Publié le 12 février 2020 à 21h22 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h47
Delphine Batho, présidente de Génération Écologie et ex-ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, était à Marseille pour soutenir Sébastien Barles, le candidat EELV à la mairie de Marseille dont «la liste rassemble des personnes extrêmement compétentes et avec une vraie vision de l’avenir de Marseille», a-t-elle déclaré.Toujours dans ce cadre, elle a notamment évoqué les effets de la pollution sur la santé, le fameux dossier du site Legré-Mante, le rapport gouvernemental qui envisage de rendre payant l’accès aux parcs nationaux, la baisse du budget du ministère de l’Écologie… Entretien.
Destimed: Delphine Batho vous venez à Marseille soutenir la liste écologiste et citoyenne « Debout Marseille » portée par Sébastien Barles. Quel regard portez-vous sur la campagne ? Delphine Batho: Je trouve d’abord que cette liste rassemble des personnes extrêmement compétentes autour de Sébastien Barles et avec une vraie vision de l’avenir de Marseille. Du sursaut dont cette ville a besoin pas simplement pour mettre fin à vingt-cinq ans de Jean-Claude Gaudin mais pour se projeter vers l’avenir avec un vrai projet améliorant la qualité de vie de tous les habitants par l’écologie. Il s’agit de régler les problèmes de transport, de logement, de maintien de la végétation dans la ville. Et nous sommes dans un moment un petit peu particulier parce que, et c’est assez nouveau, l’écologie est au centre de la campagne. Tous les candidats se disent écologistes et j’allais dire tant mieux. Sauf que les autres listes n’ont pas la cohérence d’un projet écologiste ce que j’appelle écologie intégrale et il y a beaucoup de «green washing». C’est à dire que chez les autres candidats, c’est comme un peu ces marques qui mettent «machin bio» pour faire croire que c’est bio. Sauf que l’écologie c’est une cohérence globale. Et c’est ce que tente la liste « Debout Marseille » de Sébastien Barles. Aujourd’hui je suis venue pour des problèmes très concrets. En premier l’existence d’un rapport gouvernemental qui envisage de rendre payant l’accès aux parcs nationaux et donc de rendre payant l’accès au Parc National des Calanques. C’est une aberration totale. Certes, pour l’instant il ne s’agit que d’un rapport les décisions ne sont pas prises mais il existe des raisons d’être inquiets. On assiste également à une baisse du budget du ministère de l’Écologie donc à une baisse des moyens des parcs nationaux. C’est vraiment la première chose qui m’a frappée ce matin. J’ai également eu des échanges avec les habitants qui sont victimes de problèmes de pollution avec nombre de cas d’enfants asthmatiques. Ce qui à mes yeux devrait provoquer des enquêtes de santé publique. Parce que l’on ne sait pas s’il y a un lien de causalité entre les problèmes environnementaux et les maladies? C’est ce qui est dit. C’est vrai que scientifiquement on peut toujours sempiternellement poser la question du lien de causalité mais concrètement quand il y a une pollution, il y a un impact sanitaire. Donc la pollution de l’air à Marseille, les sites industriels abandonnés pollués qui n’ont pas été dépollués, tout cela pose des problèmes de santé publique qui sont graves et qui sont cachés Vous parlez de Legré Mante ? Exactement du site Legré Mante. Annie Levy-Mozziconacci se bagarre à juste titre sur cette question depuis des années. C’est invraisemblable en fait que ce site n’ait pas été dépollué, qu’il y a une école juste à côté. Quels sont les habitants dont on a installé les habitations à côté des sites industriels? Les plus modestes, on organise ainsi le caractère invisible d’une inégalité fondamentale dans le droit d’être en bonne santé. La troisième chose que j’ai faite c’est de rencontrer les habitants du comité de quartier dans le secteur où Jean-Marc Signes (11/12 NDLR) est tête de liste écologiste. Il a été question de la prévention des incendies. Nous sommes dans un contexte de changement climatique qui s’accélère et donc le risque incendie n’est vraiment pas quelque chose que l’on puisse prendre à la légère à Marseille. Et on a l’impression que la plan adopté par la préfecture l’a été un peu à la va-vite et surtout en se privant de la participation des habitants. Ce qui montre donc le lien qu’il y a entre l’écologie et les nouvelles pratiques démocratiques. Si on veut vraiment agir et prévenir le risque incendie à Marseille on doit le faire avec les habitants rue par rue, quartier par quartier, et faire en sorte que la légitimité des mesures qui sont prises soit bien installée, qu’elle repose sur une expertise scientifique et qu’il y ait un renforcement des pompiers. C’est pour cela que cette liste Debout Marseille s’appelle écologiste et citoyenne ? Oui complètement parce qu’on est au bout d’un système. Marseille est une ville magnifique, une ville exceptionnelle qui est profondément mal gérée, qui dysfonctionne à tous points de vue: des immeubles qui s’écroulent entraînant la mort d’habitants, des comptes de la ville qui sont régulièrement dénoncés par la Chambre Régionale des Comptes et aucune projection vers l’avenir. Ce qui saute aux yeux quand on n’est pas Marseillais et qu’on vient comme moi régulièrement à Marseille c’est le problème des transports. Il est anormal qu’il n’y ait pas un réseau de transport davantage développé.Entretien avec Delphine Batho delphine_batho_07_02_2020.mp3 |
Les têtes de liste présentées par Debout Marseille : -1/7 : Sébastien Barles et Annie Levy-Mozziconacci -2/3 : Nouriati Djambae et Michel Dossetto -4/5 : Fabien Perez et Prune Helfter Noah -6/8 : Christine Juste et Christian Montferini -9/10 : Hervé Menchon et Katia Yakoubi -11/12 : Jean-Marc Signes et Marie-Anne Le Meur -15/16 : Lydia Frentzel et Rachid Mokrane |