Ce sera l’une des œuvres de sa vie. Après nous avoir nourris avec les clichés de « La terre vue du ciel » Yann Arthus-Bertrand revient à ses premières amours, l’humain, la chair. Près de 30 000 personnes sont passées devant son objectif depuis le début de sa tournée nationale. Ce focus donne une idée de la France.
Affluence
Et les gens affluent massivement dans le studio éphémère de la mairie des 1er et 7e arrondissements de Marseille. Durant ces 3 jours plus de 600 candidats auront bénéficié du shooting. Ils viennent en solo mais surtout en famille ou pour valoriser une marque ou une maison ancestrale. On retrouve les protagonistes de la Savonnerie du midi, la maison Empereur, vieille de près de deux siècles, avec la doyenne Jeanne entourée des siens, en tenue de travail. « Dès qu’on me l’a proposé j’ai dit présente, confie Jeanne. On aime notre ville, on aime notre métier, on aime notre famille et on aime notre commerce. Cette photo, elle résume cela ».
Le besoin de chair
Après ses spectaculaires clichés de « La Terre vue du ciel » le photographe avait besoin de se nourrir de chair. « Aujourd’hui les visages m’intéressent plus que les paysages. Je préfère les gens, confie Yann Arthus Bertrand. Alors il enchaine les prises à raison de 200 en moyenne par jour. Un boulot à la chaine qui ne l’empêche pas d’avoir un bon mot pour les uns ou les autres. « C’est l’Ehpad ici ! » en voyant arriver un groupe de retraités. Ou de faire un brin de causette après la pose et de montrer l’intérêt de telle ou telle prise « elle est pas mal celle-là, elle est dynamique ».
Une idée de la France
Dans ce studio temporaire, à chacun son style, son message… 28 000 personnes sont déjà passé devant l’objectif de Yann Arthus Bertrand depuis sa traversée de la France. Cela donne une idée du pays. « Je ne veux pas être prétentieux mais ce que je suis en train de faire c’est bien. C’est un boulot intéressant et important confie Yann Arthus-Bertrand. On a vraiment besoin d’un travail qui rassemble les Français. L’image que donne l’Assemblée nationale est dramatique et ça ne ressemble pas du tout à ce que je photographie. Il y a énormément de bienveillance, de gentillesse, de cœur dans ce studio ».
Un vaste ouvrage
Ces photos seront compilées dans un ouvrage d’un millier de page publié par Actes Sud en 2025. Les textes seront de l’historien et démographe Hervé Le Bras. Une exposition est aussi prévue à Paris.
Reportage Joël BARCY