Comment l’UPE13 entend jouer les arbitres lors des municipales

Publié le 20 décembre 2019 à  7h43 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h29

L’UPE 13 a choisi de poser une main de fer sur la table du débat municipal… sans forcément enfiler le gant de velours. En effet, le Pacte économique qu’elle propose aux candidats au fauteuil de maire ne s’annonce pas comme une sinécure, tout au moins pour les amateurs en matière de gestion : elle entend notamment les challenger, tester leurs connaissances en économie, pointer les bons ou les mauvais élèves. Et leur transmettre ses propositions.

L'UPE 13 a exprimé une volonté et dicté une méthode pour peser dans le débat électoral (Photo Carole Payrau)
L’UPE 13 a exprimé une volonté et dicté une méthode pour peser dans le débat électoral (Photo Carole Payrau)
Philippe Korcia, président par intérim de l'UPE13 (Photo Carole Payrau)
Philippe Korcia, président par intérim de l’UPE13 (Photo Carole Payrau)
Elle a exprimé une volonté et dicté une méthode, ce pour peser dans le débat électoral. Ce sont en effet les jalons posés tout dernièrement par l’UPE 13, à l’aune de ces futures municipales. Car comme ses homologues, «le leader incontesté du monde patronal», selon les termes de son président par intérim Philippe Korcia, entend porter la parole de ceux par qui «le territoire rayonne», à savoir les entrepreneurs. Et plus encore. A travers les lignes, on sent bien une détermination : à défaut de «faire» un maire, «défaire» celui qui semblerait trop léger en termes de connaissances économiques n’est pas exclu. «Nous ne pouvons pas faire gagner un candidat, mais nous pouvons le faire perdre», martèle ainsi Philippe Korcia. Et pour mieux jauger de l’aptitude à la gestion des politiques en lice, le Medef local propose à ces derniers un dispositif ou Pacte économique en quatre volets. Tout commence par l’écoute, celle des entrepreneurs. Pour ce faire, des déjeuners seront organisés en décembre et janvier dans cinq villes, Marseille, Aubagne, Aix-en-Provence, Salon et Arles, afin de lancer le débat entre ces derniers et les candidats aux municipales. Le fruit de ces échanges sera ensuite formalisé, c’est la deuxième phase. Un Livre blanc sur l’entreprise et l’attractivité du territoire sera ainsi remis d’ici deux mois. Simultanément, une plateforme, ou portail d’engagement des candidats, sera mise en ligne. Son nom : le pacte éco 13. «Il ne s’agira pas d’une charte comme habituellement, mais d’un ensemble de 20 à 30 propositions concrètes à leur soumettre et ils feront « leur marché », diront ce qu’ils prennent ou pas et le cas échéant, exprimeront ce qu’ils proposent à la place», précise Philippe Korcia. Très concrètement, les candidats se verront attribuer des identifiants pour ouvrir leur compte et se connecter à ce portail. Une phase d’échange qui se conjuguera aussi avec de possibles rencontres avec ces politiques, c’est le troisième point. «Nous pourrons recevoir ceux qui le souhaitent pour aborder des questions d’attractivité et de développement économique», poursuit le président départemental.

«Bousculer» les candidats

Enfin, interviendra la dernière phase, sans doute la plus délicate et décisive pour les candidats en lice. «Nous allons les challenger, les mettre face à leurs responsabilités. Il s’agit notamment de leur dire ce qu’attendent d’eux les entrepreneurs. Mais nous allons également suivre et médiatiser ce qu’ils font »… ou ne font pas. Cette dernière étape se concrétisera notamment par l’organisation de débats territoriaux retransmis via Facebook Live, avec possibilité pour les auditeurs de voir remonter en direct leurs questions et observations. Les challenger, ce sera aussi tester leur niveau de connaissance en économie sur des sujets précis. «Nous allons les bousculer», assure Philippe Korcia. Les candidats visant la tête de la Métropole le seront doublement. Le 5 mars prochain en effet, un autre grand débat sera organisé à l’UPE 13 avec ces derniers, «pour que la politique métropolitaine fasse partie des choix des électeurs dès le premier tour». L’ensemble de cette démarche visera l’ensemble des candidats, «sauf ceux qui n’ont rien à dire en économie. Je veux parler des extrêmes, qu’ils se situent à droite ou à gauche », assène encore Philippe Korcia. Et pour les autres, donc, il faudra être convaincant. Et flexible… Puisqu’en effet, en termes de timing, les propositions du Livre blanc seront rendues publiques d’ici début février, soit deux bons mois après celles du Livre bleu de la CPME 13, ou encore celles de la démarche Tous Acteurs initiée par la CCI Marseille Provence -à laquelle, pour mémoire, l’UPE 13 a choisi de ne pas adhérer pour «garder son indépendance de pensée et d’action», l’organe consulaire étant par essence «sous la tutelle de la préfecture», appuie Philippe Korcia-. Or, les élections, c’est presque demain : le premier tour aura lieu le 15 mars… Il y a donc fort à parier qu’un mois auparavant, les candidats auront plus que finalisé leur programme. Bien entendu, les points de bon sens et faisant consensus comme ceux liés à la mobilité corrélée à l’emploi, à la dynamisation des centres-villes auront sans doute été pris en compte par les candidats, bien avant février. Mais quid des propositions qui sortiront des sentiers battus et mériteront débat ? Auront-elles le temps d’être discutées et intégrées ? La question mérite d’être posée. Quoiqu’en y allant de son analyse comparative, on comprend bien que la plus-value de la démarche de l’UPE 13, ce n’est pas tant la réalisation d’une feuille de route que d’autres ont par ailleurs aussi élaborée… mais plutôt dans cette façon très ferme de montrer aux futurs élus ce que le monde économique attend d’eux. Ainsi, il ne faut pas être grand clerc pour déduire que les candidats qui n’auront pas eu d’existence professionnelle autre que politique – ou en tout cas ceux ayant une perception lunaire de ce que peuvent être le management ou la gestion – seront de plus en plus soumis à rude épreuve par les patrons lors des campagnes à venir.
Carole PAYRAU

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