Tribune de Me Gérard Blanc : Fratelli tutti ?

François était un Pape Latin.  Non pas ce latinisme hérité d’une langue dite morte, celui qui penché sur l’autel parle à voix basse à Dieu en tournant le dos aux hommes. François était un Pape latin comme son Amérique d’origine. Une terre populaire, pauvre, sanguine, une terre d’arrivées et de départs.

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Me Gérard Blanc ©DR

Jorge Mario Bergoglio avait choisi de s’appeler François, en hommage au Saint d’Assise. Au-delà de son nom, il l’avait choisi comme guide pour s’inscrire dans la continuité de sa parole et de son action, d’abord en œuvrant pour les plus pauvres mais également en prônant le dialogue entre religions.

Dans « Laudato Si’ » il nous exhortait à considérer notre maison commune, la Terre, comme la priorité de notre action, estimant que le changement climatique frappe en premier les plus fragiles. Au delà de l’engagement écologique, c’est au dialogue constructif de tous les habitants et dirigeants de la planète qu’il nous encourageait.

Dans «Fratelli Tutti», tous frères, il écrivait dès 2020 « Dans plus d’un pays, une idée d’unité du peuple et de la nation, imprégnée de diverses idéologies, crée de nouvelles formes d’égoïsme et de perte du sens social sous le prétexte d’une prétendue défense des intérêts nationaux. Ceci nous rappelle que « chaque génération doit faire siens les luttes et les acquis des générations passées et les conduire à des sommets plus hauts encore. C’est là le chemin. Le bien, comme l’amour également, la justice et la solidarité ne s’obtiennent pas une fois pour toutes ; il faut les conquérir chaque jour. »

Un message qui résonne aujourd’hui plus fort encore que le glas de Saint-Pierre quand d’autres appellent -«America First » ou « préférence nationale »-  à faire passer en premier ceux qui ont déjà plus que tous les autres. Est-ce alors un hasard qu’il se soit éteint le lendemain de la célébration de la résurrection du Christ… et surtout de sa rencontre avec un dirigeant issu d’un courant politique où la foi est un gadget électoraliste plutôt qu’un mode de vie?

Latin, populaire, ouvert au dialogue interreligieux et culturel, ce n’est pas non plus un hasard si François avait conquis le cœur de Marseille au cours d’une visite où il avait repris et incarné tour à tour chacun de ces messages.

François aura t-il transformé l’Église Catholique en l’inscrivant durablement sur cette voie? La fumée blanche nous le dira d’ici quelques semaines.

Fraternelle, généreuse et populaire. C’est ainsi que Marseille aime se prétendre : l’est-elle vraiment si l’on s’interroge comme François le faisait sur notre maison commune et notre fraternité? Que restera-t-il de la visite du défunt Pape au-delà des photos d’un tifo spectaculaire dans le temple qui rassemble le plus grand nombre de Marseillais de toutes origines et croyances, Boulevard Michelet?

Pour faire vivre cet héritage, il nous appartient de définir, de signer et de faire vivre, entre Marseillais, un nouveau pacte social pour assurer la protection de notre cadre de vie et une cohabitation heureuse et respectueuse avec tous nos voisins, quels qu’ils soient. Fratelli Tutti si nous le décidons. Fratelli tutti seulement si les actes se joignent à la parole.

 

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