Rencontre avec Gabriel Piquet-Pellorce qui reprend à la Comédie Saint-Michel de Paris son rôle de Dorian Gray qu’il a joué en Avignon…

Publié le 13 septembre 2019 à  22h34 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h30

Gabriel Piquet-Pellorce (Photo D.R.)
Gabriel Piquet-Pellorce (Photo D.R.)

«Il faut que tu me prêtes ces partitions Basil, la musique est absolument charmante». Il suffit de ces quelques mots prononcés par son personnage de Dorian Gray par lesquels il marque son entrée sur scène pour que Gabriel Piquet-Pellorce marque les esprits. Cela s’appelle le charisme et porté à un tel niveau cela signale un talent. Sur les planches qu’il retrouve à Paris à la Comédie Saint-Michel pour une série de dates après son succès dans le cadre du Off d’Avignon le jeune acteur né le 13 septembre 1996 impressionne, séduit et convainc chacun. D’ailleurs son intervention quand il tue Basil confirme ce sentiment : «L’esquif aborde et me dépose, jetant son amarre au pilier, devant une façade rose, sur le marbre d’un escalier, sur une gamme chromatique, le sein de perles ruisselant, la Vénus de l’Adriaque sort de l’eau son corps rose et blanc». Magnifique réplique d’un Oscar Wilde, autant poète que sondeur des âmes que Gabriel Piquet-Pellorce s’est approprié avec l’élégance des grands acteurs. On s’en aperçoit encore davantage dans les courts-métrages où il ne semble pas jouer mais être tout simplement puissant, essentiel. «Le théâtre, c’est grandiose, et il faut parler fort, pour que tout le monde nous entende, du premier au dernier rang de la salle. Au cinéma on est moins dans la démonstration ou l’exagération et, à travers l’écran on voit tout, jusqu’aux moindres détails. On cimente les choses dans la subtilité, c’est une lente maturation en fait qui me comble tout autant», raconte-t-il. On appréciera les performances successives de Gabriel Piquet-Pellorce pour ce qu’elles sont : des rendez-vous par personnage interposé, avec la quintessence du jeu, dans ce qu’elle a de flamboyant. Et toujours cette voix qui nous saisit l’âme et cette présence physique qui nous cloue.

Les Courts-métrages

Dans tous les courts-métrages d’ailleurs dont l’acteur parle avec intelligence et humilité. A savoir : « Remake citizen Kane » – 2017 (scène du film réadaptée) – Partenaire de jeu : Haute-Claire Chabaud. « Je suis nos 3 ans » – 2018 (court métrage) – Réalisateurs : Maxime Meston, Lucile Jehel, Gabriel Piquet-Pellorce – Partenaire de jeu : Lucile Jehel . «« Je suis nos 3 ans », réalisé pour le Nikon Festival, était un premier pas dans le milieu cinématographique. Écrit, tourné, et réalisé avec Maxime Meston, Lucile Jehel et moi même. C’était une formidable expérience. Lucile, l’interprète féminin, est d’une force intérieur incroyable et d’une puissance de jeu impressionnante. Mais tout cela n’aurait jamais pris forme sans les idées de Maxime qui a toujours été créatif dans les travaux que l’on a pu faire ensemble. J’ai hâte de pouvoir retravailler avec eux. Dans ce premier court-métrage je me suis cherché et j’ai finalement trouvé cette intériorité, cette rage intérieur que j’ai amenées par l’interprétation de ce personnage». « Möm » – 2018 (court métrage) – Réalisateur : Maxime Courtier -Partenaires de jeu : Christophe Bizet et Alexandra Holzhammer. «« Môm » réalisé par Maxime Courtier est le court métrage qui m’a le plus touché. Déjà en terme de scénario, où un jeu intense m’était exigé, mais un jeu additif par son intelligence et la construction de ce personnage, que j’ai fait avec Maxime Courtier le réalisateur, qui a toujours été ouvert à mes propositions d’interprétation. Un jeune homme frappé par la mort prématuré de sa mère, est troublé psychologiquement et refuse de prendre ses médicaments. Il entre alors dans une transe psychotique ou sa défunte mère revient le hanter, l’accusant d’être responsable de sa mort. Ce court métrage m’a fait mûrir en tant que comédien et m’a donné confiance en mes propositions en terme de construction d’un personnage». « Sirena » – 2019 (court métrage) – Réalisatrice: Maryam Ghaly – « Toi ou nous » – 2019 (Court métrage) – Réalisateur : Maxime Courtier – Partenaires de jeu : Émilien Fabrizio, Claire Faugouin, Eugenie Ravon. Scène tirée de « Jeune et Jolie » de François Ozon – 2019 (Scène du film réadaptée) – Réalisateur : Salim Hamzaoui – Partenaire de jeu: Mathilde Van Delft . Scène tirée de « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf – 2019 – (Scène du film réadaptée) – Réalisateur : Salim Hamzaoui – Partenaire de jeu: Mathilde Van Delft. « Nos âmes solitaires » – 2019 (Court métrage) – Réalisatrice : Mathilde Rochais-Gensac – Partenaires de jeu : Marie Benati, Leïla Guigue. «Je n’oublierai certainement pas « Nos âmes Solitaires ». Cette histoire d’un trio amoureux, ou frère et soeur se battent pour récupérer l’amour de leur amie d’enfance. C’était un court métrage sur deux jours, intense en émotions et en technique. Mené d’une main de maître par une jeune équipe de professionnels. Les deux actrices étaient bouleversantes.»

Au cinéma la caméra capte nos moindres faits et gestes

«Ce que j’aime dans le cinéma, ajoute Gabriel Piquet-Pellorce, c’est cette sincérité dans la précision. Au cinéma la caméra capte nos moindres faits et gestes c’est important d’en prendre conscience sans être dans un contrôle pour que le jeu, en tout cas pour ma part, reste physique, intérieur et organique. J’aime beaucoup sur un plateau de théâtre explorer l’univers et la langue des auteurs qu’ils soient classiques ou contemporains. À l’inverse j’aime aussi cette langue plus « parler courant » qu’un script peut apporter à un projet cinématographique. Après je suis très demandeur de films qui mélangent les deux styles d’expression. Comme j’ai pu le faire dans « J’aime regarder les filles » ou du Musset était distillé dans quelques répliques modernes. Court-métrage réalisé par Salim Hamzoui m’ayant permis de jouer aux côtés, de Mathilde Van Delft.» A ce sujet, précisons que l’union cinématographique entre cette actrice et Gabriel Piquet-Pellorce relève non de la performance mais d’une présence à l’autre signalant une sincérité et une technique d’interprétation des plus fines et aguerries. De grands réalisateurs seraient d’ailleurs bien inspirés que d’unir ces deux là dans l’un de leurs longs métrages. Solaire, Mathilde Van Delft l’est tout autant que Gabriel Piquet-Pellorce, et notamment pour cet art commun de savoir regarder l’Autre, l’écouter, lui donner la réplique, et le mettre en valeur jusque dans les moindres silences de certaines scènes du film. Le début de «J’aime regarder les filles », est à ce propos, confondant de beauté douloureuse. Gabriel Piquet-Pellorce – qui incarne un certain Primo-, prenant Mathilde Van Delft dans ses bras (Delphine dans le film) lors d’un face à face amoureux où les deux personnages semblent jouer leur vie. «Dans les courts- métrages où je suis apparu, précise Gabriel Piquet-Pellorce, j’ai eu la chance de posséder cette liberté de proposition, et de création. Et, au moment où, script en mains j’ai échangé avec les différents réalisateurs, j’ai ressenti le privilège d’investir dans chaque rôle une partie de moi-même». In fine, il est aussi à l’aise sur les planches que devant la caméra, il précisera d’ailleurs: «J’aime m’exposer, me découvrir dans chaque projet que j’entreprends. Cela façonne mon jeu. Ce que j’affectionne le plus, c’est poser ma voix et mon regard. J’ai conscience de ce que mes yeux « disent », c’est pour cela que j’y prête attention. Ce qui me plaît encore davantage, c’est lâcher prise quand mon corps s’exprime. J’aime jouer avec mes mains, j’aime quand mon corps est en action à chaque situation. Cela densifie et crédibilise mon jeu le rendant plus naturel. J’ai toujours conscience de devoir jouer pour quelqu’un… certes pour mes partenaires… mais mon deuxième partenaire le plus important à mes yeux est la caméra avec cette envie de devoir la satisfaire ». Gageons que Gabriel Piquet-Pellorce qui a transformé sa passion en profession, est promis au plus brillant avenir théâtral et cinématographique. «Gabriel, vous n’allez pas vous arrêter dans une si belle lancée ?» Rires affectueux de l’intéressé qui répond: «Non mais vous rigolez ou quoi !»….
Jean-Rémi BARLAND

« Le portrait de Dorian Gray » à La Comédie Saint-Michel à Paris – du vendredi 13 septembre 2019 au vendredi 3 janvier 2020 – En alternance avec Léo d’Ux le comédien Gabriel Piquet-Pellorce jouera Dorian Gray aux dates suivantes :
-Vendredi 13 Septembre 2019 à 21h30 (Soirée spéciale première)
-Vendredi 27 Septembre 2019 à 21h30 – Vendredi 11 octobre 2019 à 21h30 –
-Vendredi 24 octobre 2019 à 19h45 – Vendredi 31 octobre 2019 à 19h45 (Soirée spéciale Halloween)
-Vendredi 8 novembre 2019 à 21h30 – Vendredi 22 novembre 2019 à 21h30
-Vendredi 6 décembre 2019 à 21h30 – Vendredi 20 décembre 2019 à 21h30
– Vendredi 31 décembre 2019 à 21h30 -(Soirée spéciale nouvel an)
– Vendredi 3 Janvier 2020 à 21h30
Plus d’info et réservations sur comediesaintmichel.fr.

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