C’est devant un large public que Nicolas Férand, le président du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur, a présenté à Marseille ses vœux à la profession, avant de céder la parole à Jean-Pierre Cossin, conseiller à la Cour des Comptes, qui a eu la lourde tâche d’évoquer la loi de finances sans loi de finances.
Nicolas Férand souhaite « dans cette période à tout le moins troublée quelques nouveaux mandats passionnants et fructueux… Je dis période troublée et c’est un euphémisme parce que franchement les mots commencent à manquer pour qualifier l’environnement géostratégique, climatique, politique et économique. » Il cite notamment : « Des conflits qui succèdent aux guerres, la montée des populismes en tous genres, la crise de l’immobilier, l’explosion des procédures dans les tribunaux de commerce, l’inflation qui baisse mais qui est toujours là, les taux d’intérêt toujours trois fois plus haut qu’il y a 3 ans, la dette qui ne s’est pas résorbée entre le chapon et la galette des rois. Et de reconnaître : « Le tableau ne suscite pas l’optimisme même si j’en suis convaincu les observateurs qui jouent les Cassandre aujourd’hui sur les plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux sont les mêmes qui, il y a quelques mois encore, saluaient l’exceptionnelle bonne santé de l’économie française, le formidable succès des JO, ou encore l’exploit des compagnons de Notre-Dame. »
« Une multiplication d’éditoriaux sans nuances »
Pour Nicolas Férand: « Il y a d’un côté la vérité contrastée des chiffres et de l’autre une multiplication d’éditoriaux sans nuances qui fabriquent de l’anxiété collective. » Et cela, selon lui, n’est pas sans influence : « Le résultat est là, le principal carburant de l’économie commence à manquer. Ce carburant c’est évidemment la confiance et la confiance c’est comme la réputation il faut des années pour la construire et quelques jours pour la voir s’effondrer. Bref, on a été mieux.» Il souhaite enchaîner sur des mots plus rassurants mais, ajoute-t-il: « Là où l’affaire commence à se corser c’est quand on s’intéresse au paysage politique français éclaté. La France n’a toujours pas de budget et doit se contenter d’une loi spéciale sensée garantir la continuité de la vie du pays. Pas de budget et donc pas davantage de loi de finances.»
Les 80 ans de l’Ordre des experts comptables
Le président du Croec paca précise que la profession en a vu d’autres et annonce : « Cette année 2025 n’est pas tout à fait comme les autres pour notre profession puisque nous célébrons les 80 ans de l’Ordre des experts comptables.» Rappelle: «Le métier existe depuis la nuit des temps en Mésopotamie, 2 000 ans avant Jésus Christ. Bien plus tard, en 1494, Luca Pacioli, moine Franciscain a révolutionné le métier avec son traité de comptabilité à partie double… et puis Colbert à qui l’on devrait ériger une statut puisque c’est lui qui a introduit la tenue de comptes obligatoires pour les entreprises, la Société de Comptabilité de France en 1881 et donc la création de notre Ordre le 19 septembre 1945. » Pour lui un anniversaire, au-delà de l’histoire, est «l’occasion de rappeler les missions attribuées à l’Ordre. Il y en a trois : assurer la promotion de la profession ; protéger les intérêts de ses membres ; affirmer sa contribution à l’évolution et au redressement de l’économie du pays et préconiser toutes les mesures susceptibles d’atteindre ses objectifs dans l’intérêt général du public. En clair l’Ordre prend en charge le régalien les inscriptions, les radiations, la lutte contre l’exercice illégal, le contrôle qualité. »
Nicolas Férand considère : «L’Ordre doit aller beaucoup plus loin et s’impliquer dans la vie économique de la cité… et c’est une fois de plus ce qu’on va faire en 2025. On sera encore et toujours force de proposition auprès de nos partenaires : Urssaf, Chambre de Métier, Chambre et Tribunal de commerce de , et bien évidemment la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) avec ce dossier de la facturation électronique dont on entend bien être les acteurs de premier rang. »
Il est revenu à Jean-Pierre Cossin d’évoquer la loi de finances avouant à ce propos : « Je pensais que la loi de finances me tuerait, c’est le contraire qui s’est produit. Et vous êtes là pour une loi qui n’existe pas mais on va en avoir une, car il faut que l’État fonctionne, paie sa dette, perçoive l’impôt ». Puis de chercher dans la loi de finances 2024 des dispositions qui entrent tout juste en vigueur cette année citant notamment le revenu à la source personnalisé, les meublés…
Michel CAIRE
Plusieurs chèques pour des causes caritatives
Les vœux ont été l’occasion pour l’Ordre des experts comptables, de contribuer financièrement à certaines causes et/ou associations qu’il soutient : la radiothérapie des enfants à la Timone et la Fondation des experts-comptables pour Mayotte. Comme chaque année une remise de chèque a également été effectué avec la Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes (CRCC) à l’association le Point Rose
Nicolas Férand a accueilli le Professeur Laëtitia Padovani, Chef de service Radiothérapie à la AP-HM (Assistance Publique – Hopitaux de Marseille) et Virginie Negri, déléguée générale de Phoceo pour leur remettre un premier chèque et renouveler l’appel aux experts-comptables et aux entreprises de la région pour financer une machine révolutionnaire dans le traitement des cancers pédiatriques. Cette innovation technologique représente un immense espoir dans l’amélioration des traitements pour les enfants et leurs familles. Occasion d’insister sur le fait que l’objectif est à portée de main : 3 millions d’euros pour lancer le projet. « Si 3 000 entreprises sur les + de 80 000 de la région, s’unissent en donnant 1 000 euros chacune , l’AP-HM pourra commander cette machine. De plus, + de 60 % du montant du don est déductible fiscalement, ce qui réduit considérablement l’effort financier tout en ayant un impact immense. Nous avons un rôle clé à jouer en tant que donateurs mais également pour sensibiliser nos clients et nos partenaires à cette cause essentielle», devait affirmer Nicolas Férand.
M.C.
