Publié le 22 septembre 2019 à 20h54 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 12h31
Pour ouvrir sa saison, l’association Marseille-Concerts recevait ce samedi le pianiste Nicholas Angelich qui proposait un concert bâti autour de trois œuvres : une sonate de Beethoven, une suite de ballet de Prokofiev et des variations de Brahms. D’emblée, grâce à ses sonorités rondes et son jeu calmement intériorisé, l’interprète a incité le public à le rejoindre dans son monde personnel, abordant les variations initiales de la 12e sonate de Beethoven avec retenue, dans un tempo qui permettait de prendre le temps de chanter cette musique admirable. Angelich a partagé dans cette œuvre une belle vision d’ensemble, cohérente au fil des quatre mouvements qui, après une marche funèbre débarrassée de toute lourdeur, se refermait sur un final conduit sans faille jusqu’à l’évaporation finale du discours. Tout en se souvenant parfois des sonorités d’orchestre de la version originale, les pièces de «Roméo et Juliette» transcrites par Prokofiev lui-même, ont ensuite donné l’occasion au pianiste de délaisser fréquemment l’acuité du compositeur en soulignant la puissance évocatrice du ballet, grâce à des suspensions et des irisations sonores insoupçonnées dans cette écriture implacable. La seconde partie était entièrement consacrée aux vastes variations sur un thème de Haendel composées par Johannes Brahms. C’est bien l’enracinement dans le classicisme le plus assumé qui a été privilégié par Angelich, celui-ci menant rigoureusement jusqu’à la grande fugue finale les divers témoignages de l’esprit inventif mais construit de Brahms, dans un contrôle total de chaque variation et sans abandon. Deux bis également intimistes -Mazurka op. 63 n° 2 de Chopin et début des « Scènes d’enfant» de Schumann- venaient conclure ce concert sans concession, reflétant encore la pensée exigeante de l’interprète.
Philippe GUEIT