L’opération menée à Marseille dès potron-minet, principalement dans le quartier de La Castellane, a permis 21 interpellations liées au narcobanditisme. « Le haut du spectre », dira le ministre de l’Intérieur. Cela méritait bien un déplacement non programmé dans la cité phocéenne.

Faux départ

A l’origine la presse était conviée, pour une énième fois, à une opération sécurité du quotidien. Le rendez-vous était programmé à 17 heures mais à 16h30 une alerte tombe et mentionne un report en raison de la venue du ministre de l’Intérieur le lendemain. Exit le point presse du préfet programmé à la fin de l’opération… Priorité au ministre.
Responsabilisation
Bruno Retailleau dégaine sa première carte : la sécurité du quotidien. Il mentionne que « les opérations de contrôle massives opérées la veille vont se poursuivre ». Que les consignes en la matière ne descendent plus de Paris mais que « les préfets doivent prendre leurs responsabilités et engager les actions qu’ils souhaitent car ils connaissent mieux le terrain ».
Gros joker
Mais cela c’était pour amuser la galerie. Le ministre de l’Intérieur avait dans sa main une autre carte, d’importance, dont il brûlait de dévoiler le contenu. « Une autre opération dont vous n’avez pas encore été prévenus s’est déroulée ce matin à l’aube. 21 interpellations liées au narcobanditisme ont eu lieu et il ne s’agit pas de bas du spectre mais du haut du spectre. Cela va permettre de mettre fin à un réseau important ». Si le cœur du réseau se situait à Marseille, son organisation avait «des ramifications nationales», selon le ministre de l’Intérieur. Ainsi, 170 enquêteurs ont été mobilisés sur cette opération, nécessitant pour les arrestations l’intervention du Raid, de deux brigades de recherche et d’intervention, ainsi que le concours d’Europol.
Des armes supplémentaires
Bientôt de nouveaux textes vont être votés pour agir plus efficacement contre le narcotrafic. « On va pouvoir dupliquer les actions menées en matière de terrorisme et qui ont fait leurs preuves, s’enorgueillit le ministre. Des armes contre la corruption, le blanchiment vont permettre d’agir. Les préfets vont aussi avoir la possibilité de fermer des commerces et de se substituer aux bailleurs sociaux ou privés afin d’expulser des dealers des logements sociaux alors qu’ils pourrissent leur environnement».
Lycée Averroès : vers un appel
En marge de cette visite Bruno Retailleau a été interrogé sur la décision du tribunal administratif de Lille. Ce dernier vient d’annuler la décision de la préfecture du Nord qui avait mis fin au contrat liant l’État et le lycée Averroès. Sans dénoncer la décision judiciaire, le ministre met en avant « des dysfonctionnements majeurs sur le plan financier. La Chambre régionale des comptes avait dû faire un signalement au procureur. En matière d’enseignement on a aussi constaté des très grands écarts avec les principes de la République. Pour ce qui me concerne cet institut fait partie de la stratégie d’entrisme des frères musulmans, il en est sans doute un des vaisseaux importants. Il faut le combattre. Bien sûr, il faut naturellement que l’État fasse appel. Il faut lutter pied à pied contre l’entrisme islamique en France ».
Reportage Joël BARCY