Publié le 22 juillet 2019 à 9h53 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h06
Un policier arrête un jeune garçon, sans véritable motif. La situation, presque insignifiante au début, devient progressivement cauchemardesque pour celui qui est en fait la victime absolue d’un mouvement arbitraire et violent. Tension et quiproquos pour le spectateur, avec au final la parole d’un flic que l’on pressent au bout du rouleau, et qui déverse sur sa victime étonnée, muette, inquiète et hurlant son désespoir son propre point de vue sur l’argent, la prison, la discipline, l’état du pays, du monde. Comme dans tous les spectacles mis en scène par Christophe Laluque, la parole prime sur l’intrigue. Aussi comprend-on aisément pourquoi il s’est emparé de ce texte écrit par Mario Batista auteur dont on devine assez mal, en revanche, où il veut en venir. Sur scène dans ce huis-clos d’une heure, Bruno Pesenti campe ce flic inquiétant, avec force, et il convainc. Mais la puissance de ce spectacle tient dans l’interprétation hallucinante de vérité de Tigran Mekhitarian dans le rôle du jeune garçon arrêté, menotté, abîmé. Déjà remarquable l’an dernier dans «Deux frères», donné dans le Off le jeune acteur s’impose même sans avoir beaucoup de paroles à prononcer. Il a une présence quasi animale et fait surgir d’un geste, d’une attitude, d’un cri la souffrance de tous les humiliés du monde. A lui seul il fait de cette pièce un diamant brut et la transforme en un chant de révolte invitant à la sédition tous les damnés de la terre.
Jean-Rémi BARLAND
« L’arrestation » à l’Artéphile Théâtre au 7, rue Bourg Neuf – Avignon- jusqu’au 27 juillet à 20h15. Tarifs 15 € – 10 € – Réservations : 04 90 03 01 90 – artephile.com