« Fumer un joint, c’est avoir du sang sur les mains. » Le ministre de l’Intérieur avait annoncé qu’il souhaitait frapper un grand coup avec une toute nouvelle campagne non de sensibilisation mais de culpabilisation sur la consommation de drogue en France. Bruno Retailleau a dévoilé un clip ce jeudi 6 février, lors d’une conférence de presse, pour « créer un électrochoc » et avoue en avoir « marre de toujours présenter les consommateurs comme des victimes ».
À l’instar des campagnes chocs, Bruno Retailleau a donc dévoilé un clip, d’une trentaine de secondes, à destination des consommateurs avec comme slogan: « Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez.» Cette nouvelle campagne de lutte contre le narcobanditisme, la consommation et les trafics de stupéfiants entend frapper les esprits. Elle se termine par une image choc, celle d’une silhouette en flammes allongée sur le sol. « Je sais que certains vont m’accuser de choquer et je l’assume, car je veux créer un électrochoc», justifie-t-il. Une manière, selon Bruno Retailleau, de « rompre avec cette logique victimaire qui consiste à présenter les consommateurs de drogue exclusivement comme les victimes d’une addiction ». Le ministre « assume totalement » de faire de cette campagne de sensibilisation « une campagne de culpabilisation ». Et entend faire de la lutte contre les narcotrafics «une grande cause nationale, à la manière de ce qui a été fait contre le terrorisme après les attentats de 2015». Cette « vaste campagne » doit s’étendre du 9 février au 2 mars.
Diffusée à partir de ce dimanche et jusqu’au 2 mars, la campagne sera relayée par affichage dans les transports mais aussi sur les réseaux sociaux, les plateformes de streaming ainsi que sur les chaînes de télévision qui diffuseront en boucle un clip percutant. Financée par le produit des biens confisqués aux trafiquants, cette campagne met en exergue les ravages que le narcobanditisme produit (1). Comme le rappelle la dernière étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) la demande en cocaïne n’a jamais été aussi forte : 1,1 million de personnes en ont consommée au moins une fois dans l’année en 2023 en France. 3,7 millions de personnes en ont consommée au moins une fois au cours de leur vie en France. Le cannabis, drogue la plus consommée en France, compte 5 millions d’usagers dans l’année en 2023 – 1,4 million d’usagers réguliers et 900 000 consommateurs quotidiens- . 21 millions de personnes en ont consommé au moins une fois dans leur vie en France. L’usage de MDMA/ecstasy a bondi, passant de 400 000 à 750 000 personnes entre 2019 et 2023 ayant consommé au moins une fois le produit dans l’année. L’expérimentation de l’héroïne continue de progresser en France, avec 850 000 expérimentateurs qui en ont consommé au moins une fois au cours de leur vie. Les usages d’héroïne ne touchent plus uniquement les plus précaires, mais aussi des personnes insérées socialement, et on peut désormais s’en procurer sur tout le territoire.
Patricia CAIRE