« Ni gauche ni centre ni droite/Je suis seul sur le « ring »/ Avec ma gauche ma droite: Sans soigneur ni « doping », chantait le regretté Henri Tachan. Ces quelques mots suffisent à résumer l’état d’esprit des athlètes tout au long de ces quinze jours de rêve des JO Paris 2024.
Ils se défiaient dans un esprit Coubertin, au-delà de toute considération ethnique et politique. Au-delà des performances hallucinantes de quelques uns et des efforts de tous les autres, des moments hors normes que constituaient les victoires de Marchand en natation, de Riner en judo, des volleyeurs, des pongistes, des escrimeurs, des cavaliers, on notera l’esprit de communion entre le public et les athlètes.
Exit cette France de la division des couches de la société voulue par des politiciens d’extrême-gauche et d’extrême-droite qui désignent les coupables, qui donnent des leçons de morale à la terre entière, qui vocifèrent leur mépris de l’autre, hurlent leur trop plein de haine, montant chacun contre son voisin.
Exit ces parlementaires qui refusent de serrer la main d’un de leurs collègues pourtant élu comme eux lors d’un vote à l’Assemblée nationale sous le prétexte fallacieux qu’il n’est pas « fréquentable », feignant d’ignorer que demeurer courtois ce n’est pas adhérer aux idées de la personne en face de vous.
Exit cette « bordelisation » de l’Assemblée nationale durant laquelle où l’on se pare de vertus pour montrer que tout ce qui n’est pas de votre bord est un ennemi.
Exit ces sous-entendus droitiers visant à supposer que le danger c’est l’autre venu… de loin ou qui pourrait l’être.
La France des JO Paris 2024 c’est la France qui s’unit, qui chante sa fraternité recouvrée, et sa Liberté chérie. Incroyables moments où les spectateurs entonnèrent de manière spontanée dans des salles archicombles « La Marseillaise » en chœur et avec le cœur, durant les épreuves et pas seulement au moment des hymnes ou de la remise des médailles. Ils étaient venus, ils étaient tous là, jeunes ou pas, riches ou moins gâtés par la fortune, du Nord, du Sud, du Centre, d’au-delà des mers, pour célébrer nos athlètes et crier leur fierté d’être à leurs côtés.
Ils n’en sont pas revenus les pongistes ou les escrimeurs par exemple de vivre leurs compétitions respectives devant des milliers de personnes enflammées d’encouragements alors que d’habitude ils le font devant un public largement plus restreint.
Ils n’en sont pas revenus les sportifs d’être portés par un engouement, une ferveur, un sens du partage d’un tel niveau. D’ailleurs on peut supposer et ce n’est pas faire injure aux athlètes que la fructueuse moisson de médailles obtenues par nos délégations respectives aurait été moindre sans un tel soutien des Français venus les encourager.
La France black, blanc, beur, jaune qui fait la fête ensemble
Alors que tant de politiciens d’extrême-gauche et d’extrême-droite ne cessent de différencier les bons Français des autres qui ne le seraient pas, les JO Paris 2024 les ont vertement renvoyés dans leurs cordes de haine.
La France Paris JO 2024 c’est la France black, blanc, beur, jaune, qui s’unissant fait la fête ensemble qui se moque de savoir qui est riche ou pas, juif, chrétien, musulman, bouddhiste qui croit au ciel ou qui n’y croit pas, ne perdant jamais de vue que l’Olympisme c’est la mise en valeurs des vertus de la paix et du partage.
La France Paris JO 2024 c’est la France insoumise… à la bêtise, au racisme, à l’homophobie, à la désignation d’un bouc-émissaire, et qui oubliant ses différences de points de vue politiques chante que notre pays est beau quand il est uni.
La France Paris JO 2024 c’est la France de la fête et du vivre-ensemble. Ils n’en sont pas revenus non plus les athlètes étrangers d’assister à un tel degré de communion des Français avec leurs sportifs.
Paris… est une fête, et vive Thomas Jolly
Et puis il y a la ville de Paris qui est ressortie grandie de ces jeux. On avait dit que ce serait une folie que de proposer une telle soirée d’ouverture, que ce serait impossible même de la mettre en place. Balivernes que tout cela. Fantasme du pire vanté par toujours les mêmes, ceux qui de tous les bords diffusent le poison de la guerre civile.
Les organisateurs, les politiques gérant la ville de Paris, les autorités en charge de la sécurité, ont redoublé de génie pour que tout se passe bien. Et cela le fut. Bien sûr il y a eu certainement des couacs mais à un tel niveau de réunions des gens comment aurait-il pu en être autrement ? Paris fut célébré dans toutes ses composantes géographiques. De la Seine (quelle idée géniale que d’ouvrir ces jeux sur le fleuve) jusqu’à sa banlieue (Stade de France en tête) pour ce qui fut un triomphe et pas seulement sous l’Arche du même nom.
Bravo Thomas Jolly, vos deux soirées de gala furent merveilleuses, génialissimes, sans fausses notes, et là encore toutes les composantes de notre pays furent célébrées. Votre Paris JO. 2024 ce fut la fête de la diversité ethnique des minorités sociologiques aussi, réunissant artistes classiques ou déjantés, où Céline Dion a fait chavirer le cœur des gens en chantant un « Hymne à la joie » d’anthologie, où malgré la pluie tout s’est déroulé dans le faste, et l’inventivité. A ce sujet on précisera qu’Alexandre Kantorow pianiste d’exception avait enregistré avant son morceau joué et que lors de la cérémonie d’ouverture où il pleuvait des cordes c’était du play-back et que le piano était faux. Là encore magie… Magie du théâtre cette fois. Ce théâtre que Thomas Jolly défend avec tant de grandeur, et d’inventivité conviant à la fête un comédien comme Yuming Hey, la Garde républicaine, la chanteuse Aya Nakamura .
« C’est ça la France »
N’en déplaise aux grincheux, aux intégristes tout crin Nakamura quoi qu’on en pense représentait justement une certaine diversité française. Eh oui, j’ai adoré qu’elle se produise ainsi, même si l’on peut se sentir très éloigné de son esthétisme musical. Des voltigeurs, sur les toits, des danseuses du French Cancan, du beau, de l’insolite du populaire et du haut de gamme, je prends tout. Et surtout ce cheval ailé d’une beauté stupéfiante qui symbolisant la période antique traversa Paris et que Thomas Jolly évoque parfois dans ses propres spectacles. Une apparition magique comme suspendu hors du temps. En conclusion pour résumer terminons comme nous l’avons commencé par une chanson. Celle de Marc Lavoine cette fois qui dans « C’est ça la France » dit:
« Du Chili dans les gamelles et du vin dans les bidons
C’est ça la France
Du Laguiole à l’Opinel partager les saucissons
C’est ça la France
On est tous des frères selon les déclarations
Enfin je pense faut jamais les oublier
Les trois mots qui finissent en Té »
Oui avec Paris JO 2024 c’est ça la France. Celle de la fraternité, de la liberté, de l’égalité. Une France jamais repliée sur elle-même mais ouverte au monde. Preuve cette soirée de clôture gigantesque qui a vu Tom Cruise venir faire le lien entre les JO 2024 et ceux de Los Angeles. Et merci à tous ceux, forces de l’ordre comprises qui ont permis que cela soit et que cela fut. Aboyeurs de l’extrême passez votre chemin…Vous avez perdu et Paris a gagné.
Jean-Rémi BARLAND
