Publié le 21 novembre 2019 à 9h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h26
A l’occasion du 7e Congrès de la Profession des Experts-Comptables à Marseille Lionel Canesi, président du Conseil régional de l’Ordre des Experts-Comptables (Croec) Marseille Provence-Alpes-Côte d’Azur vient de faire le point sur une actualité économique dense. Il a notamment présenté les résultats Eco Experts pour le 2e trimestre qui mettent une nouvelle fois en lumière la croissance de l’économie régionale. Avant de se féliciter de la signature avec Renaud Muselier -parrain de la promotion 2019 des nouveaux experts-comptables- d’un partenariat entre les Experts-Comptables et la Région Sud pour agir en 2020 sur la transmission et la reprise d’entreprise, et la mise en œuvre pour les entrepreneurs des nouvelles règles numériques, formation professionnelle et RSE. Lionel Canesi a également exprimé l’opposition de la profession à la réforme des retraites. «Une réforme qui risque de mettre dans la rue toutes les professions et même les retraités sur des bases parfois radicalement différentes et qui pourrait coûter sa réélection au Président Macron».
«les grands décideurs légifèrent sans consulter ceux qui savent»
Lionel Canesi ne cache pas sa satisfaction devant le succès de ce congrès qui a réuni 1 800 participants. Un congrès qui est celui «de professionnels au cœur de l’économie». «Cette 7e édition est celle de la fierté retrouvée, de la légitimité assumée, de la reconnaissance méritée. Les professionnels du chiffre et du conseil le disent clairement à tous ceux qui composent leur environnement, vous allez entendre parler de nous tout simplement parce que nous le valons bien. Nous allons démontrer notre place centrale dans l’économie…», déclare le président du Croec qui considère qu’à l’extérieur «l’évidence de notre rôle central dans l’économie est loin d’être la chose la mieux partagée. Dans ce pays les grands décideurs ont la fâcheuse habitude de légiférer sans consulter ceux qui savent, ceux qui entreprennent, ceux qui expérimentent, ceux qui se lèvent tôt, ceux qui créent de l’emploi». Un état de fait devant lequel l’Ordre régional ne se résigne pas: «On a sollicité et obtenu quatre fois en un an la possibilité d’être auditionnés par les députés pour défendre nos idées notamment en matière de simplification de la vie économique». Signale encore: «On a porté auprès du Président de la République et dans la presse l’idée indispensable de la création d’un ministère des TPE PME, souvent oubliées, qui sont des entreprises de proximité, créatrices d’emplois non délocalisables et vecteur de lien social…» Un Ordre qui a de plus créé, et c’est une première en France, «Inko, un incubateur accélérateur destiné à détecter les start-up qui développent des solutions qui peuvent améliorer la performance de nos cabinets ou celle des entreprises que nous accompagnons». Lionel Canesi de signifier: «Les experts comptables doivent être fiers d’appartenir à un ordre mais jamais ils ne doivent accepter d’être aux ordres».
«Nous devons tous combattre cette libéralisation qui va détruire les fondements mêmes de notre profession»
Lionel Canesi dénonce également l’article 23 de la Loi Pacte: «Ces articles adoptés grâce au lobbying effréné de certains met fin à la séparation de l’audit et du conseil et va entraîner non seulement la concurrence entre les deux métiers de notre profession mais aussi la cacophonie sur les missions des professionnels. Alors nous devons tous combattre cette libéralisation qui va détruire les fondements mêmes de notre profession et revenir aux bases de notre métier: l’accompagnement, le conseil et les missions contractuelles avec notre casquette d’expert-comptable et les missions de certification légale avec notre casquette de commissaire aux comptes».
La réforme des retraites
Autre motif de colère, la réforme des retraites. Il explique: «Depuis des années nous faisons les fourmis ce qui nous permet d’avoir 1,8 milliard de réserve de sécurité. Et comme le fond est particulièrement bien géré notre régime est nettement plus rentable pour ses cotisants que le régime universel : les cotisations sont moins élevées et les pensions plus importantes. Et notre régime, non seulement, ne coûte rien à l’État mais il reverse des sommes importantes au régime général au nom de la solidarité nationale.» Or, poursuit-il: «Avec cette réforme nous allons payer plus avec moins de retraite. Nous avons fait une étude, aujourd’hui un expert-comptable récupère sur une période de douze ans ce qu’il a versé, il en faudrait trente avec le nouveau système. Ce n’est pas admissible. Nous ne contestons pas le bien-fondé d’une réforme, cela s’impose. Le système actuel a vu le jour en 1945 alors que l’on comptait 4 salariés pour un retraité et que l’espérance de vie était moins longue. Mais cette réforme est injuste. Alors nous proposons un régime unique de 0 à 40 000 euros puis des caisses complémentaires».
«Hausse légèrement supérieure à la moyenne nationale»
Puis Lionel Canesi d’en venir au baromètre pour annoncer: «En Provence-Alpes-Côte d’Azur l’activité des TPE-PME au 2e trimestre 2019 a augmenté à nombre de jours comparable de 2,6% par rapport au 2e trimestre 2018, hausse légèrement supérieure à la moyenne nationale (+2,4%) et cela fait trois ans que nous connaissons une hausse continue». Les entreprises de chacun des six départements enregistrent, comme depuis un an, une hausse des chiffres d’affaires. Celle des Alpes-de-Haute-Provence (+5,4%) et des Hautes-Alpes (+4,1%) « en améliorant leur performance de respectivement 3,2 points et 1,4 points par rapport au précédent trimestre, tirent la croissance régionale». La hausse de l’activité est également portée par le Var (+3,3%) et les Bouches-du-Rhône (+2,8%) «malgré une croissance en perte de vitesse». L’augmentation du chiffre d’affaires se situe au niveau de la moyenne nationale dans le Vaucluse (+2,4%). Les TPE-PME des Alpes-Maritimes ferment le classement avec une croissance de 1,4%. Et, par secteur, c’est celui de la construction qui tire son épingle du jeu avec une croissance de 5,5%, «il porte la hausse de l’activité régionale» avec, dans une moindre mesure, les entreprises du commerce (+2,7%). Il est également à noter que, à l’instar du trimestre précédent, toutes les catégories de taille TPE-PME «enregistrent une hausse d’activité». Les plus grandes PME dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1M€ (+4%) continuent de tirer l’augmentation de l’activité régionale avec un résultat supérieur à la moyenne nationale de la catégorie. Pour les structures de plus petite taille la croissance est de 1,3% pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 250 000 euros et de 1% pour celle réalisant entre 500 et 999 000 euros et seulement de 0,3% pour celles dont l’activité annuelle est comprise entre 250 et 499 000 euros. Sur le front des investissements, «l’embellie du trimestre dernier n’aura pas duré». Les TPE-PME régionales ont réduit les montants investis de 1,3%. «Mais il faut mesurer qu’en matière d’investissement nous sommes dans une logique de cycles. Les entreprises investissent puis attendent un retour sur investissement avant de recommencer à investir», conclut Lionel Canesi.
Michel CAIRE