Publié le 4 novembre 2024 à 8h54 - Dernière mise à jour le 5 novembre 2024 à 9h25
Alors que la majorité régionale entend s’appuyer sur l’obtention des JOP d’hiver 2030, son bilan de mi-mandat, le RN a vivement attaqué la majorité sur ce dossier, sur sa politique en direction de l’ESS critiquant avec force cette dernière. Un RN qui, en revanche, entend se donner le beau rôle notamment dans un dossier tel que celui de la conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tiendra à Nice. Ce qui n’a pas manqué d’entraîner quelques réactions de Renaud Muselier, le président de la Région.
Renaud Muselier, le président de la région Sud, a ouvert la plénière par une déclaration de politique générale lors de laquelle il a évoqué le bilan de sa majorité à mi-mandat : «Cette session est en effet particulière puisqu’elle marque le passage à la deuxième partie de notre mandat et nous avons tenu 90% de nos engagements. Nous avons voté le premier budget 100% vert, le taux de chômage est au plus bas, nous avons amélioré la circulation des trains. Concernant l’Europe, nous recevions 300 millions sous Michel Vauzelle, nous avons eu 5 milliards lors du premier mandat et nous en sommes déjà à 5 milliards lors de celui-ci, nous pouvons atteindre les 10 milliards. Les escales zéro fumée connaissent un véritable impact…»
Puis d’en venir aux Jeux d’hiver 2030 : « Une réunion vient de se tenir à Paris avec le Premier ministre, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, le CIO, le comité para-olympique. Réunion lors de laquelle a été validé la Délégation interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques (Dijop). Cette délégation est rattachée au Premier ministre et accompagne la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 en coordonnant les actions des différents ministères.» Et comme cela avait été décidé par Renaud Muselier et Laurent Wauquier, la Société de livraison des équipements olympique (Solideo) sera installée à Marseille tandis que le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop) sera à Lyon. « Il y aura un sportif à la tête du Cojo et un politique à la tête de la Solideo. Le 1er décembre tout sera opérationnel. »
Les Jeux s’invitent ainsi à la plénière. Avec l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 aux Alpes françaises, la Région accélère ses investissements. «Pour nos montagnes et nos vallées, nos athlètes, votre mobilité, nous saisissons cette opportunité historique pour un développement durable et équilibré de nos territoires. » Ces investissements concernent: un Plan régional de développement des sports de montagne 2025-2030 de 42 M€ . Une équipe « Champions du Sud Objectif Jeux 2030 » pour aider financièrement les sportifs de haut niveau licenciés en Région Sud. Un renforcement de l’accompagnement régional pour les ligues, comités et clubs, le lancement d’un plan de détection pour identifier les talents de demain. Favoriser le développement de la pratique de disciplines dites émergentes, telles que le ski alpinisme ou le ski de vitesse. Il est aussi question d’initier des projets sportifs et éducatifs au seins des lycées de la Région tandis qu’un Centre de préparation aux grands événements sportifs va voir le jour dans la Vallée de l’Ubaye.
« On va continuer à investir massivement dans nos infrastructures »
Mais, avant d’aborder une série de dossiers, Pierre Paul Leonelli, vice-président de la commission finances, est revenu sur le bilan à mi-mandat: «Aussi bon soit-il, il n’est qu’une étape dans la transformation de la Région. On va continuer à investir massivement dans nos infrastructures, notamment dans les transports pour garanti à nos concitoyens des conditions de déplacements et de mobilité toujours plus fluide. Nous allons poursuivre nos efforts pour le développement des filières d’excellence notamment dans les énergies renouvelables. Nous sommes également résolu à faire de la jeunesse une de nos priorités absolues.»
Le RN Franck Allisio dénonce cette intervention: «Dans le bilan il y a ce qui s’est fait sans que la majorité y soit pour quelque chose, notamment sur la biodiversité. Ce qui est annoncé n’a pas vu le jour». Et il affirme: « Votre bilan est poussif.» Il en profite pour avancer que le bilan était bien meilleur « quand nous dirigions la Région avec Jean-Claude Gaudin.» Propos qui traduisent la volonté du RN de continuer à siphonner élus et voix de ce qui reste de la droite classique. Christophe Madrolle, président de la commission « Biodiversité, mer et littoral… réagit : « Votre méconnaissance en matière de changement climatique et de biodiversité est inquiétante. Depuis 3 ans on travaille sur le trait de côte, sur la posidonie… On est fiers du travail accompli pour la défense de l’environnement et le développement de l’économie durable. En 2100 nous risquons d’avoir 3 ou 4 degrés de plus. La politique c’est anticiper et c’est ce que nous faisons. ». Les transports ont également été attaqués par le RN, Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge de ce dossier répond : « Nous avons augmenté l’offre de plus de 10% et nous allons encore l’augmenter d’autant. Et les résultats sont là avec 35 millions d’usagers du train, 17 millions d’usagers des autocars, + 28% d’usagers depuis 2018 et une baisse de la fraude sur la même période de 22%. »
Conférence des Nations Unies sur l’Océan : échanges musclés entre le RN et Renaud Muselier
Après deux premières éditions à New York, en 2017 et à Lisbonne en 2022, la France et le Costa Rica co-organisent la troisième conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice du 9 au 13 juin 2025. Dix ans après la COP 21 et l’Accord de Paris, cette troisième conférence sur les Océans entend réunir l’ensemble des États membres des Nations Unies, les agences spécialisées, la société civile, le secteur privé et les donateurs internationaux.
Dans ce cadre Magalie Altounian, adjointe au maire de Nice indique que la région veut impliquer les acteurs du monde maritime régional, notamment à travers son Parlement de la mer dans ces travaux. L’intervention de Laurent Merengone, RN, ne manquera pas de sidéré Renaud Muselier. Pour l’élu RN: « Ce n’est pas un hasard si la Conférence se tient à Nice » avant d’affirmer que le RN a été le premier à mettre en avant les enjeux de la Méditerranée, une priorité, non seulement sur un plan environnemental mais aussi de la souveraineté. « Nous devons être un acteur reconnu auprès de l’ONU et du Costa-Rica. Notre région doit s’imposer sur la scène mondiale » et de conclure en apportant le soutien de son groupe à Paul Watson. « C’est invraisemblable, lance, après un moment de stupeur, Renaud Muselier. Je suis sidéré. Effectivement ce n’est pas un hasard que cette conférence est arrivée dans notre région. C’est votre ennemi intime, celui que vous détestez toute la journée qui l’a voulue : le Président Macron. » « Et si cette rencontre va avoir lieu dans la région, poursuit-il, c’est parce que, avec le soutien du Président Macron et de Jean Yves Le Drian, nous avons pu être la première région de France à se jumeler avec un Etat, le Costa Rica connu pour sa politique de développement durable. Et qu’est-ce que je n’ai pas entendu comme critiques dans vos rangs pendant des années. Maintenant vous tenez ces propos mais quand il faudra cofinancer cette conférence… Dans tous les cas ce n’est pas un hasard si la conférence a lieu à Nice c’est le fruit d’un travail. »
200 M€ pour l’accompagnement des TPE et PME
Pour soutenir la croissance, l’innovation et la transition écologique des Très Petites Entreprises (TPE) et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), deux nouveaux dispositifs d’accompagnement et de financement voient le jour : Fonds d’Investissement RSI 3 et Sud Garantie. Ils sont dotés d’un budget global de près de 200M€. Le Fonds d’Investissement RSI 3, co-financé avec l’Europe, est un nouveau dispositif qui répond aux besoins des entreprises en phase de croissance, en leur apportant les financements nécessaires pour renforcer leurs fonds propres et quasi-fonds propres. Sud Garantie, permet de faciliter l’accès au crédit bancaire en apportant une garantie de 70% pour des prêts à moyen et long terme, allant de 10 000 € à 1 M€. Co-financé avec l’Europe, il cible en particulier les projets de reprise/transmission ou de lancement des secteurs confrontés à des difficultés croissantes pour accéder aux crédits. Ce fonds pourrait venir en aide à 300 PME sur les 4 prochaines années en octroyant près de 100M€ de prêts bancaires.
Le RN dit non à l’ESS
Agnès Rossi, déléguée à l’économie sociale et solidaire (ESS), présente le dossier de soutien à ce secteur qui, indique-t-elle «compte 11 700 entreprises pour 173 000 salariés dans la région Sud, soit 13% de l’emploi privé et 7% du PIB. » Rappelle : «L’ESS constitue une part importante de l’économie régionale. Nous souhaitons donc renforcer notre soutien à ce secteur en partant de la stratégie régionale qui encourage la création d’entreprises leaders. » Pour l’élue : « Ces entreprises non seulement génèreront des bénéfices économiques et sociaux pour le territoire mais contribueront à la résolution des défis posés à la transition écologique grâce à leur capacité d’innovation et d’expérimentation.» Agnès Rossi met en exergue que « la consultation et la mobilisation de plus de 300 acteurs et un travail avec la Chambre régionale de l’ESS ont abouti à la réalisation d’une feuille de route fédératrice visant à renforcer l’ESS pour permettre son développement, renforcer son impact économique, social et écologique dans la région. Développer le lien entre l’économie classique, diffuser les valeurs de l’ESS, positionner l’ESS comme pionnière pour répondre aux enjeux du vieillissement de la population et aux besoins spécifiques des territoires notamment en zone rurale. »
Tout ceci ne vaut pas grand-chose pour le RN qui, par la voix de Jean-Louis Geiger, concède que l’ESS peut être utile « dans certains secteurs ruraux ou de montagne » mais c’est pour mieux s’en prendre à Longo Maï où les gens seraient «mal habillés». Concernant les Scop, le jugement tombe et il est sans appel le RN : « C’est de la concurrence déloyale pour les TPE-PME ». Et concernant les Scop dans l’industrie ? « Ce n’est pas sérieux » pour le Rniste. La condamnation tombe : « Réduisons de moitié le budget important donné à ce secteur. » C’en est beaucoup, beaucoup trop pour Renaud Muselier qui rétorque : « Vous êtes un homme du passé qui a raté tous les virages. L’ESS, encore une fois c’est 173 000 emplois dans la région, c’est 20% des emplois à Marseille. Et vous dites on arrête. C’est votre choix, assumez-le. Ce sont des centres de soins que l’on devrait fermer. Assumez. Et vous osez dire qu’ils sont mal habillés. C’est incroyable. »
Escale zéro fumée
Dès 2025, et pour la première fois en Méditerranée, un navire de croisière pourra se brancher à quai à Marseille. D’ici 2027, ce sont 3 navires de croisière qui pourront être connectés en simultané. Avec cette nouvelle étape franchie, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur poursuit sa démarche ambitieuse en faveur d’une transition écologique des ports de son territoire. Lancé en 2019, le plan « Escale Zéro Fumée » a déjà permis de réduire significativement la pollution de l’air dans les ports de Marseille, Toulon et Nice, notamment grâce à la connexion électrique des ferries. Depuis 2020, on note la baisse de 35 % de la concentration de particules fines soufrées, et la division par 7 des émissions de dioxyde de soufre, qui sont aussi le fruit de ces efforts, comme la baisse depuis 2020 des émissions d’oxyde d’azote. Fort de ce succès, la Région souhaite désormais étendre cette démarche aux navires de croisière, qui représentent une part importante du trafic maritime à Marseille.
«Une première étape a été franchie au printemps avec les travaux du Môle Léon Gourret et une contribution de la Région de 5 M€. Une deuxième étape est franchie aujourd’hui avec le vote d’un nouveau soutien de la Région de 3,8 M€ pour permettre dès 2027 la connexion en simultané d’un troisième bateau de croisières. « Escales Zéro Fumée » est la démonstration que nous sommes capables de concilier économie et écologie, sans interdire, sans bloquer mais simplement en accompagnant la communauté portuaire et en misant sur les solutions nouvelles qu’elle promeut», indique Renaud Muselier qui indique que l’Acte II de ce plan vise à garantir une meilleure qualité de l’air « en réduisant les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote, nous améliorons la santé des habitants vivant à proximité des ports ». Un acte II qui s’inscrit dans l’engagement de la Région Sud à réduire son empreinte carbone et à promouvoir des modes de transport plus propres. Le président de Région précisant : « Les croisières propres sont de plus en plus demandées par les voyageurs, qui souhaitent concilier plaisir et respect de l’environnement. »
1 000 bornes de recharge électrique
Pour proposer une offre touristique plus responsable et pour faciliter les déplacements, la Région Sud lance le dispositif « 1 000 bornes » de recharge électrique pour tous les professionnels de tourisme. Après avoir équipé 250 gîtes et centres de vacances, le dispositif « 1 000 bornes », doté de 500 000 €, vise à équiper plus de 200 professionnels du tourisme en bornes de recharge pour véhicules électriques et en infrastructures pour les cyclotouristes. Pour chaque projet, la Région proposera une aide pouvant atteindre jusqu’à 3 000 €. « Chez nous, le tourisme, c’est toute l’année et autant dans nos Alpes, en Provence que sur la Côte d’Azur. Il est de notre responsabilité de préserver notre territoire parce que notre Région est bénie des Dieux. Avec ce nouveau dispositif, nous déploierons 1 000 bornes sur tout le territoire pour faciliter une nouvelle mobilité, avec des transports durables et respectueux de l’environnement », a précisé Renaud Muselier.
IA
La Région a adopté son Plan Sud pour des intelligences artificielles 2024-2028. Les objectifs sont de faire de l’Intelligence Artificielle (IA) un outil utile aux citoyens et aux entreprises, accessible à tous et soutenir l’excellence des chercheurs et des startups régionales. Ce plan, doté de 70 M€ sur 5 ans, se décline en 3 axes pour 22 mesures :
- gouvernance régionale des IA et modernisation de l’administration, avec notamment une charte d’utilisation de l’IA,
- Acculturation et sensibilisation de tous, du grand public aux entreprises en passant par les jeunes et les élus,
- renforcement et attractivité de l’écosystème régional : soutien à la recherche, à la formation et à l’innovation.
- Plusieurs dispositifs publics régionaux seront prochainement créés ou adaptés pour intégrer les enjeux de l’IA : aides à la numérisation des entreprises, avec les dispositifs « Mon Assistant IA » et « Moove2Digital », financement de thèses doctorales et accélération de projets structurants, accompagnement des territoires pour la modernisation de leurs services selon leurs enjeux et besoins.
Michel CAIRE