Publié le 4 mars 2013 à 1h00 - Dernière mise à jour le 6 juin 2023 à 19h19
270 emplois perdus en Paca entre 2008 et 2011
Si le secteur de l’agroalimentaire résiste globalement mieux à la crise que d’autres pans de l’industrie régionale, il n’en a pas moins perdu des emplois entre 2008 et 2011. Près de 220 nouveaux établissements ont certes pris place dans le paysage régional, mais les emplois créés n’ont pas pour autant compensé les baisses d’effectifs liées aux cessations ou baisses d’activités d’unités plus grandes.
Dixième : c’est le modeste rang qu’occupe la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en termes d’emploi dans les industries agroalimentaires alors qu’elle est en deuxième position au niveau du nombre d’établissements, derrière Rhône-Alpes. Un décalage que l’on doit à un tissu économique essentiellement composé de petits établissements : c’est l’un des enseignements majeurs de la dernière étude du Service régional de l’information statistique (SRISE) de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt consacrée à la région Paca.
Si le territoire régional rassemble 8,2% des établissements de l’agroalimentaire français, Paca se caractérise par la coexistence d’une multitude de petites unités de production et de quelques grands leaders nationaux et internationaux implantés de longue date. On trouve en revanche très peu d’unités intermédiaires. Près de 90% des établissements emploient ainsi moins de 20 salariés, et même 83% moins de 10 salariés. A l’autre bout de la chaîne, seuls 33 établissements emploient 100 salariés ou plus. Au final, la région ne rassemble que 3,7% des salariés nationaux recensés dans les industries agroalimentaires.
Début 2011, les industries agroalimentaires employaient en Paca 15 000 salariés répartis dans près de 1 640 établissements, hors boulangeries, pâtisseries et charcuteries artisanales. Un périmètre qui inclut les coopératives viticoles et quelques grosses caves particulières (74 au total), mais exclut en revanche les exploitations viti-vinicoles qui relèvent quant à elles du secteur agricole. Près d’un salarié sur deux (44%) travaille dans un établissement de moins de 50 salariés et seulement un sur quatre (25%) dans un établissement de 150 à 250 salariés. Une répartition qui a peu bougé depuis 2008.
670 équivalents temps plein perdus en 3 ans
Les industries agroalimentaires rassemblent ainsi 13% des salariés de l’industrie manufacturière régionale, une proportion qui a progressé de 1,8 point entre 2008 et 2011. On observe pourtant une nette baisse de l’emploi durant la période. Car si près de 220 établissements ont pris place dans le paysage régional, les emplois qu’ils ont créés n’ont cependant pas compensé les pertes d’effectifs liées aux cessations ou baisses d’activités d’unités plus grandes. Ainsi, entre 2008 et 2011, les industries agroalimentaires ont perdu 270 emplois salariés, soit -1,8% de l’emploi total du secteur. Et la baisse est encore plus rapide si on se réfère au nombre d’heures travaillées : la perte sur 3 ans se chiffre alors à 670 équivalents temps plein (soit -4,7%). Une baisse qui s’explique en partie par un nombre de contrats courts plus important : par exemple, des contrats à durée déterminée (CDD) dont les durées sont moins longues ou des temps partiels.
Cependant, il apparaît que l’emploi dans les industries agroalimentaires a été relativement préservé au regard de la situation observée dans l’ensemble de l’industrie où le nombre d’emplois a diminué de 6,4% entre 2008 et 2011. Ce qui explique la progression en 3 ans de la part des salariés de l’agroalimentaire au sein de l’industrie manufacturière régionale.
Au niveau des spécialisations régionales, Paca se démarque par le poids important des activités liées aux secteurs « Cacao, chocolat, confiserie, sucre, thé, café » et « Boissons » (16% chacun de l’emploi salarié régional des industries agroalimentaires), à la transformation et conservation des « Fruits et légumes » (14%) et aux « Plats préparés et condiments » (12%). La région rassemble même 8,3% de l’emploi salarié national pour la transformation et conservation des « Fruits et légumes ». A l’inverse, l’industrie de la « Viande et du poisson » est très nettement en retrait dans la région au regard de son poids au plan national (11% contre 31%).
42% des emplois localisés dans les Bouches-du-Rhône
Au niveau de l’emploi, c’est le secteur de la transformation et conservation des « Fruits et légumes » qui a été le plus dynamique dans la région entre 2008 et 2011 avec près de 300 postes créés en 3 ans. Des créations d’emplois qui sont en réalité encore plus importantes puisque plusieurs gros établissements du secteur sont désormais classés dans la nouvelle rubrique « Plats préparés ».
La fabrication de pâtes alimentaires (et fabrication industrielle de produits de panification) a en revanche perdu environ 180 emplois salariés en Paca entre 2008 et 2011, malgré la création d’une trentaine d’établissements. Bien que stable en nombre d’établissements, le secteur des « Boissons » a quant à lui perdu 150 emplois salariés, une perte qui affecte surtout les eaux de table et peu la vinification.
Une autre particularité de la région Paca est la répartition très inégale des industries agroalimentaires sur le territoire régional. Les Alpes-Maritimes, le Var, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes souffrent en effet de l’absence de grands établissements de 100 salariés pour plus. Vingt-neuf des 33 recensés dans la région sont en effet localisés dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Et si l’on considère les trois départements des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, ils rassemblent 72% des établissements des industries agroalimentaires présents dans la région et 84% des effectifs.
Les différents secteurs sont plus ou moins représentés au sein des départements. Tous sont présents dans les Bouches-du-Rhône où se trouvent plus de quatre salariés sur dix (42%). A l’inverse, un tiers des salariés varois relève du secteur des « Boissons ». Un secteur qui est également très présent dans le Vaucluse, où cependant le secteur « Fruits et légumes » est dominant.
Un chiffre d’affaires de 3,6 Mds€
Les établissements relevant des industries agroalimentaires localisés en Paca peuvent faire partie d’entreprises plus vastes qui produisent également hors de la région. Si l’on s’en tient à celles dont la majorité des salariés travaille en Paca, elles ont réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 3,6 Mds€. Ces 1 086 entreprises qui emploient 12 220 salariés dégagent une valeur ajoutée de 0,9 Md€. Elles réalisent 2,4% du chiffre d’affaires total national et 3% de la valeur ajoutée nationale du secteur des industries agroalimentaires.
Au niveau de la valeur ajoutée dégagée, la fabrication de « Condiments et assaisonnements » rivalise avec la fabrication de « Cacao, chocolat et confiserie ». Ces deux pans d’activité représentent à eux seuls 25% de la valeur ajoutée des industries agroalimentaires régionales. Ce sont également les deux activités qui dégagent les plus forts excédents bruts d’exploitation. D’autres catégories affichent en revanche de moins bons résultats, à l’instar de la transformation de « Viande de boucherie » ou la fabrication de « Pain et pâtisserie fraîche », dont les résultats nets sont négatifs, ce qui signifie donc des pertes au cours de l’exercice 2010.
Le secteur « Production de vin » représente 11% du chiffre d’affaires régional, tout comme l’industrie des « Fruits et légumes ». En revanche, l’industrie du vin dégage un excédent d’exploitation 2,7 fois supérieur en masse à celui des « Fruits et légumes » (9 M€).
Les industries des « Viandes », « Fruits et légumes », « Boulangerie industrielle » dégagent les taux de marge les plus faibles (inférieurs à 15%), soit deux fois moins que la moyenne nationale. A l’autre extrémité, les industries des « Boissons », des « Corps gras » et « Autres produits » dégagent les taux de marge les plus élevés (supérieurs à 30%).
23% du chiffre d’affaires du secteur réalisé à l’export
La situation géographique de la région Paca, au carrefour des échanges, favorise les exportations. Les entreprises des industries agroalimentaires régionales ont ainsi réalisé, en 2010, 23% de leur chiffre d’affaires à l’export, un taux qui n’atteint que 18% au niveau national en France. Petit secteur par le nombre d’entreprises et de salariés, la fabrication d’« Huiles et graisses raffinées » – incluse dans l’industrie des corps gras – réalise 58% de son chiffre d’affaires à l’export. Le secteur de la « Boulangerie industrielle et des pâtes alimentaires » n’exporte en revanche que moins de 1% de son chiffre d’affaires.
Au final, la majeure partie des 850 M€ d’exportations réalisées par les entreprises agroalimentaires de Paca est le fait de quelques grands groupes. C’est la fabrication de « Condiments et assaisonnements » qui en réalise la plus belle part (89,5 M€) devant celles des « Fruits et légumes » et des « Huiles et graisses raffinées » (environ 63 M€ chacune), suivies de celle des « Boissons » (environ 52 M€).
C’est d’ailleurs ce dernier secteur qui offre les emplois les plus qualifiés puisque la proportion d’ouvriers n’y est que de 37% alors qu’elle s’élève à 55% sur l’ensemble des Industries agroalimentaires régionales. Le secteur des « Boissons » propose ainsi plus de postes dans les catégories intermédiaires et supérieures (employés, professions intermédiaires et cadres). Les ouvriers sont en revanche beaucoup plus nombreux dans les filières de la « Boulangerie industrielle » et celle des « Fruits et légumes » (respectivement 69% et 67%).
Une structure par catégories socioprofessionnelles qui impacte les niveaux moyens de rémunération. Toutes catégories sociales confondues, le secteur des « Boissons » est ainsi celui qui affiche la rémunération moyenne la plus élevée : le salaire annuel brut moyen pour un salarié à temps complet s’élève à 41 000 €. C’est également dans cette branche d’activité que le salaire a connu la plus forte hausse depuis 2008. A l’autre bout de la chaîne, le secteur de la « Boulangerie industrielle et des pâtes » offre des rémunérations nettement moins attractives avec un salaire brut moyen aux environs de 28 000 €. C’est aussi dans ce secteur que le salaire moyen a connu la plus faible augmentation depuis 2007.
S.P.