Publié le 27 novembre 2019 à 11h05 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
La présidence de la Métropole s’est invitée dans le débat électoral des élections municipales de Marseille. Cette question a surgi à l’occasion du conflit opposant les deux candidats à l’investiture LR. L’interrogation est là : le maire de Marseille doit-il devenir président de la Métropole, le président de la Métropole doit-il d’ailleurs forcément être Marseillais … La ville de Marseille va très mal, je ne m’étendrai pas là-dessus. La Métropole AMP va très mal : trois milliards d’encours de dette, une capacité de financement réduite à sa plus simple expression, une baisse de presque 40 % du budget des territoires en 4 ans -ce qui les met lourdement en danger- une augmentation des impôts sans hausse des services correspondants… Tout ceci en sus des défauts originels qui sont les siens : une ville centre qui ne peut aujourd’hui jouer le rôle de moteur, un territoire beaucoup trop vaste (3 148 km²) comprenant 91 communes regroupées selon leurs anciennes intercommunalités en 6 bassins de vie parfaitement autonomes. Le risque est grand que le nouveau maire de Marseille, s’il devait en assumer l’exécutif, la conçoive comme un simple outil, un réservoir financier pour la ville centre et ne soit que très peu concerné par les intérêts de ceux qui habitent hors Marseille, c’est-à-dire, les 3/5e des habitants de la Métropole. Des intérêts communs importants unissent la ville de Marseille et la métropole mais ils sont loin de se superposer et la concentration des pouvoirs ne pourrait que nuire à l’intérêt général. Pour le bien de tous, pour que les problèmes que connaît la ville de Marseille puissent être résolus au mieux en partenariat étroit avec l’État et l’Europe, sans faire tâche d’huile et que le désastre ne s’étende pas à la Provence toute entière, il est indispensable que ces deux fonctions ne puissent se cumuler. La réforme qui doit être menée, cette fois-ci, dans l’écoute et le respect des territoires ne pourra l’être de manière objective et saine que dans le cadre d’un partage des pouvoirs. Le maire de Marseille sera élu sur un programme, le président de la métropole ne pourra évidemment pas se contenter du même. Marseille a plus que jamais besoin d’un maire à plein temps en prise permanente avec le terrain, la métropole d’un exécutif totalement consacré à cet immense territoire, tant à la gestion de l’institution dans l’intérêt général qu’à sa réforme nécessaire et urgente. Cela nécessite deux mandats à plein temps. En ma qualité de Sénateur des Bouches-du-Rhône, profondément investi dans les enjeux de notre territoire, je mesure les risques d’une candidature unique sur ces deux mandats pour la totalité des communes, Marseille comprise. J’écris ici en mon nom personnel. La question de la présidence métropolitaine est advenue à l’occasion des candidatures concurrentes de Bruno Gilles et Martine Vassal. Elle mérite d’être posée avec force et clarté pour tous les candidats à la mairie de Marseille. Ayant été élue sur une liste LR/UDI, je souhaite pour le bien du territoire, de tout le territoire, que Martine et Bruno puissent ensemble se porter candidat chacun sur un mandat plein et entier.
Sophie Joissains est Sénateur des Bouches-du-Rhône – vice-présidente de la Commission des Lois du Sénat