Publié le 17 septembre 2019 à 20h15 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h30
Écrire sur la rétrospective consacrée à Fabienne Verdier au Musée Granet relève de la gageure. Par définition, l’indicible ne peut se raconter. L’œuvre de la plasticienne se découvre en silence pour nous toucher au plus profond. Entre délicatesse et puissance, entre la calligraphie élevée au rang d’art majeur et les éperons de calcaire de Sainte-Victoire magnifiés par ce trait noir tellement imposant et terriblement précis, les vibrations et les émotions sont légion. Fabienne Verdier pose ici un point, que personne ne souhaite final, à une résidence aixoise qui, entre le Festival de musique et d’Art Lyrique, en 2017 et 2018, et les flancs de la montagne Sainte-Victoire, cette année, lui a permis de s’exprimer au travers d’œuvres majeures présentées, aux côtés d’autres plus anciennes, au long de cette rétrospective proposée par l’artiste, qui en assure le commissariat général et Bruno Ely, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Granet. Étonnante personnalité que celle de Fabienne Verdier qui a passé de longues heures à observer la nature, en particulier les oiseaux, jusqu’à l’âge de 21 ans tout en posant ces moments sur la toile. En 1983, elle part en Chine pour apprendre l’art de la calligraphie aux côtés des plus grands maître, mais aussi, et surtout, l’art de travailler avec un pinceau à la verticale sur un support horizontal. Dix ans plus tard elle retrouve la France et invente un pinceau à taille humaine tenu à bras le corps et qui se déplace avec l’artiste sur un châssis posé au sol. Au fil des ans, le pinceau géant va perdre son manche, Fabienne Verdier y greffera un guidon de vélo pour le déplacer puis créera une structure autoportante pour retourner peindre en plein air avec son pinceau géant. C’est l’atelier nomade, celui avec lequel elle est venue travailler sur les terres de Cézanne. Artiste aux talents multiples, internationalement reconnue, elle travaille aussi aujourd’hui, et entre autres, aux côtés de quelques grands architectes qui l’associent à leurs réalisations. Elle ne délaisse pas, non plus, le cinéma. Son univers et ses vibrations sont à découvrir pendant quelques jours encore au musée Granet. Il serait dommage de passer à côté d’une rétrospective hors du commun des œuvres d’une artiste désormais présente dans les plus grands musées d’art contemporain au monde.
Michel EGEA
Pratique. «Fabienne Verdier sur les terres de Cézanne» au musée Granet d’Aix-en-Provence, place Saint-Jean de Malte, jusqu’au 13 octobre – Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 19 heures. Tél. : 04 42 52 88 32. museegranet-aixenprovence.fr
L’atelier nomade au pavillon de VendômeAu musée du Pavillon de Vendôme, l’exposition présente les techniques de travail de Fabienne Verdier. Dans ce lieu atypique du XVIIIe consacré à l’art contemporain, posé dans un jardin en plein cœur de la ville, on pourra voir «l’atelier nomade» de l’artiste, celui qui lui a permis de travailler «sur le motif», dans la nature même. On y verra aussi ses pinceaux aussi bien en poils de barbe de rat que de plume de coq… une salle entière sera consacrée aux dessins et gouaches réalisées au sommet de la montagne Sainte-Victoire ; un film Walking painting fera mieux comprendre la complexité du processus de création de l’artiste. En écho, au premier étage, on pourra voir le «storyboard» des différentes phases de travail qui ont abouti à ses dernières œuvres inspirées des lieux cézanniens et visibles au musée Granet. |