Publié le 22 septembre 2013 à 22h46 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h19
Harlem Désir était ce dimanche 22 septembre à Marseille pour une répétition générale du vote des primaires socialistes à Marseille qui auront lieu le 13 et le 20 octobre. Cette opération qui entendait accentuer la mobilisation citoyenne et les enjeux de cette primaire a en fait surtout tourné autour d’un absent : le Président du Conseil général 13, Jean-Noël Guérini. Harlem Désir lançant : « Guérini c’est fini au PS », avant d’expliquer qu’une Haute Autorité du PS doit se mettre en place sous peu, conformément aux statuts votés, composée d’adhérents et de non adhérents du PS. Cette dernière donnera un avis à partir duquel le conseil national du PS prendra une position. Les affaires internes ont donc été au cœur d’une réunion. Pas sûr que cela favorise la dynamique citoyenne. Et c’est peu dire que les réactions des 6 candidats aux primaires aient été contrastées après cette sortie.
Tout avait pourtant bien commencé, Harlem Désir se réjouit d’être à Marseille et estime : « Le PS a un temps d’avance démocratique. Alors que l’UMP a été incapable de réussir les primaires à Paris nous allons réussir à Marseille ». Il ne cache pas sa satisfaction: « Nous avons déjà un débat d’une grande qualité qui porte sur l’avenir de cette cité qui connaît des problèmes mais dispose aussi d’atouts extraordinaires. Et, en organisant ces primaires nous montrons que nous sommes, ici, dans un nouveau souffle démocratique. Nous permettons à tous ceux qui le souhaitent de prendre part au vote, de choisir le candidat qui incarnera l’avenir de cette ville. D’ailleurs 10 000 citoyens ont déjà montré leur volonté de s’inscrire à ces primaires. Pour ces dernières toutes les garanties de transparence sont réunies. Et les Présidents des bureaux, désignés par la Haute Autorité, seront des personnalités neutres ».
« Nous partons donc dans un esprit conquérant avec des ambitions à Marseille, Avignon et Le Havre »
Même les mauvais sondages présidentiels, la grogne contre le gouvernement n’arrivent pas à altérer son optimisme. « Les citoyens connaissent l’importance des municipales. Ils savent que droite et gauche ce n’est pas pareil et que, dans la dure période de crise que nous traversons, il est important d’avoir une ville qui protège. Nous partons donc dans un esprit conquérant avec des ambitions à Marseille, Avignon et Le Havre ».
Et puis, en réponse à une question, il explique que Jean-Noël Guérini n’est pas exclu « mais, pour moi, il ne fait plus partie de notre famille politique. Il a d’ailleurs déclaré qu’il ne souhaitait pas le succès des primaires, le succès de nos candidats ».
Jean-Noël Guérini, le Président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, est notamment mis en examen pour association de malfaiteurs dans deux affaires, dans le cadre d’un dossier de marchés publics présumés frauduleux du département, en lien avec son frère Alexandre Guérini.
Les candidats réagissent aux propos d’Harlem Désir
La ministre Marie-Arlette Carlotti qui, la veille, avait demandé l’exclusion du Président du Département, se réjouissait des propos d’Harlem Désir, elle qui écrivait la veille : « Je considère que, par cette décision, le Parti socialiste contribuerait mieux que par n’importe quel autre moyen à engager la mobilisation nécessaire pour la réussite de ces primaires socialistes ». Elle, qui a fait de la moralisation un axe fort de sa campagne attend maintenant des actes.
Patrick Mennucci ne cache pas son agacement: « Si on avait réglé cette question Jean-Noël Guérini avant, les choses seraient plus simples aujourd’hui. Harlem Désir déclare que, selon lui, il ne fait plus partie de notre famille politique. C’est bien. Mais enfin je connais le PS, il y a des règles, des instances. Et que je sache il n’a toujours pas été exclu. On parle maintenant d’une Haute Autorité avant une décision… qui, partie comme c’est aura lieu après les primaires ».
Eugène Caselli, en revanche, juge: « Pourquoi vient-on polluer le débat avec Jean-Noël Guérini ? Chacun s’est déjà exprimé en de multiples occasions là-dessus, notamment lors du premier débat télévisé. Ceux qui ont fait le choix de relancer ce sujet l’ont fait pour attirer les lumières sur eux risquant ainsi d’abîmer un bel exercice de démocratie. Car la question essentielle concerne l’avenir de la ville. Et la meilleure arme contre le clientélisme c’est la mobilisation du plus grand nombre ».
Christophe Masse n’entend retenir que le discours mobilisateur : « La ville a besoin d’une autre politique et Harlem Désir a tenu un discours mobilisateur en ce sens. Voilà le plus important, nous sommes six candidats issus de la même famille qui entendent porter haut les couleurs de cette dernière, redonner à cette ville une dynamique. Et, aujourd’hui, la seule chose qui compte c’est d’amplifier la dynamique autour de la mobilisation citoyenne ».
Henri Jibrayel ne veut pas s’arrêter à cette affaire. Il ne veut voir en cette journée que « la présence des plus hautes instances du PS qui sont venues pour cette simulation de vote. Elles signifient ainsi l’importance qu’elles attachent à ces primaires Phocéennes et cela alors que la campagne du premier tour entre dans la dernière ligne droite. Cette image est importante pour montrer aux militants mais aussi à l’ensemble de la population qu’une dynamique se crée ».
Samia Ghali est la plus critique: « Certains n’ont que Guérini pour faire parler d’eux. Moi, je ne suis ni avocat, ni magistrat. Que chacun fasse son travail. Moi, je suis candidate aux primaires, je suis là pour Marseille. Je suis là pour porter des solutions en matière d’emplois, de transport, de sécurité . Je ne construis pas ma candidature sur un absent. Et mieux, ce que je sais c’est que personne sur le terrain ne me parle de Jean-Noël Guérini ».
Jean-Pierre Mignard, le Président de la Haute-Autorité, indiquait pour sa part que : « 55 bureaux de vote seront ouverts, présidés par de nombreux élus de Provence-Alpes-Côte d’Azur non originaires de Marseille, pour une question de neutralité». Selon lui « 16 000 à 17 000 votants constitueraient un bon résultat ». Les primaires PS de 2012 en avait mobilisé 25 000.
Michel CAIRE