Publié le 27 octobre 2019 à 19h47 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h23
Gallienne, Hecq et le troupe…irrésistibles
L’obstacle était de faire incarner tout cela dans une homogénéité de jeu et d’intentions. Aucun souci… la troupe de La Comédie-Française, en escale au Théâtre de La Criée de Marseille est au sommet. Tous les acteurs sont en osmose et tirent le meilleur de leur rôle, notamment Julie Sicard (exceptionnelle Toinette), Elissa Alloula (divine Angélique), et Clément Bresson que nous avons aussi vu dans le film «Petit paysan» qui compose avec une sorte de génie un phénoménal Thomas Diafoirus limite débile, qui vaut à lui seul le détour. Et puis il y Christian Hecq dans les rôles successifs de Monsieur Diafoirus et Monsieur Purgon dont on saluera la présence inouïe, le sens de la mimique et une folie de jeu d’autant plus grandiose que le metteur en scène en fait un personnage inquiétant. Et puis bien sûr Guillaume Gallienne dans le rôle titre qui très éloigné du jeu d’un Michel Bouquet crée un personnage éminemment moderne, intemporel en fait, qui nous agace, nous fait rires aux larmes, et qui demeure irrésistible de bout en bout y compris dans les silences lorsqu’il scrute les autres et le fond des choses. A ce titre quand il se retrouve face aux compliments ampoulés des deux Diafoirus, il est inoubliable là encore. Comme lors de la fête finale où Claude Stratz suivant le texte orchestre une chorégraphie des plus saisissantes. Argan se transformant presque en père Ubu de Brechet, grotesque et virevoltant. A ce titre les paroles qu’il prononce lors de ce qui est une cérémonie d’intronisation dans l’ordre des médecins demeurent d’anthologie et surtout n’a jamais été vraiment monté comme cela. Gallienne récitant du latin de cuisine ponctue de manière festive cette comédie finalement grave. On ressort de là avec la pêche ! «Guillaume, ne te soigne pas… tu es parfait en malade imaginaire de Molière !».
Jean-Rémi BARLAND