Publié le 3 décembre 2019 à 17h31 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h27
Le Secrétariat social de Marseille vient de publier «la métropole Aix-Marseille-Provence, une construction laborieuse», un travail «universitaire» de 160 pages de Philippe Langevin économiste, maître de conférences, et François de Geuser, statisticien, ex-fonctionnaire européen, qui entend interpeller les élus, les citoyens, sur les enjeux de ce territoire. «Nous travaillions sur le fonctionnement de la métropole et le drame de la rue d’Aubagne est arrivé. Nous avons réfléchi non seulement aux enjeux mais aussi au rôle de la métropole», explique François de Geuser. Alors que Bernard Cheval, président du Secrétariat Social de Marseille interroge: «Et si l’Autre avait autant d’importance que soi dans la métropole? Et si la réalisation du bien commun était l’objectif prioritaire de tous nos conseillers métropolitains?». «Les auteurs, poursuit-il, nous présentent une photographie factuelle de la métropole avec ses forces et ses faiblesses; et ils nous proposent aussi d’engager la métropole vers un destin partagé. Ils nous font en effet des propositions structurantes pour recréer du lien social dans une métropole fracturée, afin que tous ses habitants, ses entreprises, ses associations, ses mouvements participent à la co-construction de la métropole». François de Geuser ne nie pas la pertinence des projets qu’il va parfois jusqu’à qualifier de «spectaculaires»… Mais, ajoute-t-il, immédiatement: «Ils restent à l’état d’intention. On semble savoir où l’on veut aller mais on n’est pas d’accord sur le comment». Sans oublier les questions que posent la métropolisation en elle-même. Et le document de citer Jérôme Fourquet qui, dans « l’archipel français » publié au Seuil en 2019 décrit: «une France morcelée en un archipel composé de multiples îles, sans aucun lien entre elles et semblant même s’éloigner à grande vitesse du fait de la disparition de repères fondateurs comme, par exemple, celui des valeurs religieuses, ou celui du désir de vivre ensemble». Un constat qui, pour François de Geuser, colle à la réalité de la métropole Aix-Marseille-Provence: «Avec des îlots de pauvreté et de richesses qui ne cessent de s’éloigner, y compris géographiquement du fait du manque de transport». Pourtant, insiste-t-il : «Marseille et la métropole sont attractifs, crées des emplois mais ils ne s’adressent pas à la population.» Le rapport de l’OCDE montre en effet que le modèle économique n’est pas inclusif et exclue toute une partie de la population. D’autant plus dommageable pour François Teissier, vice-président du Secrétariat social de Marseille «que la cohésion sociale est une clé du développement économique et, donc, que le travail social est un investissement. Il serait bon que les acteurs de la métropole en prennent conscience». Tel est loin d’être la cas pour Bernard Cheval: «Nous avons travaillé sur la question de la pauvreté et lorsque nous avons voulu en parler avec les élus nous avons eu l’impression qu’ils construisaient un mur, ils sont dans la méconnaissance et le déni. On oublie les plus pauvres, on ne veut pas les voir, mais pour nous chrétiens sociaux, Marseille est un tout et il faut s’occuper de tout le monde». D’autant que les chiffres sont là, on peut ainsi lire: Les habitants de la métropole peuvent-ils être heureux quand 130 000 d’entre eux n’ont pas d’emploi, quand 60 000 d’entre eux vivent dans des logements indignes… Le taux de pauvreté dans la métropole est de 18,5%, un des plus élevés des grandes métropoles françaises. Le revenu médian est quant à lui l’un des plus faibles. Il varie de 11 272 euros dans le 3e arrondissement de Marseille à 35 240 euros à Saint Marc-Jaumegarde. Il déplore d’autre part un manque de récit métropolitain et évoque encore le document en interrogeant: «Et, a-t-on seulement pris la peine de demander aux citoyens sur quel territoire ils désiraient vivre? Avec quelles populations? Dans quelles conditions? Quel avenir ils comptaient tenter de construire? … ». Le document sera remis à l’ensemble des élus métropolitains, départementaux et régionaux, dans l’espoir «de faire tomber un mur». Ils pourront ainsi découvrir les 20 propositions qui se déclinent sous trois axes. Le premier est une invitation à construire un discours mobilisateur «soulignant que la métropole est le résultat d’une évolution historique, d’un dessein commun, non seulement à l’ensemble des 92 communes avec leurs populations si diverses mais aussi avec les deux rives de la Méditerranée». Le deuxième axe vise à inventer l’action à l’échelle métropolitaine. Le 3e axe plaide en faveur d’un modèle de développement inclusif.
Michel CAIRE
Le Secrétariat social de Marseille vient de publier «la métropole Aix-Marseille-Provence, une construction laborieuse» un document de 160 pages de Philippe Langevin et François de Geuser à lire ICI |