Publié le 10 septembre 2019 à 11h23 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h30
Évoquant le drame de Jean Ligonnet, un patient de 73 ans atteint de la maladie d’Alzheimer, retrouvé mort, après deux semaines de disparition, au sixième étage de l’hôpital de la Conception où il était venu en consultation le jour de sa disparition, Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur a déclaré avec gravité: «Je suis médecin, je suis un ancien urgentiste, je sais ce qui se passe, j’ai adressé des lettres claires, explicatives et datées pour lancer des SOS auprès des autorités compétentes.» «Je suis désespéré pour la famille, poursuit-il, je n’ose imaginer ce qu’elle vit. Une enquête est en cours, on verra ses conclusions».
Arrivé en taxi le 19 août, Jean Ligonnet attend, comme d’habitude, son tour. L’homme désire se dégourdir les jambes ou peut-être aller aux toilettes. Mais ne revient pas. Selon son fils, Jean Hospice, tout n’a pas été mis en œuvre pour retrouver son père à temps : «Je suis dégoûté, écœuré, parce que mon père ne méritait pas de mourir dans des circonstances comme ça. (…) Ils l’ont fait mourir comme un chien, et ils l’ont oublié.». Sylvia Breton, la directrice générale adjointe des Hôpitaux de Marseille signalait pour sa part: «Jean Ligonnet est entré par une porte de secours fracturée, et s’est retrouvé pris au piège dans une salle verrouillée par une porte sans poignée mécanique». «Ce drame est horrible aussi pour le personnel, rappelle Renaud Muselier, personnel pour qui j’ai une grande admiration car, je sais à quel point il se lève la peau tout le temps pour les patients, dans des conditions difficiles, comment il est attentif à leur santé… et, ce personnel se retrouve avec une faute à assumer». Il soulève également un autre volet dans ce dossier: «Nous avons le deuxième CHU de France, nous sommes en pointe dans bien des secteurs et, dans le même temps, la situation est telle que d’autres drames sont à prévoir. Nos hôpitaux sont en danger.» Indique avoir écrit à Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille et Martine Vassal, présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Provence, en janvier 2018, «pour exprimer notre inquiétude concernant l’AP-HM à la suite de quoi nous avons été reçus, le 20 février, par Agnès Buzyn, ministre de la Santé. On nous a écoutés. On nous a indiqués qu’un plan de 300M€ était nécessaire et sur lequel l’État était prêt à s’engager à hauteur de 150M€. Que ce plan avait été approuvé fin janvier 2018 par le Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo).» Renaud Muselier dévoile: «Depuis rien alors que les Commissions de sécurité mettent en exergue des défaillances. Et j’écris au ministère de la Santé qui me répond Copermo. Un Copermo dont nous ne cessons d’attendre les effets».
Michel CAIRE