droit d’essayer, poursuit-elle, on prend le risque aux côtés de gens qui veulent porter des projets pour changer la société». Revient longuement sur l’économie circulaire un concept encore mal connu : «Beaucoup de personnes font d’elles-mêmes de l’économie circulaire cela va de l’entreprise qui repense sa façon de concevoir ses produits, c’est l’éco-conception, au fait de l’usager qui gaspille moins d’alimentation, les ressourceries, tout le réseau de réparation qui permet de lutter contre l’obsolescence programmée». Elle met en exergue la valorisation d’un déchet, «soit on le récupère comme une matière en le donnant à son voisin ou sous forme de chaleur pour alimenter des nouveaux quartiers, «on essaie jusqu’au bout de conserver cette matière et cette importance qu’elle a et non pas de considérer qu’on peut la jeter à n’importe quel moment». Enfin, évoque «le paradoxe des énergies renouvelables». «Tout le monde est d’accord, le grand public, sur les énergies renouvelables mais, dès qu’il faut les installer, on n’a pas envie que ce soit proche de chez soi». Elle indique que pour chaque projet, elle demande toujours à une association de gens du cru d’expliquer aux habitants ce dont il est question. «On va de plus en plus vers le fait que le citoyen a son importance dans un projet d’énergie renouvelable». Entretien gaelle_rebec_directrice_ademe_7_06_2019.mp3 Thierry Tatoni, enseignant à Aix Marseille Université (AMU) et directeur de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Imbe) est intervenu lors de la deuxième table ronde consacrée à la plaisance. Souligne le retard de la prise de conscience sur l’état de la ressource halieutique par rapport à celle sur le changement climatique. Dans ce cas, avance Thierry Tatoni: «On commence à en voir les effets, le décalage de la côte, les tempêtes qui se succèdent, les gros coups de mer…». Dans l’autre, «la biodiversité est difficile à percevoir parce que les espèces qui disparaissent ne sont pas forcément connues». Ce qui est le plus sournois dans l’érosion de la biodiversité c’est qu’avant qu’une espèce disparaisse, ce sont les effectifs qui disparaissent…» Sur la question de la disparition éventuelle des poissons, il signale «quelque chose de significatif, la baisse de la taille». «Que ce soit en pêche de loisir ou en pêche professionnelle, on prend de moins en moins de gros poissons». Dénonce «un cercle vicieux, dès l’instant que les poissons ont une ampleur plus réduite et que la demande est de plus en plus grande, … il faut pécher encore plus d’individus pour satisfaire les besoins alimentaires des populations humaines, on accentue, on accélère la disparition de telle ou telle espèce de poissons». Thierry Tatoni appelle à se demander quelle place l’homme a sur la planète, appelle à un changement intellectuel. Enfin, le chercheur émet quelques idées pour la prochaine campagne municipale à Marseille… Et plaide pour inventer un autre Marseille… moderne, ouvert. Entretien thierry_tatoni_universitaire_6_07_2019.mp3 François Jalinot, ancien directeur d’Euroméditerranée et aujourd’hui, vice-président de la Société Nautique de Marseille dresse un bilan contrasté de Marseille, d’un côté il y a ce qu’il appelle «des grandes actions structurantes», le Parc National des Calanques, Euroméditerranée avec les labels Ecocités qu’il doit continuer de «mériter et de développer» avec notamment les deux stations de géothermie marine et il y a encore le contrat de baie pour traiter en amont les 3 rivières l’Huveaune, le Jarret et les Aygalades «qui se déversent dans les eaux de Marseille, ce sont des efforts, à très long terme, structurants, qu’il faut poursuivre» (NDLR le contrat de baie, signé en 2015 ). En revanche «il pense que sur la question de la mobilité, sur la qualité de l’air cette Ville a beaucoup de retard par rapport aux efforts qui sont faits dans d’autres grandes métropoles françaises»…