Publié le 13 décembre 2019 à 8h49 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h28
Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur vient de présenter les dossiers de la plénière qui se tient ce vendredi matin, 13 décembre, avec notamment au menu le budget 2020. Un document, indique-t-il qui a été construit «autour d’une ligne directrice: stabilité des dépenses de fonctionnement et effort accru en faveur de l’investissement». Puis, il reviendra sur l’aide de la Région aux sinistrés avant d’évoquer la situation électorale à Marseille en pointant un Rassemblement National «complètement organisé quand la Droite est divisée». Il tire à nouveau le signal d’alarme: «Aux municipales de 2008, nous avons gagné, de peu, contre Jean-Noël Guérini avec 41% des voix. Puis, en 2014, Gaudin a gagné avec 37% des voix et aujourd’hui, on crédite une Droite unie de 30% des voix mais, elle n’est pas unie». Et, toujours sur la fuite des voix, il souligne la candidature LREM, celle d’Yvon Berland: «Qui a toujours été des nôtres, qui a toujours réalisé le volet universitaire de nos programmes.» Alors, il plaide toujours pour l’union entre Bruno Gilles et Martine Vassal «sans y croire, en prêchant dans le désert… Mais, après tout, nous sommes dans la période de Noël, un miracle peut toujours arriver».
Renaud Muselier abordera le budget en premier lieu: «Depuis quatre ans, nous avons engagé un redressement des finances de la collectivité qui s’étaient fortement dégradés depuis 2013. En 2016-2017, nous sommes parvenus à retrouver un niveau d’épargne proche de 340M€, contre 272M€ en 2015, et une capacité de désendettement aux alentours de 8 années, contre 9,3 en 2015. En 2018, l’épargne brute a dépassé 400M€, et le taux d’épargne brute s’est nettement amélioré, de 16,9 % à 19,7 %. La capacité de désendettement, quant à elle, a reculé de 8 à 6,6 années. En 2019, nous devrions consolider ces bons résultats, avec un taux d’épargne brute proche de 20 %, une capacité de désendettement inférieure à 7 années et une baisse de la dette pour la première fois de l’histoire de la collectivité». Le Budget 2020 prévoit une quasi-stabilité du taux d’épargne brute, qui passe de 17,4 % à 17,2 %. L’épargne nette, elle, s’améliore, de 206,5M€ à 210,1M€. «Cette amélioration de l’épargne permet de financer une dépense d’investissement de 603,5M€, en hausse de 56M€, sans dégradation significative de la capacité de désendettement, qui passe de 8,2 à 8,3 années», annonce le Président de région. En matière de dépenses et de recettes, «le Budget 2020 est fortement impacté par la réforme de l’apprentissage, qui se traduira en 2020 par la disparition de la ressource régionale de l’apprentissage -près de 123M€ inscrits au BP (Budget prévisionnel NDLR) 2019- et des dotations versées par la Région aux CFA ainsi que par la fin des aides aux employeurs d’apprentis gérées par les régions». Il insiste sur le fait que «chaque année depuis 2016, la structure budgétaire des régions a été modifiée par l’État». Les dépenses réelles de fonctionnement inscrites au BP 2020 s’élèvent à 1,633 milliard d’euros, en baisse de 43,8M€. Les dépenses réelles d’investissement inscrites au BP 2020 s’élèvent à 603,5M€ , en hausse de 56M€ de BP à BP.
Les priorités du budget prévisionnel 2020
Puis d’en venir aux grandes priorités du budget prévisionnel avec, toujours un axe majeur: le Plan Climat régional «Une COP d’avance» qui «demeure la colonne vertébrale de notre action et couvre l’intégralité des compétences régionales (transport, développement économique, emploi, formation, énergie, déchets, eau …)», rappelle Renaud Muselier. L’année 2020 verra la montée en puissance d’actions collectives importantes, comme le plan «Escales Zéro Fumée» ou encore les dispositifs «1 million d’arbres d’ici 2021» et le «Chèque énergie durable» pour les particuliers. Le budget alloué au Plan climat régional passera de 25 à 30% du budget d’intervention de la collectivité, «portant notre engagement sur le plan climat à 1,5 milliard d’euros en trois ans. Plus généralement, la préservation de la biodiversité sera une priorité de l’année 2020, avec la déclinaison des actions du Fonds régional pour la biodiversité, doté de plus de 30M€, et l’accueil à Marseille en juin 2020 du Congrès Mondial de la Nature».
Il en vient à la jeunesse : «Nous lancerons en 2020, près d’une dizaine d’opérations de réhabilitation énergétique et de grosses rénovations dans les lycées, pour un total de 73M€, et engagerons une seconde phase des travaux d’équipement en panneaux photovoltaïques des toitures des établissements. Le projet de Cité scolaire internationale de Marseille sera poursuivi et le projet de lycée du centre Var à Gonfaron entrera en phase d’études et de programmation détaillée tout comme la relocalisation du Lycée Golf-Hôtel à Hyères qui sera amorcée». Concernant l’aménagement du territoire : «nous mobiliserons 120M€ en 2020 pour l’aménagement et le développement des territoires. Ce dernier se fera en cohérence avec nos priorités régionales, et notamment avec le Plan climat. Le Fonds Régional d’Aménagement du Territoire sera doté de 30M€. Plus de 60M€ seront consacrés aux 14 nouveaux Contrats Régionaux d’Équilibre Territorial que nous signerons cette année». Le développement économique est une autre priorité: «nous maintiendrons nos efforts en faveur des filières stratégiques identifiées dans le Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation et des projets structurants présentés dans le cadre des Opérations d’Intérêt Régional. 44M€ seront attribués au développement et à la création des entreprises via le Fonds d’Investissement pour les Entreprises de la Région (FIER). Trois nouveaux outils d’accompagnement seront également mis à la disposition des PME : un chèque «conseil numérique», un chèque «conseil RH» et le programme «Parcours Sud Industrie 4.0 ». Et, au niveau culturel, le président de Région annonce: «Ce sont près de 63M€ qui seront mobilisés. L’année 2020 verra notamment la réalisation des travaux de reconversion de la Villa Méditerranée, pour la réalisation d’un projet scientifique et culturel de portée internationale : le centre d’interprétation archéologique de la grotte Cosquer».
Solidarité régionale en direction des sinistrés
Ces dernières semaines la région a été très durement touchée par les intempéries avec d’importants dégâts matériels et de lourdes pertes humaines. Renaud Muselier indique: «Conscients de la nécessité d’accompagner au mieux les habitants des communes sinistrés et les territoires, nous avons souhaité que la Solidarité régionale s’exprime. Pour cela plusieurs mesures vont être mises en place. Pour les entreprises : «Les petites et moyennes entreprises représentent un poids économique majeur et contribuent fortement à l’aménagement et au maillage économique du territoire. A ce titre, même si les assurances couvrent les dégâts, j’ai souhaité mettre en place une aide exceptionnelle concernant les pertes de chiffre d’affaires comme nous l’avions fait l’an dernier à l’occasion des « gilets jaunes ». Pour les entreprises de moins de 50 salariés et de moins de 5M€ de chiffre d’affaires, l’aide sera comprise entre 500 € et 20 000 €, selon les pertes d’exploitations estimées. Pour ce faire, nous voterons un Fonds régional exceptionnel de solidarité doté de 3M€ en faveur des entreprises. Comme pour le Fonds « gilets jaunes » de l’an dernier, la gestion du Fonds sera confiée à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Région, en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région». Pour les communes : l’État couvrira les dégâts pour les biens communaux «comme il a l’habitude de le faire pour ce type événements». «Toutefois, poursuit Renaud Muselier, au titre de la solidarité régionale, nous voterons un « Frat solidarité inondations » doté de 10M€. Ce dernier nous permettra d’aider les communes déclarées en catastrophe naturelle par l’État avec un taux maximum de financement de 25 % et un montant d’aide pouvant aller jusqu’à 500 000 euros par bénéficiaire. L’objectif de ce fonds d’aide exceptionnelle est de pouvoir accompagner de manière simple et réactive les communes et EPCI reconnues en état de catastrophes naturelles par arrêté interministériel, qui doivent entreprendre des réparations en urgence de leurs infrastructures et réseaux directement endommagés par la catastrophe naturelle et nécessaires au rétablissement des conditions de vie normale, dès lors que ces biens n’étaient pas assurés». Pour les particuliers : seules les assurances et le système de l’État «d’avances sur assurances» peuvent intervenir. Au total, ce sont plus de 13M€ mobilisés en faveur du territoire. Enfin Renaud Muselier avait souhaité qu’une expérimentation de décentralisation soit menée dans la Région en matière culturelle: «Nous versons de l’argent et après on me dit de ne pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Face à la réaction de la Drac (Direction régionale des Affaires culturelles NDLR) je ne veux pas entraîner le ministre de la Culture dans un conflit qui n’est pas le sien, pas plus que l’Association des régions de France dont je suis devenu président. Je retire donc ma proposition mais il faudra bien trouver un moyen d’actions pour nos festivals, pour notre filière cinéma… ».
Michel CAIRE