8-mars. Paroles de femmes: Marseille, ses Marseillaises 

Dans l’écrin méditerranéen où convergent les cultures, les Marseillaises témoignent pour la Journée Internationale des Droits des Femmes avec une force singulière. Engagées au sein de “Cap sur l’Avenir – Nos territoires d’abord”, elles prennent la parole et, par leur engagement quotidien, tissent le futur de notre cité phocéenne.

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(Photo Hagay Sobol)

L’héritage des Marseillaises : un combat millénaire

Sylvie nous rappelle avec passion : « En ce 8 mars, jour où le monde entier célèbre la Journée internationale des droits des femmes, c’est un jour qui rappelle que des femmes et des hommes ont œuvré pour une reconnaissance des droits des femmes. C’est à eux que je pense. »

Cette date symbolique, fruit d’une longue lutte, de la marche new-yorkaise de 1908 où 15 000 ouvrières réclamaient dignité et droits, à la proposition visionnaire de Clara Zetkin en 1910, jusqu’à la reconnaissance officielle par l’ONU en 1977, nous rappelle le prix de chaque liberté.

Sylvie évoque avec fierté l’histoire de la Ville: « Marseille porte en elle l’âme des femmes qui l’ont façonnée. Comment ne pas évoquer ce boulevard des Dames, artère emblématique dont le nom seul rappelle un épisode glorieux de notre histoire ? C’est ici, en 1524, que les Marseillaises prirent les armes pour défendre leur cité assiégée par les troupes de Charles Quint. Armées de courage et de détermination, elles montèrent aux remparts quand les hommes commençaient à faiblir. Ce geste héroïque a inscrit dans notre toponymie ce rappel permanent : Marseille doit aussi sa liberté à ses femmes. »

Des voix plurielles pour un combat universel

Amel, entrepreneuse et mère de famille, interpelle avec sincérité : « Le 8 mars n’est pas un jour de célébration, mais un symbole de ce qui reste à accomplir. Un symbole de la liberté que tant de femmes dans le monde n’ont pas encore, enfermées dans des chaînes invisibles. En Iran, en Arabie Saoudite, en Afghanistan… des femmes sont privées de leurs droits, de leur voix, de leur dignité. »

Elle témoigne de sa propre liberté : « Moi, femme musulmane, maghrébine, née en France, je mesure chaque jour ma chance. Maman, épouse, cheffe d’entreprise, je peux travailler, conduire, sortir, m’habiller comme je veux ! Cette liberté de choisir, de rêver, de vivre sans crainte me rappelle constamment ma responsabilité envers celles qui en sont privées.» Elle conclut : « Parce qu’un monde où une seule femme est privée de ses droits, c’est un monde qui n’est pas libre. »

Natacha, venue de l’Est avec ses racines russes, ukrainiennes et moldaves, nous offre un regard nostalgique. Elle évoque avec émotion la dimension festive que revêt le 8 mars dans son pays d’origine : « En Russie, cette journée est célébrée avec ferveur. C’est un jour férié où les hommes offrent traditionnellement des bouquets de mimosa aux femmes de leur entourage. » Elle regrette cette ambiance festive autour de la femme. Pourtant, cette cheffe d’entreprise installée à Marseille depuis trois décennies affirme : « Dans mon quotidien de dirigeante, je ressens une véritable égalité avec mes homologues masculins. C’est une richesse que j’apprécie chaque jour. »

Caroline, Parisienne conquise par le Sud, incarne la transformation que Marseille opère. « Marseille m’a offert ce que Paris ne pouvait pas : une authenticité et une diversité qui nourrissent ma créativité. » Son engagement dans la communauté juive et les cafés littéraires crée des espaces où les voix féminines résonnent. À travers son objectif et son engagement, elle montre que l’égalité se construit par le partage culturel et la reconnaissance mutuelle.

Isabelle  souligne  l’importance de l’héritage familial catholique et des traditions provençales dans sa vie. Son engagement associatif auprès des femmes malades et des plus démunies témoigne de son dévouement à la communauté marseillaise. Elle apprécie particulièrement la coexistence harmonieuse des lieux de culte à Marseille, où le carême, le ramadan et pourim se déroulent paisiblement et  simultanément en mars. «Les femmes portent une diversité de messages et leur rôle prépondérant est souvent sous-estimé. »

 Lorsque les femmes progressent, c’est l’humanité entière qui avance

Marseille, notre ville-monde, avec ses contradictions, offre un terrain fertile pour réinventer les rapports sociaux. Nous œuvrons pour une politique locale où l’égalité femmes-hommes est une réalité tangible. Chaque femme, chaque Marseillaise doit pouvoir s’épanouir pleinement et librement.

Notre engagement dépasse les divisions partisanes, s’appuyant sur une vision humaniste où la dignité de chacun fonde une société plus juste. Nous croyons fermement que l’avenir de Marseille se construira avec et pour toutes.

Ensemble, nous créons des ponts entre nos différences, enrichissons notre cité de nos héritages multiples, et affirmons Marseille comme avant-garde des droits des femmes. Car lorsque les femmes progressent, c’est l’humanité entière qui avance.

Propos recueillis par Sylvie CASALTA

 

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