Publié le 4 novembre 2019 à 23h23 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h24
«Cette tragédie, dont je porte le deuil malgré les invectives et les injures publiques, m’a marqué comme jamais je ne l’ai été. Elle a aussi touché au plus haut point les Marseillais. C’est donc tous ensemble, demain, que nous nous recueillerons en souvenir des victimes», a déclaré Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, à quelques heures des commémorations du drame de la rue d’Aubagne où ont péri 8 personnes. Occasion pour lui de rendre hommage au travail accompli par le personnel municipal et par les pompiers. Et annonce qu’il ne participera pas aux commémorations sur place- preuve de la rupture entre une partie de la population et la Mairie- mais que «les drapeaux seront mis en berne toute la journée. Une minute de silence sera également observée en présence d’élus du Conseil municipal et de l’ensemble des membres de Marseille Espérance». De même, ajoute-t-il: «Pour que Marseille n’oublie jamais ces malheureuses victimes, une plaque commémorative sera dévoilée et posée, plus tard, sur les lieux du drame». Une crise de la rue d’Aubagne qui, juge le Maire, serait «résorbée». Et de justifier: «Nous avons relogé plus de 90% des personnes, il n’en reste qu’une quinzaine à l’hôtel qui ont refusé toutes les propositions de relogement. Mais nous avons encore beaucoup à faire contre l’habitat indigne». Un habitat indigne qui concerne entre 400 000 et 800 000 logements en France. Jean-Claude Gaudin se saisit donc de ces chiffres et plaide pour que: «l’arbre marseillais ne cache pas la forêt nationale…»
Une nouvelle architecture administrative
Il revient sur les actions entreprises depuis, notamment la charte du relogement votée en conseil municipal qui a été coconstruite et signée le 9 juillet 2019 par l’État, la ville de Marseille, le Collectif du 5 Novembre-Noailles en colère, le Conseil citoyen 1/6, un Centre-Ville pour Tous, l’Association Marseille en Colère, Emmaüs Pointe-Rouge, l’Assemblée des délogés, la Fondation Abbé-Pierre, les Compagnons Bâtisseurs Provence, l’Ampil, Destination Familles et la Ligue des Droits de l’Homme Marseille. Un Maire qui dénonce une nouvelle fois les lenteurs administratives et les recours juridictionnels profitables aux «marchands de sommeil». Évoque la nouvelle direction de la prévention et de la gestion des risques, créée le 1er juillet 2019. Les nouveaux dispositifs réglementaires donnés par le Projet partenarial d’aménagement (PPA) et la Grande opération d’urbanisme (Gou) mis en place par la Métropole et l’État sur le grand centre-ville, auxquels la municipalité apporte son concours. Il avance que de nouvelles délibérations conjointes seront prochainement approuvées par le Conseil municipal et le Conseil de la Métropole. «Métropole, établissement public compétent en matière de lutte contre l’habitat indigne et la mise en place des dispositifs opérationnels nécessaires». Laure-Agnès Caradec d’insister sur l’importance de prises de décisions plus rapides: «Nous avons deux cas, à la Belle-de-Mai et rue de la Butte où nous sommes bloqués par des procès». Concernant les bâtiments insalubres propriétés de la Ville, Laure-Agnès Caradec cite le 23, rue des Accoules: «C’est un immeuble minuscule, avec des pièces de 2m², c’est impossible de le réhabiliter. Nous l’avons mis en sécurité et il faudra l’intégrer à une opération de plus grande envergure». Pour, elle, in fine, dans nombre de cas, la rénovation ne peut concerner des immeubles seuls mais doit s’intégrer dans des opérations plus vastes. Jean-Claude Gaudin conclut son intervention en défendant son bilan : «J’ai supprimé les bidonvilles quand je suis arrivé. J’ai lutté contre l’habitat indigne… Je n’ai pas tout bien fait en 24 ans mais j’ai fait…». Malgré les polémiques, il se félicite : «Non, je ne regrette pas d’avoir refait le Stade, il plait à tout le monde, pas plus que le Palais de la glace et de la glisse ou encore le Silo. Mais vraiment, s’il y a bien quelque chose que je peux assumer c’est le Vélodrome…».
Michel CAIRE