Le chorégraphe aime revisiter ses pièces. C’est l’occasion de voir ou revoir trois pièces maîtresses de son répertoire. La beauté et l’intimité charnelle avec « Annonciation ». L’énergique quête de l’autre avec » Un trait d’Union ». Les liaisons dangereuses du quatuor de « Larmes blanches ».
Annonciation (1995)
Dans « Annonciation » Angelin Preljocaj créé un tableau inspiré du thème de la maternité annoncée à Marie par l’ange Gabriel. C’est un duo qui incarne la pièce. L’Annonciation est l’événement fondateur du catholicisme. « Marie est souvent représentée dans un jardin clos qui symbolise sa virginité, indique Angel Preljocaj. Une similitude se dégage alors entre son espace intérieur et son environnement. L’intrusion de l’ange dans cet univers intime apporte avec lui l’annonce du bouleversement métabolique de son corps ». La fécondation est désormais irrésistible. On passe de l’annonce à la conception comme on passe du virtuel au réel. Le chorégraphe y perçoit le même processus que dans la création artistique.
Un trait d’union (1989)
Pour le chorégraphe cette création de 1989 « est la quête inlassable entre deux êtres cleptomanes qui se font mutuellement les poches de leur inconscient pour trouver ce qui les connectera, qui réduira leur solitude à néant » voire les fera exister. « Trait d’union » convoque le rapport à l’autre comme signe de sa propre existence, comme moyen de tuer sa solitude. L’autre, le complément vital.
Larmes blanches (1985)
Cette pièce traite des rapports obscurs de deux couples. Une pièce sur les liaisons dangereuses. Les passions, source de tourments sont disséquées avec finesse avec le medium qu’est la danse. « À l’époque je m’étais formulé l’idée que je n’aimais pas le clavecin. Je me suis donc lancé un défi : écouter beaucoup d’œuvres pour clavecin et en choisir certaines à partir desquelles je pourrais travailler « indique Angelin Preljocaj. L’influence de l’instrument se répercute. Il en ressort une sensibilité plus visible où le chorégraphe se dévoile, dit des choses plus intimes. Il voulait aussi montrer la violence sous-jacente d’où l’ambiguïté du titre « Larmes blanches ».
Ce triptyque est éclairant sur l’œuvre d’Angelin Preljocaj. Il est à voir les 21 et 22 décembre au Théâtre du Pavillon noir à Aix-en-Provence.
Reportage Joël BARCY