On connaît « The wonderful Wizard of Oz », roman pour enfants écrit par Lyman Frank Braum, publié en 1900 et qui a donné naissance au film mythique « Le magicien d’Oz » réalisé en partie par Victor Fleming avec la non moins mythique Judy Garland. Il y a désormais « Oz » pièce de théâtre librement inspirée du livre qui, signée Robert Sandoz, est produite par le Théâtre Am Stram Gram – Genève en co-production avec le Petit Théâtre de Lausanne.
Mise en scène par Joan Mompart, acteur que l’on a vu entre autres dans le rôle du proviseur sur le chef d’oeuvre d’Omar Porras « La visite de la vieille dame » et qui dirige depuis 2021 ce même Théâtre Am Stram Gram, l’œuvre se veut avant tout un conte moderne sur l’expérience du manque et l’acceptation d’autrui dans sa différence. Sur le plateau un mur de doudous et peluches concoctés par cinq couturières ayant tout cousu pendant cinq semaines. Le résultat est assez spectaculaire et offre aux spectateurs plutôt jeunes l’occasion d’ouvrir leurs propres boites aux rêves.
Au départ du projet un rêve justement entrepris par Joan Mompart où il voyait Dorothée se disputer avec son père qui refuse de lui acheter cette paire de chaussures qu’elle convoitait dans ce centre commercial bondé. Elle s’énerve, pleure, s’évanouit alors et atterrit dans une chambre pleine de doudous et se voit dormir dans son lit où du mur sortent les personnages du magicien d’Oz. Joan envoie le détail de son rêve à Robert Sandoz qui la met en dialogues avec au cœur de son dispositif les personnages de la fiction et ceux du centre commercial qui s’entrecroisent. Le vigile du centre commercial devient l’homme de paille, le boucher du centre commercial devient l’homme métallique resté bloqué, la patronne du centre commercial devient la lionne patronne qui a peur de tous ses employés, et Dorothy symbolise au départ l’avoir plutôt que l’être.
« La magie c’est la relation à l’autre »
Sur scène Alice Delagrave est la lionne. Clémentine Le Bas incarne Dorothy, Matteo Prandi, le vigile, son collègue Quentin Texeira est le boucher tandis que Magali Heu jouera les sorcières. Plein d’énergie, sympathique à souhait, mêlant vidéos, extraits du film et ode à la fiction ce « Oz » laisse entrevoir une idée forte. A savoir que « la magie c’est la relation à l’autre». La sorcière du Nord qui délivre la méchante sorcière de l’Est, ce Vigile qui n’a pas de cervelle et qui mélange les mots, ce boucher aux muscles paralysés, ce gardien sans cœur apparaissent et disparaissent autour de Dorothy et d’une mer de larmes salées chargée de montrer en substance qu’il faut sauver la planète et qu’avoir des parents ça demande… de la patience. Durant une heure de spectacle, joyeusement naïf, petits et grands se sont retrouvés pour applaudir cette belle métaphore de « la vie est une fête magique pour peu qu’on ouvre son cœur à l’autre » Une réussite en tout cas !
Jean-Rémi BARLAND