Le conseil de municipal de Marseille a offert une place de choix au Grand port de Marseille puisque c’est lui qui a eu l’honneur d’ouvrir les débats lors de la séance de ce 12 décembre. Un dossier d’importance qui a mis en lumière le rapprochement entre le vaisseau municipal et celui du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Provence.
En avant-propos Benoît Payan, le maire de Marseille rappelle : « Le développement de la ville passe et passera par le port » avant de signaler : « Pour la première fois le conseil municipal de Marseille met en débat une feuille stratégique autour du port ». Débat au cours duquel Martine Vassal a annoncé travailler avec les services de la préfecture «pour mettre en place une structure réunissant l’ensemble des interlocuteurs concernés par le grand port. » Pendant qu’Isabelle Campagnola-Savon, proche de Renaud Muselier trouve «culotté cette découverte du chemin du grand port » après avoir été contre « la réparation navale et les croisières».
« Nous sommes fiers d’eux »
Benoît Payan reconnaît « les efforts accomplis depuis des années par le port en termes de développements industriel et durable. » Avant de rendre hommage « à cet outil très précieux qui fait vivre des milliers de familles et permet à des millions de Français de pouvoir recevoir des marchandises qui transitent par Marseille. » Il salue: « tous les acteurs du port qui chaque jour travaillent à l’amélioration des conditions de travail du personnel, des conditions industrielles et environnementales. » Et lance: « Nous sommes fiers d’eux.»
« Le port et la ville se sont longtemps tournés le dos »
Le député Laurent Lhardit (NFP-PS), conseiller municipal, présente le dossier. Il constate : « Le port et la ville se sont longtemps tournés le dos, une incongruité qui a duré quelques décennies. Aujourd’hui il s’agit de travailler ensemble sur la relation ville-port alors que la concurrence internationale se structure. Or, dans un contexte de désordre du monde le port s’affirme non seulement comme un pilier solide de notre économie locale mais aussi comme un outil de souveraineté essentiel de la France et de l’Europe ainsi qu’un acteur clé du commerce international. » D’insister également sur les enjeux de l’urgence climatique « qui imposent de concilier les enjeux de développement économique et de l’emploi avec ceux de la préservation de l’environnement, de la santé publique et de l’amélioration du cadre de vie des habitants. » Et de considérer : « Le premier enjeu est de reconquérir le cœur des Marseillais.»
« Pourquoi une telle déclaration aujourd’hui »
Cédric Dudieuzère, RN juge : « Le Printemps Marseillais a toujours été jusque-là hostile au port. Aujourd’hui vous effectuez un virage à 180 degrés mais je crains qu’il ne s’agisse plus d’une posture que d’une évolution de vos convictions. » Avant d’annoncer un vote favorable de son groupe.
Isabelle Campagnola-Savon s’interroge elle aussi « Pourquoi une telle déclaration aujourd’hui alors que pendant trois ans vous avez été contre les croisières et la réparation navale. Des croisières qui, comme le montre une étude, rapporte 78 euros en moyenne par croisiériste pour ceux qui embarquent et débarquent à Marseille et 57 euros en moyenne pour ceux qui transitent par notre ville et cela, multiplié par le mission de croisiéristes que nous accueillons. » Et elle constate que « seulement 3 millions d’euros sont fléchés vers la réparation navale. »
Pour Stéphane Ravier, Marseille d’abord, ex-zemouriste, les choses sont simples : « Le patron du port c’est la CGT et elle a toujours voulu tuer le port. » Une déclaration qui pousse Benoît Payan à réagir : « Tant que ce n’est pas vous cela me va. Et je vous rappelle que vous n’êtes pas là pour taper sur les syndicats, les salariés. Mais, en fait, je pense que ce qui vous embête c’est que nous avançons. »
« Limiter les nuisances pour la santé de la population »
Sébastien Barles, Les Écologistes, reconnaît à son tour l’importance du port « avec ses 42 000 emplois ». Mais, ajoute-t-il: «C’est aussi une source de pollution. Donc nous devons maintenir de l’activité maritime mais aussi limiter les nuisances pour la santé de la population. » Il faut pour cela, selon lui: « Imposer aux armateurs l’utilisation de modes de propulsion alternatifs à l’énergie fossile ». Concernant la réparation navale, Sébastien Barles considère: «Elle doit être maintenue et modernisée pour que les riverains souffrent moins des nuisances, les salariés travaillent dans de meilleures conditions. C’est un enjeu de créer une filière d’excellence et de créer une école de formation pour permettre à des jeunes marseillais d’apprendre ces métiers d’avenir. » Un autre enjeu réside pour lui dans les réglementations notamment sur la taille et le nombre de bateaux que pourraient accueillir Marseille. D’en venir à l’énergie renouvelable, plaide en faveur « de l’éolien off-shore, l’énergie houlomotrice, le développement des boucles de thalassothérapie. Dans le même temps, il faut freiner les Data centers et il faut pousser les armateurs à payer la transition et utiliser l’arme de la redevance. Barcelone l’expérimente.»
Pour Samia Ghali, maire-adjointe : « Le port doit se développer, mais sans conflit d’usage » et de mettre en avant un travail accompli en ce sens « avec le préfet et la métropole pour réfléchir au devenir du port. » Martine Vassal enchaîne : « Le port est un élément structurant qui ne doit plus tourner le dos à la ville ». D’insister sur l’importance «de rassembler l’ensemble des communes concernées pour favoriser le développement du port et sa décarbonation. »
Marie-Josée Cermolacce conseillère municipale (PCF) se félicite de cette feuille de route avant de mettre juste un bémol sur les propos dénonçant les croisières : « Il faut savoir que 50% de la réparation navale est en lien avec la croisière».
Laurent Lhardit de conclure : « Cette feuille de route est le commencement de quelque chose ». Se dit sensible « aux propos de Martine Vassal sur l’importance de l’outil portuaire pour la métropole. Et Marseille, capitale de la métropole , a les bassins Est, il faut donc encore plus approfondir notre dialogue ». Concernant les croisières, il considère : «Comme pour les Data centers c’est une question de régulation. Or nous n’avons pas la main pour réguler contrairement à Nice ou Monaco qui ont agi en ce sens. »
Michel CAIRE