Publié le 1 juillet 2019 à 22h34 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h00
Le prix Gabriel Dussurget remis à Raphaël Pichon, une chaude nuit d’été enchantée par les airs de «Tosca » en forme de Parade[s] populaire et joyeuse, le rideau est tombé sur «Aix en juin», génial prélude, et va se lever sur la 71e édition du Festival d’Aix-en-Provence, la première composée par le nouveau directeur de la manifestation, Pierre Audi. D’entrée de jeu, le nouveau directeur a décidé de marquer son territoire et de personnaliser une programmation qui décoiffe. Si Mozart ouvre le bal avec son Requiem, Raphaël Pichon et Romeo Castellucci se sont vus confier deux missions, le premier d’enrichir la partition inachevée, l’autre de créer une scénographie pour l’accompagner. Des œuvres de Rihm, Maor et Weill sont aussi à l’affiche et, pour la première fois en 70 ans, «Tosca», le chef d’œuvre de Puccini, sera donné dans le cadre du festival. Une vision scéniquement travaillée par Christophe Honoré et placée sous la direction musicale du maestro Daniele Rustioni qui, a même pas quarante ans, se taille déjà de beaux succès un peu partout dans le monde. A la tête de l’orchestre de l’Opéra de Lyon, dont il est le directeur musical, le transalpin n’est pas peu fier d’avoir été choisi pour cette première festivalière. «C’est un honneur pour moi d’être ici », souligne-t-il en souriant. Un honneur mais aussi un challenge pour cet artiste dirigeant ici la troisième production de Tosca de sa carrière. Défis multiples pour le maestro qui se retrouve face à la prise du rôle-titre par Angel Blue, face à ce monument qu’est Joseph Calleja et face à la mise en scène de Christophe Honoré qui a décidé de proposer une évocation mélancolique de la créature de scène et de son qu’est la diva. «J’aime le parti pris de Christophe Honoré pour cette production, confie Daniel Rustioni. Ce côté ouverture d’esprit qui nous éloigne un peu de la tradition et du sens aigu du détail pratiqué dans sa partition par Puccini. Ce qui m’intéresse c’est qu’il a fallu regarder la partition comme la première fois pour en livrer une interprétation objective qui est plus rationnelle que puriste. Ce qui est intéressant, avec Christophe Honoré, c’est qu’il développe une vision nouvelle des œuvres sans pour autant aller contre la musique. Cette Tosca est différente de ce qui a pu être fait jusqu’alors. Le travail sur les caractères des personnages est énorme. Et il y a aussi des surprises… Mais pour cette première à Aix-en-Provence il était nécessaire de faire quelque chose de particulier.» Daniele Rustioni, pour jeune qu’il soit, a déjà dirigé dans les plus grands théâtres du monde. «A chaque fois, c’est une expérience enrichissante. J’ai fait le choix de devenir chef d’orchestre à l’issue de mes études ; j’avais 24 ans. Un choix très particulier pour un musicien puisque son instrument c’est l’orchestre. Au début ce fut très difficile ; c’est un acte de fidélité pour une passion qui implique d’accepter d’être pauvre, un temps, celui de grandir et de prouver que son choix était le bon.» Aujourd’hui Daniel Rustioni fait partie des meilleurs de sa génération. Esprit libre, il affirme: «Je veux livrer de nouvelles interprétations tout en ayant conscience du passé. Il faut laisser ses racines puiser dans le golden âge de l’opéra pour forger sa propre personnalité.» Nul doute que cette personnalité fera florès dès jeudi soir dans la cour mythique du festival.
Michel EGEA
Pratique. « Tosca » de Giacomo Puccini: les 4, 6, 9, 12, 15, 17, 20 et
22 juillet à 21h30 au Théâtre de l’Archevêché. Billetterie, place des Martyrs de la Résistance à Aix-en-Provence de 10 heures à 19 heures. Plus d’info et réservations festival-aix.com