Entre la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Didier van Cauwelaert, romancier à succès né à Nice, c’est une longue histoire de rencontres amicales avec son public et souvent avec de jeunes lecteurs. En effet ce n’est pas moins d’une dizaine de fois qu’il est venu rendre visite aux élèves de CM2 de l’École des Floralies, d’Aix-en-Provence qui, d’année en année (donc différents à chaque saison) ont pu lui poser des questions sur sa manière d’écrire et le déroulé de ses histoires foisonnantes. Il faut dire que l’enfance… ça le connaît, lui qui envoya son premier manuscrit à un grand éditeur alors qu’il n’avait que…neuf ans. Le texte écrit à la main ayant été dactylographié en cachette par la secrétaire de son père, grand avocat niçois.

L’enfance, ses espoirs, ses rêves de futur, c’est le creuset des principaux livres de Didier van Cauwelaert. On se souvient par exemple de « Un aller simple » écrit en 1993, et Prix Goncourt 1994, dont l’histoire lui fut inspirée par un élève de l’école des Bastides de Marseille où un instituteur l’avait justement invité pour évoquer son œuvre. On trouve aussi dans ses fictions un gamin chef d’orchestre surdoué, un autre inconsolable de la mort d’un escargot, quelques idéalistes qui croit au bonheur qui sauve. L’adoption, les rapports père-fils, mère-enfants, les phénomènes surnaturels auxquels d’ailleurs il croit, le fait de se réveiller dans la peau d’un autre, les rencontres improbables entre deux êtres épris de liberté, tissent également la toile de ses fictions profondément humaines composées avec un regard bienveillant sur la force des Hommes de bonne volonté.
Un enfant en soins palliatifs et la clown
Terriblement émouvant son nouveau roman « L’enfant qui sauva la terre » (encore une histoire d’enfant) s’ouvre sur l’annonce d’un drame à venir. Thomas, âgé de douze ans, touché par la maladie de Beaufort, une maladie orpheline, attend de mourir sur son lit d’hôpital en soins palliatifs. Mais un jour un rayon de soleil et d’espoir entre dans sa chambre. Une clown fait son apparition et lui propose un marché qui vise à rejoindre un groupe d’enfants incurables qui soigne la terre à distance. Interloqué le malade à qui l’on proposera de sauver la planète par le pouvoir de la pensée permet par son récit haletant de s’interroger sur l’identité de cette femme ? Cette inconnue est-elle une infirmière déguisée, une femme envoyée par son père, une mythomane, une créature surnaturelle, un mirage ? Et réussira-t-elle à redonner goût à la vie à ce malade condamné ? On s’apercevra que cette clown connaît tout de la vie de Thomas ce qui la rend encore plus mystérieuse et indispensable au récit.
Beau, grave, écrit avec une élégance formelle digne des Hussards de la littérature, (Nimier, Blondin, Marceau), répondant à ces deux étranges questions : « Et si l’avenir de l’humanité dépendait d’un enfant condamné par la médecine ? Et si sauver la planète était la clé de sa guérison ? ». Le roman est aussi un plaidoyer pour la préservation des équilibres naturels de la Terre, et la protection des espèces menacées. C’est romanesque à souhait, humble, précis, savamment agencé, et terriblement citoyen. Un roman de facture certes dramatique mais qui écrit sans pathos fait du bien à l’âme et au cœur.
Jean-Rémi BARLAND
« L’enfant qui sauva la terre » par Didier van Cauwelaert – Albin Michel – 168 pages – 19,90 €.