« La nature ne fait rien en vain », enseignait au IV siècle avant Jésus-Christ le philosophe Aristote. Presque 2 400 ans plus tard le microcosme politique paraît avoir oublié cette vérité essentielle.
La chute du gouvernement Barnier a, en effet, plongé le pays au cœur d’une instabilité assez profonde. Le vaisseau France, sans capitaine, navigue à vue, menacé en outre par le récif des extrêmes et les vagues revanchardes du populisme. Une question émerge alors. Quel projet pour apaiser la tempête. La réponse est limpide : l’écologie. Non pas l’écologie portée par Les Écologistes (EELV) qui ont fait le choix d’être marginalisés au sein du Nouveau Front Populaire (NFP) mais l’écologie raisonnable, entrepreneuriale à l’écoute des territoires.
La nouvelle génération de dirigeants, de ministres ou de décideurs, auraient pu tenir fermement la barre pour affronter la crise climatique. Aussi brillant que puissent être Gabriel Attal, Benjamin Haddad ou encore Antoine Armand, la question de l’écologie reste chez eux comme une sorte d’angle mort. Prisonnière d’une vision à court terme, cette « jeune garde» se contente souvent d’annonce aussi généraliste que sans lendemain.
Le fossé est donc béant. L’urgence environnementale, pourtant, ne cesse de s’aggraver. En 2023, la pays a, par exemple, franchi des seuils alarmants : une augmentation moyenne des températures de +1,8 °C par rapport à l’ère préindustrielle, des canicules causant plus de 15 000 décès sur les trois dernières années, et une pollution de l’air responsable de 40 000 morts prématurés chaque année. Ces chiffres ne sont pas abstraits : ils traduisent un impact direct sur la santé et les inégalités sociales. Les populations pauvres, déjà fragilisées, sont les plus exposées aux pollutions et aux catastrophes. La Nation, nous pesons nos mots, est écologiquement dégradée.
«L’oubli de l’écologie» est d’autant plus frappant que la société civile, elle, est déjà en mouvement. Associations locales, entreprises, élus de terrain, agriculteurs en transition : tous travaillent à bâtir un avenir plus vert. Mais c’est surtout la jeunesse qui porte cette aspiration avec force. Elle ne demande pas, elle exige une transformation radicale, des mesures concrètes pour réparer une planète qu’elle sait abîmée. Notre jeunesse ne croit plus aux promesses lointaines ni aux demi-mesures; elle désire une écologie ambitieuse, qui parle à leur espoir et répond à leurs angoisses.
Face à cette double fracture -avec la réalité climatique et avec la société- l’écologie est la seule force capable de fédérer. Nous sommes les bâtisseurs d’une écologie responsable, lucide, susceptible de concilier urgence environnementale et développement économique. Les solutions existent : elles passent par l’économie bleue, la valorisation des ressources marines, les solutions fondées sur la nature, la restauration des écosystèmes, et l’innovation technologique. Ce modèle d’écologie pragmatique est porté par des territoires, des entreprises, et des citoyens refusant de choisir entre emploi et environnement.
L’écologie n’est donc pas seulement qu’une magnifique utopie : elle incarne un levier pour réinventer le pacte social et refonder un projet collectif. Elle peut devenir l’âme d’une majorité nouvelle, capable de rassembler une droite républicaine, fidèle à son héritage gaulliste, un centre humaniste et une gauche démocrate, tout en mobilisant les classes moyennes et les entrepreneurs visionnaires. Unies autour d’un «futur durable», ces forces peuvent dépasser les clivages traditionnels et travailler sur des projets partagés. La nature, en définitive, n’est pas «censurable». Il est par conséquent temps que l’écologie concrète gouverne.
