Publié le 4 février 2020 à 9h18 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Caroline Pozmentier, adjointe LR, en charge de la sécurité, deux mandats durant, vient de rejoindre le candidat soutenu par La République en Marche Yvon Berland. Elle revient sur les raisons qui ont motivé cette décision. Entretien.
Vous êtes en rupture avec la majorité sortante. Pour quelles raisons ?
Depuis les élections régionales, auxquelles j’ai participé en 2015, j’ai pu mesurer à quel point il y avait déjà une volonté de «renverser la table» de la part de nos électeurs. Puis, j’ai touché du doigt combien nos concitoyens n’avaient plus confiance dans les politiques publiques, n’avaient plus confiance dans leurs élus. En 2017, une faille s’est créée. Elle n’a fait que s’élargir. Une opportunité s’est présentée mais, j’avais des interrogations. Il faut bien mesurer que l’on ne fait pas de politique en solitaire. Il me fallait partager, réfléchir. Il me fallait aussi une perspective pour sauter le pas car ne croyez-pas que ce soit simple de tourner le dos à ses habitudes pour continuer à porter ses idées. C’est un choix de femme libre. J’ai entretenu avec le maire de Marseille des relations de travail. J’ai eu la chance d’observer un homme politique qui a fait et défait des carrières. Un grand stratège avec lequel j’ai agi sur les questions de sécurité et de prévention de la délinquance. Aujourd’hui, il s’en va et on ne peut pas faire du Gaudin sans Gaudin. Quelle erreur de la part de ceux qui s’accrochent à cela. D’autant que la dernière période a été lourde, tragique. Il m’était impossible de m’inscrire dans une logique d’héritage même si des choses ont été réalisées.
Rupture certes mais pourquoi rejoindre l’équipe LREM conduite par Yvon Berland?
Je me suis sérieusement posée la question, de longs mois durant, d’arrêter la politique. Je mesurais bien ce qui n’allait pas, que les rapports avaient changé, que nous devions faire de la place aux hommes et aux femmes d’horizons divers qui souhaitent contribuer à la vie politique, -je tiens à dire à ce propos que le statut de l’élu est un enjeu de démocratie et d’avenir-. Je suis en politique pour travailler des dossiers. Et j’ai décidé de m’inscrire dans une nouvelle dynamique pour cette ville que j’aime. J’ai entendu les propos d’Emmanuel Macron sur Marseille et je trouve important d’agir pour que ces propos se traduisent en actes politiques forts. Je suis persuadée que Marseille, pour peu que l’on s’en donne la peine, est une chance pour la France, l’Europe et la Méditerranée. J’ai perçu la sincérité mais aussi la force de conviction d’Yvon Berland. Avec lui, avec son équipe, nous pouvons être rigoureux, crédibles, porteurs de projets pour obtenir des aides de l’État et de l’Europe. Marseille, l’euroméditerranéenne mérite un avenir digne de son rang, de sa position géographique, de ses populations. J’ai donc rejoint une nouvelle équipe avec des ambitions fortes pour cette ville, pour ce territoire. Et c’est en tant que citoyenne que je m’engage afin que ces ambitions deviennent réalité. Nous ne sommes pas là pour promettre la lune, nous avons l’ambition de rationaliser les politiques publiques, les rendre efficaces, porteuses de résultats à cours, moyen et long terme. Les Marseillais ont le sentiment qu’ils ont trop attendu, trop attendu d’être écoutés et respectés. La responsabilité des élus est de faire au-delà des clivages politiques et cette offre est indispensable au moment où une page se tourne dans notre ville.
Vous n’échapperez à la question de l’héritage… Pourquoi ne pas être partie avant?
Pour une raison très simple, une telle offre politique n’existait pas encore. Vous me parlez d’héritage, je l’ai déjà dit, il serait faux de dire que tout a été raté. Marseille a profondément changé. Et, en ce qui concerne le mien, il est transmissible. Il est le fruit d’un travail d’équipe et une base pour aller plus loin. J’ai œuvré- pendant mes deux mandats- pour rendre aux agents de la ville qui exercent dans le champ de la sécurité et de la prévention de la délinquance la reconnaissance de leur mission auprès des Marseillais mais aussi auprès des partenaires. Organiser la police municipale la renforcer mais aussi lui donner des moyens adaptés pour lutter contre l’incivisme, les infractions du quotidien. Pour autant, le fil rouge, que je n’ai jamais perdu de vue, est bien que rien n’est plus «insécure» que le tout sécuritaire. La ville protectrice est la ville qui est en capacité de donner un avenir économique, social et culturel à partager pour tous ceux qui y vivent y grandissent. Et je me dois d’autre part d’ajouter que j’assume aussi avec fierté le travail que nous accomplissons à la Région sous la présidence d’abord de Christian Estrosi puis, de Renaud Muselier. Maintenant les urgences sont là. La politique politicienne ennuie les Marseillais qui s’intéressent à la vie de leur cité. Ils demandent des actes.
Propos recueillis par Michel CAIRE