Publié le 10 octobre 2013 à 18h42 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h24
Les six candidats aux Primaires citoyennes dans la cité du Roy René ont passé un grand oral ce mercredi 9 octobre sur le plateau de LCM. Si le diagnostic sur les maux qui touchent la deuxième ville du département des Bouches-du-Rhône est unanime, ce sont en revanche des personnalités très diverses qui briguent l’investiture socialiste pour les municipales de mars 2014.
Jacques Agopian, 62 ans, Edouard Baldo, 66 ans, Cyril Di Méo, 38 ans, André Guinde, 74 ans, Jacky Lecuivre, 61 ans, et Gaëlle Lenfant, 42 ans : comme à Marseille, ils sont six à briguer l’investiture socialiste pour les élections municipales de mars 2014 à Aix-en-Provence, la deuxième ville du département des Bouches-du-Rhône. Et comme ils l’avaient fait ce lundi avec les six prétendants à l’Hôtel de Ville de la cité phocéenne, LCM, France Bleu Provence et La Provence leur a fait passer un grand oral, ce mercredi 9 octobre à 19h45 sur le plateau de la chaîne locale marseillaise, à quelques jours du premier tour des Primaires citoyennes ce dimanche 13 octobre. Mais la comparaison s’arrête là. Car si les candidats marseillais avaient pu se toiser et s’adresser, par moments, quelques tacles bien sentis, les candidats aixois sont en revanche passés à tour de rôle devant un grand jury composé de trois journalistes : ils n’ont donc pas eu l’occasion de se croiser sur les plateaux de LCM.
Au final, à l’issue de six entretiens – dont l’ordre de passage avait été arrêté par tirage au sort – qui ont porté, 90 minutes durant, sur la gouvernance d’Aix-en-Provence, le quotidien des Aixois et la fracture urbaine entre le centre-ville et la périphérie, chacun s’est accordé sur le diagnostic : tous affichent leur volonté d’en finir avec « le système Joissains » et identifient les problèmes de logement, qu’il soit social, intermédiaire, d’accession à la propriété ou étudiant, et de transports comme les maux majeurs dont souffrent la cité du Roy René. Si les solutions des uns et des autres peuvent différer selon les dossiers abordés, on a en revanche eu le sentiment que les grandes lignes directrices demeurent les mêmes et que leurs programmes et propositions sont compatibles sur de nombreux points. Si bien qu’au final, c’est sur leur personnalité que les candidats se sont le plus démarqués les uns des autres.
Jacques Agopian, celui qui connaît Aix « dans toute sa complexité »
Premier à se lancer, Jacques Agopian, président du groupe d’opposition socialiste « Agir pour Aix » au conseil municipal, a mis en exergue sa connaissance du terrain. « Je me suis engagé dans la vie publique en 1989, j’étais alors sportif de haut niveau, et j’ai rejoint l’équipe de Jean-François Picheral (NDLR : maire socialiste d’Aix de 1989 à 2001) en ne connaissant rien de ce qu’était finalement ma ville puisque j’habite un quartier périphérique et, comme tous les Aixois, je n’en connaissais qu’une partie. Mes deux mandats de majorité, puis mes deux mandats d’opposition m’ont permis de connaître Aix dans toute sa complexité », explique-t-il. Avant d’enchaîner : « Je crois que je connais Aix, je connais ses forces, je connais ses faiblesses, je connais ses fractures, j’ai aujourd’hui une expérience qui me permet de dire que cette candidature, c’est un aboutissement pour moi. » A l’heure de se projeter au lendemain du deuxième tour des Primaires citoyennes, qui se tiendra le dimanche 20 octobre, il affiche clairement que le rassemblement, il ne l’envisage « pas avec tous, c’est clair », en référence aux cinq autres candidats en lice. « Je pense que je ne pourrai pas m’entendre avec tout le monde », explique-t-il, tout en refusant de citer des noms car ce n’est « pas le moment de rajouter la division ». « J’espère sortir de cette primaire avec un écart de voix suffisant qui me permette une forme d’indépendance. Je veux être un homme libre pour composer une équipe de gens compétents qui soient proches de moi en termes de vision de ce qu’il faut pour la ville. Et je ne ferai qu’un seul mandat en préparant l’avenir pour l’un des membres de cette équipe », conclut-il en rappelant qu’il a 62 ans.
« L’expérience » d’André Guinde
L’atout maître d’André Guinde, vice-président du conseil général et conseiller municipal d’opposition à Aix, c’est à ses yeux son expérience, « c’est en tout cas ce je mets en avant », précise-t-il. « Je pense que je suis un bon candidat parce que j’ai accumulé durant ces 24 dernières années où j’ai été élu à la fois à la mairie d’Aix et au conseil général, et dans différentes délégations de responsabilités. On n’a jamais fait le tour de tout mais j’ai eu l’occasion de porter de très beaux dossiers, de gros dossiers, dans leur diversité et dans leur complexité. Je connais bien l’appareil municipal, je connais bien la communauté d’agglomération du Pays d’Aix, j’ai travaillé avec les 43 maires de la communauté du Pays d’Aix, et j’ai eu des rapports, dans la cadre de mes responsabilités au conseil général, avec les services de l’État », énumère-t-il. Cette candidature, elle est issue d’une mûre réflexion. « Cette expérience que j’ai acquise, j’ai envie d’en faire profiter une équipe qui va prendre la suite dans les responsabilités à la ville d’Aix », indique-t-il. Et s’il a quasiment le même âge que la maire sortante Maryse Joissains (UMP), cela ne l’empêche d’incarner à ses yeux un renouveau. « Je n’ai pas la même approche sur un certain nombre de dossiers, ne serait-ce qu’en terme de rapports avec les Aixois, ou de rapports entre les quartiers et le centre-ville », insiste-t-il. Enfin, il s’engage s’il est élu à être un maire à temps plein. « Aujourd’hui, en tant que conseiller général, j’ai déjà du mal à assumer la totalité de mes responsabilités. Vous pensez bien que si je suis maire d’Aix, je ne vais pas cumuler avec autre chose. 2015 est le terme de mon échéance : je ne la renouvellerai pas si j’ai la chance d’être maire d’Aix », annonce-t-il.
Gaëlle Lenfant, « la transparence » pour credo
Sa capacité à rassembler : c’est ce que met en avant la vice-présidente du conseil régional Gaëlle Lenfant, la seule candidate en lice dans les Primaires citoyennes à Aix. « Je suis candidate parce que j’ai beaucoup réfléchi à cette élection et que je souhaite que la ville d’Aix soit remportée par la Gauche en 2014. Je pense être celle qui peut le mieux rassembler et je crois que je colle à l’image de cette ville. Donc j’ai pensé que je pouvais être la future maire d’Aix-en-Provence », explique-t-elle. A l’instar d’un Patrick Mennucci dans la cité phocéenne, la conseillère régionale a fait de « la transparence » et de « l’éthique », deux notions qui à ses yeux vont de pair avec « la démocratie de proximité ». Elle rappelle d’ailleurs que ces notions constituent le sens de son engagement en politique. « J’ai pris ma carte au parti socialiste à un moment particulier, au lendemain du 21 avril 2002, parce que je voyais un fossé se creuser entre les politiques et les citoyens. Cela m’a toujours étonnée car les élus sont d’abord des citoyens. Aujourd’hui, le fossé s’est encore creusé, et je pense qu’il est absolument nécessaire de le combler. Donc c’est une philosophie, c’est ça mon engagement », étaye-t-elle. Une transparence qu’elle compte décliner à tous les domaines, des modes d’attribution des logements ou des places en crèche, jusqu’à l’avancement du personnel municipal, en s’appuyant notamment sur Internet car « quand les règles sont connues de tous, elles sont plus facilement respectables ». Celle qui veut que ses adjoints ne consacrent pas plus de 50% de leur temps à leur activité professionnelle, s’engage pour sa part, si elle est élue, à démissionner de son poste de vice-présidente de la Région, tout en indiquant qu’elle souhaite demeurer conseillère régionale.
Édouard Baldo, le « Georges Frèche » aixois
A l’instar d’Eugène Caselli dans les Primaires citoyennes marseillaises, l’avocat Édouard Baldo, adjoint populaire à la Culture du temps de Félix Ciccolini (NDLR : maire d’Aix de 1967 à 1978), n’hésite pas à mettre en avant sa différence. « Les Aixoises et les Aixois vont devoir, dimanche prochain, choisir en dehors des systèmes habituels des partis et en dehors des convenances, allais-je dire, politiques que l’on a connues dans le passé. Moi, je suis sorti de ces choses-là. Je ne suis pas un coureur de mandats électifs. J’ai proposé à la ville d’Aix une vision de ce que je pense devoir être son futur et son futur proche. Et puis j’ai mis en tête de mes objectifs et de mes impératifs la notion d’éthique dans la gestion de la ville d’Aix », explique-t-il. Une notion qui doit tout d’abord permettre de « ne pas confondre les intérêts personnels et l’intérêt collectif », là où « les professionnels de la politique que nous avons connus dans notre ville ont confondu un peu tout ». Cette éthique doit également permettre d’instaurer « la transparence complète de l’action publique » dans le dialogue avec les citoyens. Se défendant d’être un homme défendant une vision romantique du passé, il emprunte son credo à Georges Frèche, qui fut son ami, en voulant renouer avec une « dynamique de ville ». « La ville d’Aix a vécu depuis 40 ans une vie de rente et elle est actuellement à bout de souffle. Il est donc grand temps de redynamiser l’ensemble de la commune. La notion de dynamique de ville porte à la fois sur l’urbanisme, l’économie, le social, la vie associative et sur la culture. Quand Georges Frèche a pris la ville de Montpellier, c’était un peu une belle enveloppe vide et il en a fait ce que l’on sait », résume-t-il.
Cyril Di Méo, le candidat « 100% anti-Joissains »
Professeur de Sciences économiques et sociales au lycée militaire d’Aix-en-Provence, Cyril Di Méo est à 38 ans le benjamin des candidats. Celui qui était présent sur la liste de Jean-François Picheral en 2001 et sur celle de François-Xavier de Peretti (Modem) en 2008, estime que sa candidature est légitime. « J’ai été un opposant constant à Maryse Joissains. Je pense être celui qui incarne le mieux la nécessité de faire sauter d’un système extrêmement néfaste pour les Aixois et Aix-en-Provence », résume-t-il. Se définissant ainsi comme le candidat « 100% anti-Joissains, contre le clientélisme local » dans les accents qui rappellent là encore ceux employés par Patrick Mennucci à Marseille, l’enseignant veut « faire le ménage ». Et son « premier coup de balai », il le réserve à l’office d’HLM, une structure « qui dysfonctionne » après avoir connu 7 directeurs en 12 ans. Quant aux services municipaux, il veut y réintroduire « une culture de la méritocratie ». Pour devenir le prochain maire d’Aix, il met aussi en exergue sa capacité à rassembler. La primaire est d’ailleurs à ses yeux le meilleur outil pour y parvenir. « Je préconise la primaire depuis 2006 parce que j’ai vu venir la division de 2008, parce que j’ai vu venir les comportements très compliqués de 2009 qui nous ont fait perdre. Constatant le chaos à gauche, j’ai estimé qu’il fallait un large rassemblement avec des gens du Modem, du centre et des gens de gauche », rappelle-t-il sans rien renier de son engagement passé aux côtés de François-Xavier de Peretti. Il plaide d’ailleurs toujours aujourd’hui pour une « ouverture large » qui prendrait la forme d’une « coalition » allant « de la gauche aux écologistes et au centre » avec « la gauche comme colonne vertébrale ».
Jacky Lecuivre, le « patron de gauche »
A l’instar d’Edouard Baldo, la différence est aussi le maître-mot de la candidature de Jacky Lecuivre. « J’ai commencé ma carrière professionnelle en passant 15 ans et 18 000 heures de plongée dans les sous-marins nucléaires, puis j’ai fait une carrière dans l’entreprise au sein du groupe Psion dont je suis devenu le PDG monde », rappelle celui qui est Aixois depuis 30 ans. C’est alors que survient un nouveau tournant en 2008. « Lorsque les actionnaires m’ont demandé de licencier 20% des effectifs de ce groupe, j’ai démissionné », se souvient-il. « Reparti de 0 », il crée alors une nouvelle entreprise sur La Duranne, si bien qu’il se félicite d’avoir créé « en un peu moins de 20 ans, 260 emplois sur la ville d’Aix ». Militant socialiste depuis 1980, celui qui passe pour être « un patron de gauche », se définit comme « un homme de convictions, de valeurs », aujourd’hui « consterné par la gestion Joissains ». « Je veux impulser la transition économique, la transition écologique et la transition sociale sur cette ville », résume-t-il. Pour y parvenir, celui qui n’a jamais été élu estime que son expérience de chef d’entreprise constitue son meilleur atout. « Je vais avoir dans les mains une voiture que je n’ai jamais conduite. Sauf que j’ai conduit d’autres voitures et, en particulier, j’ai été chef d’entreprise. Je ne compte pas gérer la ville comme une entreprise. Mais à mon avis, les qualités d’un chef d’entreprise qui réussit et les qualités d’un maire qui réussit ne sont pas très différentes », considère-t-il. Et de s’imaginer ainsi d’ores et déjà comme un maire « capitaine d’équipe, un fédérateur, celui qui va trouver les talents, qui va les fédérer et les faire travailler », qui saura déléguer tout en étant « à l’écoute permanente ».
C’est désormais aux Aixois de trancher les dimanches 13 et 20 octobre.
Serge PAYRAU