Publié le 13 octobre 2013 à 16h46 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h24
Dans un secteur de Marseille où la gauche n’a pas la réputation d’être très bien implantée, les électeurs étaient au rendez-vous ce dimanche matin dès les premières heures du scrutin à la Maison des Sports – place Bonnefon dans le 8e arrondissement. Sur les 55 bureaux de vote disséminés sur l’ensemble de la cité phocéenne à l’occasion de ce premier tour des Primaires Citoyennes, 5 avaient pris place au cœur du quartier de Bonneveine, regroupant chacun une dizaine de bureaux de vote habituels. Et pour ceux qui avaient fait le déplacement, il fallait, aux alentours de 11h, patienter plusieurs minutes pour obtenir le droit de glisser son bulletin dans l’urne.
« Il y avait une forte participation à 10h qui a l’air d’augmenter puisqu’elle semble avoir doublé dans la deuxième heure, se réjouit Annie Levy-Mozziconacci, secrétaire de la section du Parti socialiste du 8e arrondissement. Cela pourrait surprendre mais c’est vrai que si on fait référence aux Primaires pour la Présidentielle de 2012, nous avions eu la même surprise dans le 8e. Dans ces quartiers, il y a beaucoup de sympathisants de gauche. » André, délégué du candidat Christophe Masse affecté à ces bureaux, estime même que l’effet dépasse celui observé lors des Primaires pour la Présidentielle. « Je suis très surpris par la participation. Je suis dans quatre lieux depuis ce matin et je suis surpris par les gens qui attendent. A La Bégude dans le 13e arrondissement, il y avait plus d’une heure d’attente. Et là, pareil, il y a une participation assez importante. On ne s’y attendait pas : on avait tellement dit que ces Primaires ne passionnaient pas les Marseillais », glisse celui qui est militant socialiste depuis très longtemps. Et de départir au passage d’une petite note d’humour : « On voit que quand les Marseillais s’en occupent, c’est mieux organisé que par les Parisiens », ironise-t-il.
« Il n’y a pas vraiment de leader qui se dégage »
Dès l’entrée de la Maison des Sports, on demande à chaque électeur potentiel s’il est bien inscrit sur les listes électorales dans le 8e arrondissement, et si tel est le cas, quel est le numéro de bureau dans lequel il vote habituellement. A partir de là, il est irrigué vers l’une des cinq files d’attente où il devra patienter avant que son tour soit venu. Une fois récupéré les bulletins des six candidats en lice, une halte sera obligatoirement observée dans l’isoloir avant de pouvoir enfin glisser le précieux sésame dans l’urne.
Pour Danielle, qui réside sur le Prado, il n’était pas question de manquer ce rendez-vous démocratique. Cette sympathisante de gauche, « ex-encartée » au PS, avait déjà pris part aux Primaires Citoyennes organisées à l’occasion de la dernière Présidentielle. Elle adhère à ce mode de désignation du candidat qui portera les couleurs socialistes lors des prochaines municipales en mars 2014. « Dans la mesure où il y a autant de candidats, c’est obligé », considère-t-elle. Un scrutin qui, selon elle, ne s’est accompagné d’aucune fausse note. Ayant déjà voté lors des Primaires pour la Présidentielle, elle était « bien informée » et savait à quel endroit se présenter en ce dimanche matin, mais s’avoue cependant agréablement surprise par la participation. Elle ne peut en revanche s’empêcher d’indiquer que les candidats l’ont un peu laissée sur sa faim au cours de cette campagne. « Je crois qu’ils disent malheureusement un peu tous la même chose. Il n’y a pas vraiment de leader qui se dégage », déplore-t-elle.
Suzanne, qui réside aux Goudes, a pour sa part eu plus de mal à trouver quel était le lieu où elle devait voter. « Il a fallu que je cherche sur Internet et c’est finalement sur le journal qu’elle a trouvé », explique celle qui indique n’être « pas particulièrement » sympathisante de gauche.
Samia Ghali : « ça vote encore plus » dans les quartiers Nord
Des difficultés pratiques qui ne l’empêchent pas de plébisciter ce mode de désignation de celui appelé à porter les couleurs socialistes aux prochaines municipales. « C’est plus explicite, moins confus », estime-t-elle. Mais elle aussi ne peut cacher sa déception sur la teneur des débats. « Honnêtement, c’est toujours pareil. Chacun défend son parti, promet tout, mais dans mon quartier des Goudes, rien ne se fait, rien ! Nous n’avons pas de cantonniers, nous avons des containers dans tous les coins : c’est la débâcle ! », dénonce-t-elle. Avant de conclure : « Il faudrait prendre le quartier en main. Tout le monde le promet, mais personne ne le fait. »
Un désarroi que ne partage pas Denis qui réside à la Vieille Chapelle. Militant socialiste depuis 40 ans, il a apprécié la qualité des débats de la campagne et souscrit lui aussi à la tenue de ces Primaires Citoyennes. « Chacun présente ses idées et on peut ainsi déterminer qui peut être le meilleur maire », souligne celui qui n’a également rencontré « aucun souci » sur le plan pratique.
Aux environs de 11h10, c’est Samia Ghali qui effectuait une visite à la Maison des Sports de Bonnefon pour jauger la température ambiante. La candidate n’était pas surprise le moins du monde par l’ampleur de la participation dans ces quartiers au Sud de la ville. « La dernière fois, on a eu beaucoup de participation dans ce secteur pour les Primaires Présidentielles. Donc que la participation soit au rendez-vous, cela ne me surprend pas. C’est la preuve que les Marseillais se passionnent pour ce débat puisqu’ils se sont déplacés pour aller voter », relève-t-elle. Tout en se refusant à tenter d’analyser à qui allait profiter cette participation massive – « Je ne suis pas dans la tête des gens » – la sénatrice ne pouvait que souligner qu’elle avait pu observer le phénomène dans tous les bureaux où elle était passée que ce soit « dans le 7e » ou « dans le 6e ». Mais pour la maire des 15e et 16e arrondissements, la palme revenait sans conteste aux quartiers Nord. « Ça n’a rien à voir, ça vote encore plus », insiste-t-elle.
Serge PAYRAU